Logo

Récit de mon tout premier ultramarathon 

C’est dur de croire qu'il y a à peine deux ans, je commençais la course. 

Par
Clara Têtu
Publicité

Je l’avoue, c’est suite à un coup de tête que j’ai décidé de m’inscrire au Québec Mega Trail . Aussi, j’avais soif de relever un nouveau défi, loin de mon plan d’entraînement traditionnel.

J’ai donc jeté mon dévolu sur cette épreuve puisque c’est une des épreuves phares de course en sentier au Canada, réputée pour son exigence technique et ses magnifiques paysages (on est dans Beaupré). Il s’agissait de ma première participation à une course de trail officielle, et la première fois que je complétais un ultramarathon.

En tout, on parle de 50 kilomètres, d’un dénivelé positif de 2 300 mètres, un dénivelé négatif de 2 445 mètres, d’un temps moyen estimé à 8h30 et d’une limite de temps de 12 heures.

Voici ce que cette épreuve m’a appris sur le sport, les autres et moi-même.

La veille – Vendredi PM

Mon amie Alexe et moi passons la journée au Café Apollo, un café lumineux situé à Sainte-Anne-de-Beaupré.

Publicité

À une table voisine, deux gars comparent leur stratégie de ravitaillement. Plus loin, un autre gars parle avec la serveuse de sa préparation pour le QMT 135, une épreuve qui débute le soir même. Près de nous, des filles prévoient d’encourager leurs amis le lendemain. Tout le monde semble à moitié zen, à moitié au bord de la panique. De mon côté, j’essaie de me convaincre qu’un flat white, deux biscuits et un sandwich sur pain ciabatta, ça fait partie de ma préparation.

Plus tard, on se dirige vers le site du QMT pour recueillir nos dossards et visiter les tentes des compagnies collaborant avec l’évènement. L’ambiance qui règne dans le village est dynamique ; c’est beau de voir autant de monde au pied de la montagne.

Publicité

Jour J – Samedi AM

Dès mon arrivée au Mont-Sainte-Anne, je reconnais quelques visages. On échange des sourires, des tapes dans le dos, de très longs câlins, des mots d’encouragement. Au Québec, la communauté de la course en sentier est tissée serrée.

La première vague de départ est lancée et je commence à angoisser. J’espère que j’ai assez carb load. J’espère que mon corps va tenir jusqu’au bout.

Publicité

Puis, c’est à mon tour. Mon cœur bat déjà trop vite, mais j’avance malgré tout. Confiante. Contente.

Au début de la course, je me sens bien aux côtés de mon amie Carole. On tente de maintenir un bon pace pour prendre le sentier Mestachibo avant que la trail n’engorge les coureurs.

Au kilomètre 8, mon pied reste coincé entre deux roches. J’ai besoin d’aide. Un coureur me tend la main pour m’aider à dégager mon soulier.

Je le remercie.

-C’est la base, réplique-t-il.

Je repars.

Au kilomètre 17, je croise une amie et sa mère. Elles sont venues m’encourager et font partie des raisons pour lesquelles je cours aujourd’hui.

Au kilomètre 20, j’arrive au deuxième point de ravitaillement. Je comprends enfin ce que veulent dire les coureurs quand ils parlent du Coke et des chips sel et vinaigre. C’est vrai que c’est bon!

Au kilomètre 28, une physiothérapeute me prend en charge — on porte le même prénom. Il n’en fallait pas plus pour m’émouvoir. À ce point du parcours, j’étais à deux larmes près de fondre devant les melons d’eau tranchés au ravito.

Publicité

Au kilomètre 41, lorsque j’arrive au dernier point de ravitaillement, je suis à un cheveu de lâcher, de DNF (did not finish). J’ai mal au genou gauche, au cœur et mon niveau d’énergie est très faible. Dès que j’arrive à la tente, les sourires des bénévoles et des autres coureurs me donnent toute l’énergie dont j’ai besoin pour continuer mon chemin et finir la course.

C’est là que je comprends qu’un événement du genre, ce n’est pas « juste une course ». C’est un pacte d’échange et d’entraide : entre inconnus exténués, on se tient.

Au kilomètre 45, j’enregistre cette vidéo. Je suis (un peu) au bout de ma vie, mais j’achève.

Au kilomètre 50, c’est fini (enfin!). Ma famille et mes amis m’attendent à la ligne d’arrivée. Ils se moquent tous un peu de moi et de mon air fatigué. Je suis épuisée, mais contente. On me propose une bière que j’accepte avec enthousiasme

Ça y est, j’ai complété mon premier ultramarathon en trail et ça m’a pris 8 heures 30.

Publicité

Y croire

Ça me fait drôle d’écrire ces lignes. Pendant longtemps, jamais je ne me serais qualifiée de « sportive ». Les cours d’éducation physique, c’était ma hantise. Je ne m’y sentais pas du tout à ma place.

Tout ça a finalement changé quand j’ai découvert la course, il y a deux ans.

La course m’a offert quelque chose de précieux : une preuve tangible de ce dont je suis capable. Ici, je ne parle pas juste de compléter un ultramarathon, mais bien de traverser des choses difficiles.

Photos par Ced Kostka
Photos par Ced Kostka
Publicité

(Là, c’est l’ergothérapeute en moi qui parle), mais je trouve que souvent, nous croyons à tort que des portes nous sont fermées, sans même prendre la peine de vérifier si elles sont vraiment verrouillées… ou si c’est juste nous qui refusons d’en tourner la poignée.

Pour moi, c’était ça, m’inscrire à un marathon : une porte que je croyais verrouillée. Finalement, il faut croire que celle-ci était entrouverte.

En manque d’inspiration? Abonnez-vous à notre chaîne YouTube et suivez-nous sur Instagram et TikTok pour ne manquer aucun guide et recommandation d’activités.

Tous les mois, Dehors vous envoie une infolettre avec des idées d’activités et des secrets bien gardés de l’équipe éditoriale. Abonnez-vous ici pour rester dans la loop.

Commentaires
Aucun commentaire pour le moment.
Soyez le premier à commenter!