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C’est tout ce qu’on veut savoir. De tous les bouts qui finissent par former une histoire, le seul qui importe vraiment, c’est celui où ça dit qui sort avec qui, qui aime qui, qui trompe qui et avec qui. Rien d’autre.
Que l’histoire soit inventée, vraie, politique ou qu’elle concerne des gens que l’on n’a jamais vus de notre vie, on ne retient que la partie où l’on apprend qui couche avec qui.
Il y a deux raisons pour ça.
1. L’amour est bêtement universel. Il intéresse tout le monde parce que tout le monde soit le cherche, soit le possède, soit le détruit, et est intéressé à regarder comment s’y prend le voisin pour, mettons, garder ou détruire le sien.
2. On ne se l’avoue pas toujours, mais dès qu’est évoqué le nom de deux personnes qui potentiellement s’aiment, le cerveau génère malgré lui une image d’eux en train de baiser. Peu importe leur âge, leur profession ou le degré d’intimité qu’on partage avec eux. On n’imagine pas le long film pour adultes; ça peut être un tout petit flash d’une demi-seconde. Mais même s’il ne dure qu’une demi-seconde et qu’il se passe à l’intérieur d’un cerveau, le sexe est toujours plus vendeur que le reste.
Faites le test dans votre entourage. Racontez quelque chose du genre : « Tu sais, Caroline, l’ex de Thomas, celui qui l’a laissée pour une comédienne de 24 ans? Et bien elle a reçu une bourse de 25 000$ pour son projet de développement durable. C’est génial, non? »
Le chiffre pourrait être huit fois plus gros, le projet pourrait assurer à Caroline une job à la Fondation David Suzuki, le seul lien qui se fera de façon systématique dans le cerveau de l’interlocuteur sera: ‘’Thomas + comédienne de 24 ans’’. Pas très longtemps ensuite viendra la question : ‘’Je me demande dans quoi elle joue…’’ Dans l’espoir de pouvoir repérer mentalement ladite comédienne et de l’imaginer coucher avec Thomas pour voir si ça fitte. Ensuite viendra l’ancienne image de Caroline qui couche avec Thomas, puis celle de Caroline qui se touche toute seule dans son lit en pleurant, puis celle de Caroline avec un chèque géant de 25 000 piasses et en tout dernier – il est même très peu probable qu’on se rende jusque-là avant que le sujet n’ait dévié – une vague image d’un écosystème mal en point en voie d’être sauvé (ce qui représente, on le devine, mon interprétation personnelle et naïve d’un projet de développement durable.) C’était pourtant ça, l’histoire : Caroline a eu de l’argent pour un projet, point.
Bien sûr, la tournure des événements dépend beaucoup de la sorte d’interlocuteur. S’il possède, par exemple, le savoir-vivre de Céline Galipeau, on suppose qu’il ne répondra pas : « Ah ouin? Thomas a flushé Caroline pour une comédienne de 24 ans? » mais bien quelque chose du genre : «Mais c’est magnifique! Quelle bonne nouvelle. Félicitez Caroline de ma part, je vous prie. », sans jamais évoquer la comédienne. S’ensuivra une brève discussion sur la nature exacte du projet, échange qui se conclura en douceur sur une réflexion ouverte sur l’écologie. Mais je parie ma chemise que Céline aura eu le même flash pervers d’une demi-seconde que moi en début d’échange. D’accord, peut-être pas le même même, mais au moins un tout petit flash coquin.
Tout ça pour dire que non, mes amis, à la fin de cette semaine d’élections, de mauvais printemps, d’assassinat de Ben Laden, d’inondations en Montérégie et de découverte du corps de Jolène Riendeau, je ne peux toujours pas vous dire si Claude Legault couche avec Marie-Chantal Perron. Mais je travaille là-dessus et je regarde attentivement le Téléjournal pour plus de détails.
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