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Raconter un coeur brisé: entrevue avec le duo First Aid Kit

Les soeurs Söderberg étaient de passage à Montréal et on a jasé avec elles de leur dernier album, «Ruins», qui parle de peine d'amour.

Par
Audrey PM
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J’ai découvert First Aid Kit, un peu comme tout le monde, grâce à leur reprise des Fleet Foxes qui les avait propulsées au sommet d’une popularité virale. Mais c’est vraiment leur chanson Emmylou qui m’a permis de les apprécier en tant qu’artistes légitimes. Je me disais : « Les filles, je vous feele, découvrir les grands et les grandes du folk et du country, c’est enivrant. »

Leur talent pour l’écriture et la virtuosité de leurs harmonies ont rapidement fait en sorte que Klara et Johanna Söderberg sont elles-mêmes devenues des références pour nombre d’artistes folk et country à travers le monde.

J’ai continué de suivre leur carrière, toujours heureuse de constater leur succès, album après album. En 2015 d’ailleurs, la vidéo de leur reprise de Red Dirt Girl (ma toune pref de notre idole commune Emmylou), jouées devant la sublissime Emmylou Harris elle-même, m’a fait pleurer de beauté.

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Puis, peu après cette performance de rêve, les sœurs suédoises ont pris une longue pause pour souffler un peu et de retrouver l’inspiration.

C’est avec l’album Ruins, sorti tout récemment, qu’elles ont fait un retour tout en force et en douceur vers le folk mielleux de leurs débuts, mais offrant cette fois des paroles remplies de sagesse. Ruins évoque les déceptions amoureuses avec une lucidité et une résignation poignante. Je me suis reconnue dans toutes les chansons. C’est un peu comme si une amie m’avait raconté sa peine d’amour et que je l’écoutais en hochant la tête, comme pour dire: «Ouep, il m’est arrivé la même chose. Je compatis à fond.»

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C’est donc peu surprenant que lorsqu’on m’a offert l’occasion de les rencontrer lors de leur passage à Montréal mardi dernier, mon niveau de fangirling était au moins aussi élevé que celui de mon amie et photographe Julie Artacho, à qui j’ai demandé de m’accompagner, question de prendre les plus beaux clichés possible de ces sœurs-sirènes suédoises.

J’ai eu le temps de leur poser quelques questions sur leur parcours artistique, sur leur nouvel album, sur les peines d’amour et sur leur appréciation de la musique montréalaise.

Voici donc une brève conversation avec les deux artistes, agrémentée des images magnifiques de Julie.

Vous avez pris une pause de musique en 2015, et Klara a aussi vécu une rupture amoureuse pendant ce temps. Qu’est-ce qui vous a ramenées à la musique?

Klara

On n’a jamais vraiment perdu notre amour pour la musique, on était juste épuisées par l’industrie, la tournée en continu.

Johanna

Et la pression d’avoir à écrire.

Klara

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Oui, la pression d’écrire, et le sentiment que c’était tout ce qui comptait. On n’avait jamais vécu autre chose que ça dans notre vie adulte; on n’était que des musiciennes. Alors pour moi c’était important de prendre une pause pour trouver qui j’étais à part First Aid Kit. Même chose pour Johanna.

J’ai l’impression qu’il y a une tendance ces temps-ci, où les musiciennes et les artistes assument leurs émotions, même les plus intimes, et les présentent avec beaucoup de force et de dignité. C’est ce que j’ai observé dans vos paroles et votre interprétation sur Ruins. Avez-vous toujours été aussi intègres et honnêtes dans ce que vous exprimez dans vos chansons?

Klara

Je crois que c’est le fruit d’une certaine évolution, mais ça fait également partie de notre identité propre. Nous sommes très ouvertes, nous sommes une famille qui communique beaucoup. Alors pour nous c’est naturel.

Johanna

C’est notre façon de gérer nos différents problèmes. On ne réprime pas nos émotions.

Klara

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Et pour que notre travail ait un sens, c’est important pour nous qu’il soit vrai pour nous.

Johanna

Et nous sommes devenues de plus en plus confiantes à travers les années. Au début de notre carrière, nous essayions d’être comme nos idoles. Nous écrivions des chansons « dans le style de… ». On voulait que telle chanson sonne comme Connor Oberst, ou Jenny Lewis. Alors que maintenant c’est plutôt « Me voici, voici ce que je ressens. » Et on écrit plus de chansons à propos de nos propres expériences.

Crédit photo: Julie Artacho
Crédit photo: Julie Artacho
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Qu’est-ce qui vous rend le plus fières, par rapport à cet album?

Johanna

Le fait qu’on l’ait sorti? (rires) Parce qu’à chaque fois je me disais « est-ce qu’on va faire un nouvel album? »

Klara

« Est-ce que les chansons sont assez bonnes? »

Johanna

Et c’est vraiment une fois en studio qu’on finit par le savoir. Alors on est fières de ça!

Surtout après cette pause. On se sent plus fortes que jamais.

Quels conseils donneriez-vous à une amie qui vit une rupture amoureuse?

Klara

Je lui dirais de ne pas avoir peur de la douleur. Parce que c’est inévitable. Et d’essayer d’écrire ce qu’elle ressent. Moi ça m’aide. Écrire sur mes émotions, sur ce que je vis, sur ce que je ressens, pour essayer de comprendre. Je lui dirais aussi que ça va passer. C’est très « basic », mais c’est vrai. Ça finit par passer. Les choses n’ont peut-être pas de sens quand on les vit, mais tout prend un sens avec le temps.

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Ce n’est pas votre première visite à Montréal. Aviez-vous hâte d’y revenir?

Johanna

Oui! On revient tout juste de l’exposition sur Leonard Cohen. C’était vraiment merveilleux.

Klara

Magique!

Johanna

Inspirant! On est de grandes fans de Leonard Cohen. Alors on avait hâte de voir cette expo.

On aime beaucoup les sœurs McGarrigle aussi. On adore la musique de Montréal. Elle a quelque chose de spécial. Je ne sais pas quoi, mais il y a quelque chose dans l’air.

Crédit photo: Julie Artacho