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Vous aimeriez visiter l’Insectarium, mais vous êtes vraiment cassés? Y’a pas de quoi s’en faire : si vous prenez le temps de bien observer les recoins de votre lieu de travail ou de votre appartement, vous vous rendrez vite compte qu’un riche mini-écosystème existe tout près de vous…
Les insectes, ça ne fait pas l’unanimité. Si on demande aux entomologues, ce sont des créatures fascinantes, qui ont chacune leurs particularités propres. Pour la plupart des gens, ils représentent plutôt un problème à résoudre. Et si on se fie aux sites des exterminateurs, ce sont des bêtes rusées, qu’on ne devrait surtout pas essayer de chasser nous-mêmes. Probablement parce qu’elles sont plus intelligentes que nous et que si on s’y prend sans un professionnel, c’est nous qui risquons de nous retrouver sur le balcon, avec une grosse coccinelle qui rit de nous de l’autre côté de la vitre, pendant que ses amies bloquent la serrure de leurs gros corps craquants.
(On exagère peut-être un peu.)
Tour d’horizon de ce que vous êtes susceptibles de trouver dans votre entourage immédiat…
Les scutigères
Commençons avec les scutigères parce que OH LORD.
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J’ai vécu dans deux maisons et cinq appartements à Sherbrooke, et je n’ai jamais cru à l’existence des mille-pattes au Québec. C’est pourquoi quand, lors de ma première année en appartement à Montréal, j’ai vu la bête ci-haut, j’ai figé net.
C’était forcément, FORCÉMENT un signe annonciateur de l’apocalypse. Cette chose, immobile, patiente, laissant à l’horreur de son apparence le soin de nous glacer, était probablement l’émissaire de quelque chose de pire caché dans le drain de mon bain.
Elle était posée à un endroit où je devrais bien finir par mettre la main. Elle savait. Elle n’a même pas fait mine de vouloir fuir.
J’ai donc pris une photo et envoyé ça à quelques personnes pour savoir si elles me conseillaient d’évacuer l’appartement le soir même ou d’attendre au lendemain. Tous mes amis hors-Montréal n’ont répondu qu’après 10 minutes, le temps de se remettre du choc nerveux, mais pour tous ceux de la métropole… no big deal.
« C’est juste une scutigère. »
Le nom de l’ennemi était maintenant connu : scutigère véloce, pour être plus précis. « Véloce », comme dans « vélocité », comme dans « ça va vite en »@#$% ».
Points positifs: mis à part son apparence, la scutigère est quand même un insecte cool. Elle mange les autres bibittes, ne propage pas de maladies, ne vit pas en groupe et ne cause pas de dommages matériels.
Mais elle mord quand on l’attaque.
Si vous n’en avez jamais vu, estimez-vous chanceux et vous pouvez vivre l’horreur par procuration en visionnant des vidéos YouTube de gens qui flattent des scutigères.
Les araignées
Parlant de morsures: il y a 620 sortes d’araignées au Québec, et elles mordent toutes. Mieux, elles sont toutes venimeuses, parce que toutes les araignées du monde ont du venin.
(Enfant, j’ai vraiment retenu cette information sur la fiche Tintin.)
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Bon, heureusement, c’est du venin inoffensif pour l’humain ou qui, au pire, nous fait une petite bosse.
Même si les araignées dégoûtent plusieurs personnes, côté observation, elles sont assez appréciables, que ce soit dans des bureaux ou des appartements. Elles font de belles toiles, restent souvent en place au plafond ou dans un coin et mangent d’autres bibittes, parfois devant nous. Elles ne font pas non plus de colonies, et c’est donc rare qu’on doive vraiment intervenir pour se débarrasser des araignées.
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On ne s’attardera donc pas sur le sujet, et on vous conseillera tout simplement de bien les observer à la place de paniquer.
Vous avez sûrement déjà vu, de toute façon, ces vidéos d’araignées écrasées/attaquées qui libèrent tous leurs bébés…
Non?
Les fourmis
Passons aux fourmis, tiens, un insecte qui semble un peu moins répulsif.
J’avoue que je n’ai jamais fini Les Fourmis de Bernard Werber, mais il me semble que la domination du monde n’était pas très loin de leur portée dans le livre. Ces insectes intelligents, organisés et efficaces sont très chouettes à observer… mais ils vivent aussi très cachés.
Les fourmis que l’on redoute au Québec sont les fourmis charpentières, qui font leurs nids dans le bois, notamment dans les charpentes des bâtiments. Comment savoir si vous en avez au bureau? Elles laissent souvent des petits tas de « grugures » de bois par terre pour nous annoncer leur présence. Si vous faites des heures supplémentaires seul un soir, tendez l’oreille: ce petit grattement fatiguant que vous entendez est probablement l’oeuvre de fourmis qui creusent tranquillement leur nid!
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Les coquerelles
Les coquerelles sont aussi appelées « blattes », « cafards » (en France) et « cucaracha » (en Espagne et chez ceux qui tentent d’oublier leur infestation avec des shots de tequila et des chansons festives).
Le site de l’Insectarium conseille souvent de sortir de la maison les insectes qu’on ne veut pas en les capturant dans un pot. Mais avec les coquerelles, même eux capitulent: « Même si elles ne piquent pas et ne mordent pas, il est fortement recommandé de s’en débarrasser. »
On ne vous met pas de photo, c’est trop terrible. Sachez seulement que les coquerelles sont super résistantes, peuvent vous rendre malades avec les saletés qu’elles transportent et… elles peuvent voler.
On vous conseille l’exterminateur plutôt que l’observation.
Les punaises de lit
Quand j’habitais dans le bucolique et salubre monde sherbrookois, au début des années 2010, un spectre de la métropole nous est parvenu par les médias: les punaises de lit.
Vous vous rappelez des histoires d’horreur? Ceux qui avaient tout lavé, tout jeté, tout désinfecté… et qui se réveillaient quand même le matin avec de nouvelles piqûres? Le frère d’un de mes amis avait allumé sa lumière en pleine nuit et soulevé son matelas pour enfin découvrir pourquoi ses bras piquaient autant. Mon amie faisait payer une cliente à la pharmacie où elle travaillait et a vu une punaise de lit sortir de sa manche de manteau. Les taxis, cinémas et caisses populaires transmettaient de punaises…
La psychose s’est un peu calmée depuis, mais je fais encore un bon pas de côté chaque fois que je vois un matelas sur le bord de la rue.
Pour ceux qui l’ignoraient, la punaise de lit vit dans le tissu et se nourrit du sang humain. L’accouplement des insectes est toujours un peu particulier, mais celui de la punaise de lit vaut quand même la peine d’entre souligné : « le mâle n’utilise pas l’ouverture génitale de la femelle pour l’inséminer. Ce dernier transperce l’abdomen de sa partenaire à l’aide de ses pièces génitales, puis il injecte le sperme directement dans son système reproducteur. Les blessures reliées à l’accouplement diminuent de 30 % la longévité de la femelle. » (Tiré du site de l’Insectarium.)
Une carte un peu freakante a été réalisée par Radio-Canada pour nous montrer les endroits les plus infestés de Montréal selon les interventions des exterminateurs.
Si vous voulez un spoiler: les endroits les plus touchés sont le Plateau, le Quartier des spectacles/Village, Hochelaga, Rosemont et Villeray… ça fait pas mal de places. En gros, si vous voulez être complètement safe, vous avez deux options: habiter dans le mont Royal ou sur une bretelle d’autoroute.
Mais si vous trouvez des punaises de lit, ne désespérez pas. Si vous suivez à la lettre les recommandations de l’exterminateur, vous devriez vous en tirer. (Et votre proprio est obligé de payer.)
Les mouches à fruit
(En fait les mouches drosophiles.)
Cet insecte est étrange. Un jour, tout va bien chez vous. Le lendemain, c’est l’infestation.
Les mouches à fruit se génèrent-elles par magie?
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À peu près. Souvent, elles sont déjà, avec leurs œufs, sur les fruits que l’on ramène de l’épicerie. La nature suit son cours, et ces oeufs éclosent; les mouches pondent de nouveaux oeufs… etc.
Les mouches à fruit sont un peu ennuyantes à observer. Il y a plein de façons de s’en débarrasser : des pièges avec de l’eau savonneuse, du saran wrap, mais surtout… une bonne séance de chasse à la mouche dans la cuisine.
Les coccinelles
Terminons avec le plus joli. Les coccinelles, on les excuse bien de passer l’hiver dans nos maisons, parce qu’elles sont adorables. On achète même des toutous à leur effigie. « En plus, elles mangent d’autres insectes! » qu’on se dit.
Sauf que des fois, à force d’être accueillant… on peut perdre le contrôle de la situation.
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« Si les coccinelles sont déjà dans la maison, récoltez-les à l’aide d’un aspirateur et videz le sac rapidement », nous dit l’Insectarium.
Le site Astuces de grand-mère, ma source préférée sur internet, conseille pour sa part de vaporiser sur les coccinelles de l’eau mélangée à du camphre et de la menthe. Les coccinelles n’en meurent pas; elles détestent l’odeur et quittent donc la maison pour aller mourir gelées dans l’hiver. Yé!
Au final, si on regarde la situation en se calmant un peu, on est mieux avec les scutigères qu’avec les coccinelles pour le contrôle des bibittes…
Déprimé?
Ces situations vous sont trop familières? Ne déprimez pas; développez une passion! L’étude des bibittes est une activité économique, instructive et potentiellement sociale si ça vous arrive au bureau.
Ne me croyez pas sur parole; écoutez plutôt ce que dit Woody Allen à ce propos, à travers son personnage d’Alvy dans Annie Hall, alors que celle-ci se plaint de son petit appartement qui a une mauvaise tuyauterie et des insectes : Entomology is a rapidly growing field.
Sautez sur l’occasion!
Pour lire un autre texte de Camille Dauphinais-Pelletier: « La nature n’est pas un Walmart ».