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Qu’est-ce qu’ils veulent
 les groupes pro-armes?

Et si, finalement, on n’était pas si diffĂ©rents des AmĂ©ricains?

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À chaque fois qu’il y a une tuerie aux États-Unis, nos voisins du sud relancent le dĂ©bat sur le contrĂŽle des armes Ă  feu
 pour finalement ne rien faire du tout. Et c’est l’influence de la NRA, le puissant lobby pro-armes amĂ©ricain, qui est pointĂ©e du doigt pour cet immobilisme (ça pis le fait que les AmĂ©ricains trippent vraiment sur les cowboys).

Mais au Canada aussi on a nos groupes de pression pro-armes. Les plus importants au niveau pancanadien sont probablement la NFA et la CCFR, issue d’un schisme au sein de la NFA. Au QuĂ©bec, le groupe Tous contre un registre QuĂ©bĂ©cois des armes Ă  feu est probablement l’un des groupes les plus importants, avec 25 000 likes sur Facebook (et on le sait, tout se mesure en likes.)

Je me suis donc entretenu avec son vice-prĂ©sident, Guy Morin, pour rĂ©pondre Ă  la question « Mais qu’est-ce qu’ils veulent les groupes pro-armes? »

La diffĂ©rence entre les États-Unis et le QuĂ©bec

Les États-Unis traĂźnent cette rĂ©putation de maniaques des armes Ă  feu. Et c’est pas complĂštement sans fondement : il y aurait plus d’une arme par personne aux États-Unis en ce moment, de loin la proportion la plus Ă©levĂ©e au monde (au Canada, on parle de 0.3 armes par habitant).

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Mais les groupes quĂ©bĂ©cois insistent pour dire que notre rapport aux armes n’est pas le mĂȘme qu’au pays de l’oncle Donald : « Il y a une diffĂ©rence, c’est qu’ils ont le 2e amendement, qui protĂšge le droit de tous les citoyens de possĂ©der une arme Ă  feu », dit Guy Morin, de Tous contre un registre QuĂ©bĂ©cois des armes Ă  feu.

Les armes seraient donc vues aux États-Unis comme un moyen de se dĂ©fendre et de protĂ©ger sa propriĂ©tĂ© alors qu’ici, les armes serviraient davantage Ă  la chasse et aux loisirs.

Le registre des armes Ă  feu : l’ennemi dĂ©jĂ  abattu

Ce Ă  quoi s’opposent avec le plus de vigueur les groupes pro-armes au QuĂ©bec, c’est surtout le registre des armes Ă  feu. Il a Ă©tĂ© aboli au fĂ©dĂ©ral en 2012 par le gouvernement de Stephen Harper (je sais pas si vous vous en souvenez, il Ă©tait comme Justin Trudeau mais il trippait plus sur le pĂ©trole que sur Star Wars?) Le QuĂ©bec tente en ce moment d’ouvrir son propre registre, ce qui suscite une forte opposition de la part des propriĂ©taires d’armes.

Pourquoi?

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« On a eu un registre fĂ©dĂ©ral qui a coĂ»tĂ© trĂšs cher et qui a prouvĂ© qu’il Ă©tait complĂštement inutile » dĂ©clare fermement Guy Morin. Les coĂ»ts pour un registre quĂ©bĂ©cois sont estimĂ©s Ă  17 millions pour la mise en place et Ă  5 millions par annĂ©e par la suite.

Et pourquoi inutile? Parce que pour Guy Morin, le PPA (Permis de port d’armes) suffit dĂ©jĂ  amplement. Sans ce permis, on ne peut pas possĂ©der d’armes Ă  feu. On s’assure donc que les propriĂ©taires aient les qualifications requises. Et selon M. Morin, les policiers seraient dĂ©jĂ  forcĂ©s lors de leurs interventions de faire comme si le suspect est armĂ© en tout temps, puisqu’il pourrait possĂ©der une arme illĂ©gale de toute façon.

On juge qu’un registre servirait surtout Ă  faire l’inventaire des armes qui existent lĂ©galement au pays, et monsieur Morin craint qu’on ne s’en serve pour bannir des armes plus tard : « Un registre, ça sauve aucune vie, ça fait rien, c’est simplement une question de faire des saisies Ă  long terme. »

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Comment diminuer le nombre de victimes, alors?

Pour M. Morin (difficile de connaĂźtre l’avis de la NFA et de la CCFR puisqu’ils ont ignorĂ© nos demandes d’entrevue), la solution ne passe pas par davantage de rĂ©glementation, mais bien par davantage de suivi des individus Ă  risque. Il me raconte par exemple que Kimveer Gill avait un parcours bien connu en santĂ© mentale, et que selon lui, un suivi plus serrĂ© aurait pu aider Ă  prĂ©venir la tragĂ©die.

Il souligne aussi que la plupart des morts par balle sont en fait des suicides. Selon sa rĂ©flexion, mĂȘme si on enlevait toutes les armes, ces suicides se feraient autrement. On rĂ©duirait le nombre de morts par armes Ă  feu, parce qu’il n’y aurait plus d’armes Ă  feu, mais pas le nombre de morts.

Vraiment une question d’argent?

Reste qu’au terme de la discussion, l’argument qui revenait le plus contre le registre, c’était l’argent. Mais j’avais de la misĂšre Ă  croire que c’était tout. MĂȘme si la mesure ne sauvait qu’une poignĂ©e de vies au final, cela ne vaut-il pas les quelques dollars par citoyens que ça coĂ»terait? Je sentais qu’il y avait autre chose.

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Je vais Ă  la pĂȘche : est-ce que ça se pourrait qu’il y a derriĂšre ça un enjeu de libertĂ©? Bingo. « Je suis un petit peu libertarien. À partir du moment oĂč tu dĂ©sarmes une population, la population n’est plus en moyen de se dĂ©fendre. »

Et si finalement, nous n’étions pas si diffĂ©rents des AmĂ©ricains
 en dehors de nos lois?

Fait que là, qu’est-ce qu’ils veulent les groupes pro-armes?

Et si, finalement, on n’était pas si diffĂ©rents des AmĂ©ricains?

Pour lire un autre texte de Pier-Luc Ouellet, c’est ici!

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