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Quo vadis, souveraineté?

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Il faut garder une certaine perspective quand on analyse l’état du mouvement. Se baser sur un sondage serait comme se contenter d’une photo pour faire un repêchage au hockey. Avertissement: billet politique.

Si l’on se fie à la majorité des commentaires entendus, la cause souverainiste serait vraiment mal en point. Pourtant, la question nationale ne disparaitra pas de sitôt, de par la nature même de notre différence en Amérique. Mais elle devra bien, un jour ou l’autre, être définitivement réglée soit par l’accession du Québec à sa pleine souveraineté ou par une slow assimilation of our culture with that of the anglophone majority on the continent. Je préfère la première option. Et à terme, je considère la deuxième inévitable en l’absence de la première. C’est mathématique.

Mais le mouvement va-t-il si mal? Pantoute.

La « méchante » multiplication des partis et des mouvements

J’ai déjà écrit là-dessus à deux reprises dans ce blogue. Sur le strict plan des partis politiques, il y a une indéniable division du vote souverainiste (et fédéraliste, en passant) causée par le détestable système électoral dans lequel les partis d’alternance nous maintiennent. Un jour, l’évolution démocratique suivra son cours et une composante de proportionnalité sera ajoutée dans l’allocation des sièges à l’Assemblée nationale. D’ici là, il faut que les partis se parlent ou qu’ils souffrent de la division du vote. À eux de voir. La vraie solution, c’est un nouveau mode de scrutin, sinon il faudra que les partis recommencent cette difficile tentative de se parler chaque fois que le spectre des élections apparaitra. À suivre.

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Quant aux mouvements citoyens, ils sont fort désirables dans la mesure où la démocratie appartient à la population et non aux partis. Mais il n’en demeure pas moins qu’en bout de piste, ce sont les partis qui mettent des « faces » sur des poteaux et qui, une fois élus, veilleront sur la législation et la gestion de la chose publique.

Chose certaine, un parti qui dit être en faveur de l’union des forces, mais seulement si c’est en son sein, n’a pas compris grand-chose à la dynamique politique actuelle au Québec. Hors de l’Église point de salut, disaient-ils. Avec le résultat que les églises sont quand même vides.

En passant, on me demande souvent pourquoi je parle du PQ dans mes entrevues. Eh bien voici: parce qu’on me questionne plus souvent sur le PQ qu’autre chose. Mon implication politique n’est pas basée sur la critique d’un parti, elle est basée sur l’avancement d’une cause. Forcément, si un autre parti dit soutenir la même cause, il devient inévitable que des comparaisons soient faites. Et j’y réponds. Je n’ai jamais eu la cassette comme réflexe et ça n’arrivera pas (pour les plus jeunes qui me lisent, une cassette était comme un genre de playlist de MP3 mais qui se déroulait sur des dizaines de mètres. Un étrange concept).

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Les sondages

On nous martèle que le taux d’appui à la souveraineté s’éloigne du 50% de 1995 et qu’il descend même régulièrement en-deçà des 40%. Y’a rien là. Avant le référendum de 1995 presque gagné (ou volé selon plusieurs), le taux d’appui à la souveraineté était plus bas qu’il ne l’est actuellement. Comment serait-ce possible d’arriver à dépasser le 49,4% du OUI de 1995 dans l’état actuel des choses? Le leadership, la clarté du message, la préparation, la volonté, bref, tout ce qui semble manquer en ce moment. Jacques Parizeau a été élu en parlant de la certitude qu’il se passerait quelque chose. C’est possible d’être élu en parlant de souveraineté, même aujourd’hui. M. Parizeau l’a fait, je le rappelle, avec des taux d’appuis à la souveraineté plus bas qu’en ce moment.

Sans parler du fait que les questions d’un sondage peuvent tellement être libellées de façon à influencer le résultat. Bref, les vrais leaders ne décident pas en se fiant à des sondages. Ils veulent convaincre leurs concitoyens que, dans l’absolu, leur idée est bonne pour la suite des choses. S’ils y parviennent, ils changent les sondages au lieu de les subir bêtement. Je vote pour ça moi.

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Les générations

Cette rengaine que la souveraineté est une affaire de génération n’est pas nouvelle. Pourtant, mes observations sont à l’effet que chaque génération pourrait très bien soutenir le projet souverainiste. Sur les campus universitaires et collégiaux, il n’est pas rare que plusieurs centaines de jeunes soient présents aux conférences que je donne sur la souveraineté. Les jeunes qui n’ont pas connu 1980 ou 1995 doivent en entendre parler autrement que lors d’une campagne électorale au cours de laquelle on accuse les souverainistes de l’être (alors que ces derniers tentent de rassurer l’électeur qu’ils vont bien gérer la province). Quand on leur en parle clairement, les jeunes voient assez rapidement les avantages d’un Québec souverain. Et ils ne souffrent d’aucun complexe face au reste de la planète. J’aime.

Quant aux générations plus âgées, qu’on dit parfois plus frileuses ou fatiguées, n’oublions pas que ces gens ont eu le courage historique d’élire le premier gouvernement souverainiste de René Lévesque. C’était, à proprement parler, une véritable révolution pour l’époque. Je suis confiant que nous pourrons compter sur tout ce monde lorsqu’il le faudra.

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La sémantique

Souveraineté ou indépendance? À mon sens, quel débat inutile. Dans le dictionnaire, souveraineté ramène à indépendance et vice versa. Avez-vous déjà vu des fédéralistes se déchirer à savoir s’ils devaient se qualifier de fédéralistes, de confédéralistes, de provincialistes ou de statuquoïstes?

Souverainistes, indépendantistes, séparatistes, sécessionnistes, tous veulent que le Québec devienne un pays. On passe au travail terrain maintenant?

La perspective historique

Que des géants politiques de la stature de René Lévesque ou Jacques Parizeau ne courent pas les rues, nous en conviendrons tous. Mais d’entendre si souvent dire qu’il n’y a plus de leaders de nos jours est complètement erroné. Le Québec déborde de leaders, chacun dans leurs domaines, qui s’intéresseront potentiellement un jour à la chose politique. Rappelons que René Lévesque a été élu pour la première fois à 38 ans et qu’il est devenu premier ministre à 54 ans. Jacques Parizeau est devenu député à 46 ans et premier ministre à 64 ans. Avant d’être aussi illustres en politique, ils ne l’étaient pas (La Palice, sort de ce corps). Le temps s’occupera bien de former d’autres géants politiques. Et ces géants s’occuperont bien de faire du Québec ce qu’il doit devenir.

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PS: Je me suis toujours demandé. Quand le Québec sera souverain depuis plusieurs années et que le mouvement souverainiste fera partie des mouvements historiques étudiés, comment seront perçus ceux qui auront férocement lutté pour que le Québec conserve son statut de province subordonnée aux politiques d’une autre nation?

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