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Pierre Karl Péladeau, le magnat de la convergence, l’artisan de la staracadémisation, notre Berlusconi à nous, a encore essayé de nous donner des leçons.
La semaine dernière, avec tout le poids de Québécor, le consortium médiatique dont il est à la tête et qui possède des journaux, des magazines, des chaînes de télé, des sites web, une compagnie de téléphone avec pas de fil, une autre avec fil, un méga fournisseur de service internet, des maisons d’édition, des maisons de production, des maisons à St-Adèle, et j’en passe, PKP a tenu à tenir tête au CRTC pour imposer ses vues et nous faire croire qu’il était contre la concentration des médias.
Sans rire, le propriétaire de, je cite son site, «l’un des plus importants conglomérats de médias au Canada» (mais ça, ce n’est pas de la concentration) nous supplie à travers les tribunes de ses journaux et de ses chaînes de télé de «dire non à Bell».
Selon l’offensive médiatique multiplateformes, «ditesnonabell.ca a été créé par une coalition d’intervenants canadiens qui s’inquiètent de la concentration accrue de la propriété sur le marché des médias au Canada».
LOL, ou, en d’autres mots, je m’esclaffe ! Comme s’il n’y avait pas déjà de concentration excessive des médias…
Et la coalition de gentils intervenants canadiens pas du tout intéressés poursuit avec le même sens de l’auto-dérision: «Nous nous opposons à la prise de contrôle d’Astral Media inc. par Bell Canada. Notre but est d’informer la population et de minimiser autant que possible les conséquences néfastes de cette proposition de fusion.» Merci! Ça nous aura permis d’ouvrir les yeux sur les conséquences néfastes de la formidable concentration d’une kyrielle de médias de masse dans les mains d’un seul homme.
Mais ce n’est pas le plus drôle. Avec aplomb et malice, Citizen Karl et ses complices ajoutent: «Lorsque trop de pouvoir est détenu par une seule entreprise, cela se traduit par des prix plus élevés et moins de choix pour les consommateurs.» On dirait qu’ils sont en train de décrire la navrante situation actuelle et non pas celle qu’ils appréhendent.
Si on n’est pas d’accord avec l’Astrabellisation en devenir, on n’est pas d’accord non plus avec la Québécorisation passée. Mais pour ça, on dirait qu’on n’a pas eu le droit de se plaindre.
Ce n’est pas la première fois que PKP, à ne pas confondre avec PFK même si tous deux nous bourrent de contenu indigeste, nous fait la leçon.
Il nous a déjà dit que ce n’était pas bien de télécharger de la musique illégalement. On peut le comprendre, il a des disques de Star Académie à vendre.
Il a déjà affirmé que, désormais c’était la norme, le citoyen moyen qui envoyait une mauvaise photo numérique au Journal de Montréal était un journaliste. Ça nous aura permis de découvrir le journalisme-citoyen et d’avoir des pleines pages de fous du volant qui prennent en photo d’autres fous du volant pour dénoncer la folie au volant.
Il nous a déjà supplié qu’il fallait que l’argent des contribuables serve à la construction d’un aréna privé pour satisfaire la frénésie des partisans d’une équipe qui n’existe plus. Ce qui peut paraître paradoxal puisque ses médias nous imposent en masse la littérature massue de chroniqueurs vomissant sur l’état providence.
C’est lui aussi qui a grimpé dans les rideaux pour que les formidables revenus engrangés par les télédistributeurs comme Vidéotron ne profitent pas à la télé généraliste du service public.
Et pendant ce temps, le diffuseur public doit subir les coupes à blanc du gouvernement Harper.
Bref, PKP veut encore une fois nous imposer sa vision d’un monde où tout converge vers Québécor. C’est son droit. Mais qu’il puisse le faire sur toutes les tribunes qui lui appartiennent, ça, ça me fait peur.
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