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Qui sont ces gens qui chialent?

Par
Pascal Henrard
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Jamais contents. Toujours en train de pleurer. Super blasés.
Continuellement en train de se lamenter. Sur toutes les tribunes, dans tous les salons, pour un oui, pour un non, on les entend chialer tout le temps.

Ils n’ont pas connu les guerres, ni les grandes misĂšres, ni la faim, ni la peur, ni la soif, sauf un samedi soir aprĂšs le dernier last call. Ils n’ont pas connu les Ă©pidĂ©mies meurtriĂšres, Ă  part H1N1, la star des Ă©pidĂ©mies qui a contaminĂ© les cerveaux et enrichi les compagnies pharmaceutiques. Ils n’ont jamais cĂŽtoyĂ© les vraies catastrophes, celles qui font dix, cent, mille, dix milles ou cent milles morts. Ils ne connaissent rien de la dictature, des exactions, des rafles, des crimes contre l’humanitĂ©. Ils ne savent que ce qu’en disent les nouvelles. Et encore
 ils ont oubliĂ© ce qu’elles disaient hier.

Ils vivent dans le confort en surveillant celui du voisin du coin de l’Ɠil. Ils ne connaissent rien d’autre. Du malheur, ils ont vu les images. Mais n’en savent ni le goĂ»t, ni le sens.

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Ils ne vont pas voter, Ă  quoi ça sert. Ils sont cyniques, que voulez vous. Ils n’aiment ni la droite, ni la gauche, ne croient personne, surtout pas les politiciens. Ils ne vont pas manifester, mais ils sont certains d’ĂȘtre dans leur droit. Et quand ils se rassemblent autour d’une cause commune, c’est celle d’une bande de douchbags Ă©pilĂ©s qui essayent de sĂ©duire des bimbos surmaquillĂ©es dans un dĂ©cor de carton pĂąte surĂ©clairĂ©.

SinistrĂ©s des routes, ils hurlent parce que ça leur a pris une heure pour traverser le plateau Mont-Royal. Ils sont des centaines de milliers Ă  chialer tout seul dans leur auto sans mĂȘme penser mettre leurs plaintes en commun et prendre l’autobus pour en discuter.

Victimes des dĂ©cisions politiques, ils crient la litanie de leurs indignations sur toutes les tribunes, dans les journaux et dans les blogues. Mais jamais, ĂŽ grand jamais, ils ne prendraient tout ce temps et cette Ă©nergie pour proposer des solutions ou s’engager dans un mouvement politique.

Martyres du prix de l’essence, de l’état des routes, des ponts qui s’effritent et du stationnement dĂ©ficient, ils rĂ©clament Ă  cors et Ă  cris que les gouvernements les aident Ă  faire tourner le moteur de leur 4X4, mĂȘme quand ils sont Ă  l’arrĂȘt, ou Ă  parker leur char pour qu’ils aient le moins de chemin Ă  faire Ă  pied.

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C’est leur vie, leurs malheurs. Ils se sentent le droit de se plaindre. Et de se plaindre encore.

Il n’y a que leurs lointains voisins, des Chinois, des Tamouls, des Arabes ou quelque chose du style dans le genre, c’est pareil, qui ne disent rien, qui travaillent en silence et qui se contentent de ce qu’ils ont parce qu’ils n’en ont jamais eu autant. «Mais ceusse-lĂ , y en a ben trop.» C’est François Legault qui l’a dit. Et François Legault, c’est le politicien le plus populaire de l’heure, celui qui n’a pas d’équipe, pas d’idĂ©es, pas de parti mais pour qui tous les chialeux se disent prĂȘts Ă  voter.

Pourtant, quand je remontais hier Ă  pied le boulevard Saint-Laurent Ă  la vitesse des VUS bloquĂ©s dans le trafic avec mon vĂ©lo Ă  la main pour cause de pneu crevĂ©, je me disais qu’elle Ă©tait pas si laide notre vie. Et qu’il serait temps d’arrĂȘter de chialer pour chialer (on croirait le titre d’une Ă©mission de parlottes des annĂ©es 80).

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