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Quoi faire et ne pas faire au karaoké

On a sondé nos collaborateurs afin de de connaître qu'est-ce qui est in et qu'est-ce qui es out dans une soirée karaoké. Cette étude est non-scientifique mais très libératrice.

Par
Antoine Desjardins-Cauchon
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Ahhhhh, les soirées karaoké. La bière flat, les livres de tounes aux pages louches et collantes, les micros qui sentent, la voix trop forte d’la prof au primaire qui se lâche lousse sur Pour Some Sugar on Me en oubliant qu’une éducatrice à la petite enfance ne doit pas enlever son top en public….

Y’a pas à dire, les bars karaoké nous offrent des maudites belles soirées. Des belles soirées, oui, mais quelquefois, de mauvais moments à passer. En parlant à nos collaborateurs, chez URBANIA, on s’est rendu compte qu’il existe plusieurs écoles de pensée sur quoi faire et quoi ne pas faire lorsque l’on monte sur scène un peu pompette avec l’œil confiant de celui qui ne l’est pas tant que ça, finalement.

Voici donc, plus pour le fun que pour créer une révolution, le résultat de ce qui nous irrite durant une soirée karaoké.

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Bohemian Rhapsody, c’est un no-no

Réglons ça tout de suite : les tounes qui durent 7 minutes dans 4 registres vocaux différents, c’est pas pour le libraire du Renaud-Bray qui se dégêne après deux-trois gin-tonic. Son interprète, Freddy Mercury, était considéré comme un virtuose vocal aux capacités exceptionnelles. Il atteint des notes que même nous, en se serrant très très fort les testicules, on n’atteint pas. Fak aventure-toi pas dans des « Galliléo » que tu pourras pas finir. La chanson American Pie de Don Mclean est aussi, beaucoup trop longue pour qu’on apprécie ton aventure folk-cheap mal assumée. Pis est-ce qu’on peut s’entendre que Hotel California, c’est le fun si tu la connais au COMPLET, pas juste le premier refrain. En résumé, si la toune est longue, dis-toi que le moment qu’on passe à l’écouter aussi.

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Downe pas les gens qui veulent avoir du fun

Ok… on comprend tous que t’es peut-être en train de vivre une période ben rough pis que toi, ça te fait du bien de chanter Tears in Heaven les yeux dans l’eau, c’est juste que y’a d’autres personnes dans le bar pis c’pas tout le monde qui a perdu un enfant de 4 ans. Quand on vient de s’enchainer Surfin USA, Ça fait rire les oiseaux pis I feel good, ça pète un peu le mood de voir un rocker amateur endeuillé venir pousser D’lamour, j’en veux pu d’Éric Lapointe en serrant fort la photo de son ex Linda sans ses poches. Ça allait ben, là. On comprend que tu la possèdes depuis ta première peine d’amour, Le Monde est stone, mais même Luc Plamondon est passé par-dessus; toi aussi t’es capable.

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Ne rappe pas qui veut

Il va TOUJOURS y avoir, un moment donné, un jeune en bas de 30 ans qui, gonflé par la confiance que lui procure ses 4-5 grosses 50 tablettes, va vouloir se lancer dans une toune de rap. 4 fois sur 5, c’est Lose Yourself d’Eminem. Pis 8 fois sur 5, c’est malaisant. Parce que dans le rap, y’a une composante importante qu’on semble oublier lorsque très imbibé : il y a beaucoup de mots. Et ces mots sont envoyés rapidement. Et ça, dire des mots rapidement sur un beat rythmé, c’est la PIRE idée quand t’as la bouche molle à force de boire des shooters de Jamieson. Pis ça s’améliore pas en français, comme en font foi les NOMBREUX malaises vécus un peu partout dans les karaokés de la Province quand quelqu’un s’attaque à du Dubmatique parce que c’est un millenial nostalgique. Ayez, pour l’amour de Dieu, La force de comprendre qu’on veut pas entendre du rap dans une soirée karaoké.

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On met pas l’accent sur les accents

Une des richesses de la langue française au Québec, ce sont ses accents. Du Saguenay en passant par la Beauce, ça fait le charme de chaque région. Mais dans un karaoké, c’est tout le contraire. Kevin Parent, Zachary Richard, Lisa Leblanc… tout ce qui a un accent va être gênant pour tout l’monde quand on va réaliser que t’es juste capable de faire « Seigneur… qu’essé-tu veux j’te dise? » avec ton accent gaspésien mais que le reste sonne mi-créole, mi-ACV. C’est pas pareil, une toune de Zachary Richard chanté par un papa « cool » de 50 ans qui n’a de cajun que les épices qu’il met sur son steak qu’il fait cuire sur son BBQ à Longueuil. La Rive-Sud, c’est pas la Louisiane, Raymond.

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Les tounes de groupe, ça prend de la rigueur

Qui dit karaoké dit automatiquement « toune de groupe à se passer deux micros à huit s’ul stage.” La règle d’or, dans une chanson à plusieurs, c’est connaître son cue. Pas son cul, son cue. Savoir quand rentrer au bon moment est un art qui mérite d’être souligné. C’est pas cute, cinq gars chaudailles qui massacrent I Want it that Way pendant que leurs blondes capotent ensemble à savoir si elles vont faire Wannabe des Spices Girls ou Say my Name de Destiny’s Child. Même Beyoncé a compris qu’elle ferait mieux de partir en solo au lieu de continuer à s’acharner avec un groupe qui a moins de talent qu’elle. On devrait tous faire comme Beyoncé. (Pas juste dans un contexte de karaoké, dans toute pas mal.)

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Varia

En rafale, voici quelques chansons éparpillées à éviter qui ont été mentionnées dans notre sondage maison.

Me and Bobby Mcgee. C’est toujours chanté par une fille qui aurait aimé être chanteuse dans la vie ou qui pense qu’elle va être découverte ce soir-là, et qui pense que ça fait edgy de faire du Janis Joplin. La réponse est non, Mélissa. Pis bonne chance pour ta 5ème audition de suite à La Voix.

Provocante. Parce que souvent, la toune provoque pas mal juste nos oreilles et ça agresse tout l’monde.

-Wonderwall. Déjà qu’on est pu capable autour d’un feu d’camp, ça passera pas mieux sur une scène mal éclairé à coté de 4-5 machines à sou.

-Femme libérée. Y’a rien qui fait moins «femme libérée» que de chanter Femme libérée dans un karaoké.

-Ces soirées-là. Que ce soit la vieille version originale ou celle de Yannick des années 2000, ça nous rappelle tous à quel point cette soirée-là, justement, on aurait aimé être ailleurs, finalement.

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-I will always love you. Est-ce qu’il faut vraiment expliquer pourquoi c’est pas une bonne idée de faire cette chanson-là?

***

À la lumière de notre sondage maison, il semble y avoir deux écoles de pensées: ceux qui disent que tu peux pas faire du karaoké si tu connais pas les paroles, et ceux qui disent que si t’es trop bon, tu fais chier. Fak c’est quoi, la règle? Mal chanter ou bien chanter? S’en foutre et crier aussi fort qu’on peut ou se prendre trop au sérieux et moduler sa voix comme un ado qui mue? C’est pour qui, le karaoké, dans le fond? Les amateurs ou les semis-pros?

On ne prétend pas avoir réponse à la question. Ce qui est sûr, c’est qu’il va toujours y avoir du monde qui chante mal, il va toujours y avoir du monde qui se prend trop au sérieux et il va toujours y avoir du monde pour juger les deux, dans l’ombre, trop gêné pour eux-mêmes monter sur scène et affronter le jugement des autres.

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Ce sont les trois grandes composantes d’une soirée karaoké réussie.