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Qui est Orville Peck, le cowboy queer masqué?
Orville Peck est arrivé sur mon radar par un beau vendredi après-midi sous la forme d’un message privé sur Facebook. « Hey ! Vas-tu au show de Orville Peck ce soir ? » À ce moment-là, je ne savais pas encore qui était le cowboy queer de Toronto.
Quelques écoutes de son dernier album, Pony, plus tard, et j’avais terriblement envie d’aller le voir en spectacle. Ce soir-là, dans une Casa Del Popolo pleine à craquer, il est entré sur scène comme un fantôme, s’est livré de tout son être avec ses chansons country et est reparti sans flafla. Portrait d’une énigme.
Orville Peck est entouré d’un air de mystère. Il se présente publiquement en cachant son visage derrière des masques à franges faits à la main et refuse de divulguer son vrai nom. Comme le disait Noisey, sa vraie identité est la chose la moins intéressante chez lui. Même lorsque je l’ai croisé sur Saint-Laurent en train de fumer une cigarette avec son entourage, il avait l’air tout droit sorti d’un autre univers. Un lonesome cowboy perdu dans la métropole.
Si Peck s’amuse à jouer un personnage sur scène, il aime aussi raconter des histoires avec sa musique. Chaque chanson semble une petite fenêtre sur des mondes beaucoup plus grands. Des mondes où les rodeo queens côtoient les bikers et les cowboys quelque part dans un Ouest américain imaginé. Les récits de l’artiste se tiennent bien tout seuls, mais ils s’emboîtent aussi très facilement dans une seule et même œuvre, un peu à la manière d’une série d’anthologies.
Sa musique rappelle le country classique d’autrefois et n’a rien à voir avec la version aréna rock du genre que l’on voit et entend partout, depuis le début du siècle. On se rapproche bien plus d’une sensibilité à la Johnny Cash que d’un Tailgates & Tanlines de Luke Bryan. Même s’il donne dans la théâtralité plutôt que dans le quotidien, les émotions qui transparaissent des textes d’Orville sont crues et vraies. On ne sait presque rien de lui, mais l’endroit où il se révèle le plus est dans ses chansons.
Il y aborde notamment ses amours en tant qu’homme homosexuel et c’est plutôt agréable d’en entendre parler dans une enveloppe country. Bien sûr, il n’est pas le premier à parler de queerness dans le genre, Willie Nelson reprend notamment la pièce Cowboys Are Frequently, Secretly Fond of Each Other de Ned Sublette, mais Peck le fait d’une façon beaucoup plus ouverte.
En entrevue, il disait : « Je comprends pourquoi les gens disent que c’est rafraîchissant d’entendre des chansons country qui parlent de relations homosexuelles, mais je ne fais que parler de mes propres expériences. » Même s’il ne souhaite pas redéfinir le genre musical avec sa sexualité, il est content de pouvoir offrir un peu plus de représentation aux personnes homosexuelles grâce à son travail.
Vous pouvez entendre Pony d’Orville Peck en cliquant ici.