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Raymond Dollar, 78 ans, est l’illustre fondateur du marché aux puces de Chicoutimi. Nous l’avons rencontré dans son temple de la rue Racine, au milieu des icônes jaunis de la Sainte-Vierge, des records de la famille Simard et des livres qui sentent le vieux livre.
Êtes-vous un vrai de vrai vendeur?
Ben oui! J’ai 63 ans d’expérience. J’ai commencé à la librairie de mon père. Après ça, j’ai eu un garage, un kiosque d’articles de pêche et puis je suis rentré comme vendeur automobile chez Côté Boivin. L’immeuble voisin était libre et je me suis dit : «Tiens, je vais ouvrir un marché aux puces!»
Et ça a marché?
Au début, je vendais des livres, ça marchait bien. Tranquillement, y’a des marchands qui ont commencé à acheter des tables pour vendre leurs affaires. Ça marchait plus fort. À un moment donné, on avait même trois étages! Mettons que ça roulait mieux qu’aujourd’hui.
Qu’est-ce qui va mal?
C’est à cause des Dollaramas. Ils chargent tellement pas cher. Ça nous aide pas. Pour compétitionner avec eux-autres, il faudrait que je vende tout à un dollar. Je peux pas.
C’est quoi la chose la plus cher que vous avez vendue?
Des frigidaires pis des poêles. J’ai fait ça pendant 15 ans. C’était dur, mais j’ai continué pareil. J’ai travaillé très fort dans ma vie ma petite fille. Mais je vais te dire une affaire : le travail, ça m’a jamais fait mourir!
Vous commencez à être assez âgé… Ça doit pas être toujours très évident de travailler, non?
C’est sûr. J’ai de la difficulté à me concentrer et j’ai de la misère un peu avec ma vue et mon souffle. Je fais de l’emphysème et quand je parle trop, c’est pas bon. Dans ce temps-là, faut que je ferme ma boîte.
Vous devriez pas vous reposer M. Dollar?
Au contraire, je viens travailler parce que c’est bon pour ma santé. Ça passe le temps. Je marche et je rencontre du monde, des gens gentils.
Les gens sont gentils à Chicoutimi?
Ah oui! Le chauffeur est tellement gentil qu’au lieu de me débarquer à l’arrêt d’autobus, il me fait descendre devant la porte du marché aux puces, parce que c’est trop loin à marcher. Les gens ici font toute des affaires de même!