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Qu’est-ce que ça sent, les pattes d’un chien (et autres questions pas vraiment existentielles, mais vraiment intéressantes)?

Entrevue avec l'autrice du roman La mort de Roi.

Par
Judith Lussier
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L’autrice Gabrielle Lisa Collard répond à des questions pressantes sur la réalité de nos poilus favoris, telles que pop-corn ou Doritos, l’odeur des pattes. Une entrevue qui a du chien! [Oui on est allés là. Sorry not sorry.]

Dans le roman La mort de Roi, l’alter ego de Gabrielle Lisa Collard s’enfonce dans une folie meurtrière après avoir perdu son fidèle compagnon. Malgré la description détaillée des homicides – teintés de la brillante plume de Gabrielle – c’est la mort de Roi, son chien, qui m’a tiré des larmes. Elle m’a rappelé les derniers jours de mon carlin préféré, et la fatalité qui guette notre plus jeune chasseuse d’écureuils. Comment en vient-on à accorder autant d’affection à des êtres qui, ailleurs dans le monde, sont perçus au mieux comme des parasites, au pire comme de la nourriture? Une entrevue qui ne répondra certainement pas à cette question existentielle, mais qui donnera peut-être un autre sens à l’expression « Ton chien est mort ».

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Dans La mort de Roi, tu évoques le fait d’adopter un chien quelques années avant la mort d’un vieux compagnon, pour que le deuil soit plus doux, ce que tu as fait dans la vraie vie. Est-ce que c’était une bonne décision? Chien de transition, yay or nay?

Yay, du moins dans mon cas. On a adopté une chienne de sept ans quand mon vieux en avait 13, et ça m’a énormément aidée à surmonter le deuil. Faut dire que mon vieux chien avait jamais été enfant unique; quand j’avais pas deux chiens, j’étais famille d’accueil pour des rescues. Il aimait la compagnie, ça le gardait jeune. Sa sœur de transition est pas mal moins grégaire et je pense qu’elle détesterait ça. Elle adore être le centre de l’attention. Elle vient d’avoir dix ans, et je doute fort qu’elle apprécie si la famille s’agrandissait. Donc, chien de transition : ça dépend.

Un grand débat sévit quant à l’odeur des pattes de chien. Certains disent qu’elle rappelle celle du pop corn, d’autres font plutôt référence aux Doritos régulières au fromage. De quel côté te ranges-tu?

Parle-moi de ça quelqu’un qui pose les vraies questions. Le peuple a le droit de savoir! Ceci dit, au risque de foutre la marde, moi je trouve que ça sent le beurre de pinottes.

Un article de Slate nous a récemment rassuré qu’on était normaux de vouloir manger les gens qu’on aime. Quelle partie de ton chien aimerais-tu pouvoir déguster? Comment l’apprêterais-tu?

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Hahahaha WOW. Les oreilles! Peut-être comme des nachos, genre cuites au four avec lime et chili, ou frites avec sucre-cannelle comme une queue de castor. Sinon, sa poitrine très tendre et sa truffe s’apprêteraient merveilleusement bien en salade tiède.

Dans ton roman, la vie animale semble avoir plus de valeur que la vie humaine. Si tu devais choisir entre ton chien et ton chum, qu’est-ce que tu choisirais?

J’ai lu cette question à mon chum et il s’est offert en sacrifice, so voilà qui règle le problème. Il va me manquer. On vient qu’on s’attache à ces petites bêtes-là.

À propos de l’expression « Vie de chien », quelle partie de la condition de vie des chiens trouves-tu la plus injuste?

Le fait qu’ils doivent chier en nous regardant dans les yeux, et celui qu’ils dépendent de nous, considérant qu’on est quand même les pires. Imagine être enfermée toute ta vie avec des grandes nouilles weird qui font juste se crosser, plier du linge pis regarder leur cell vingt heures par jour.

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Est-ce que c’est nous qui sauvons les chiens ou ce sont les chiens qui nous sauvent? Je te pose la question, mais après avoir lu ton roman, je me doute de ta réponse…

Même quand on les sauve en apparence, c’est définitivement eux qui nous sauvent, parce qu’on est à notre meilleur et à notre plus beau quand on s’efforce d’être digne de tout ce qu’ils nous donnent sans rien demander en échange.

Moi, ce qui me fascine chez les chiens qui vivent avec nous, c’est qu’ils mènent leur vie avec leur petite personnalité, prenant de petites décisions, comme aller se coucher sous un rayon de soleil à 15 h, ou décider que c’est l’heure de jouer. Quel trait de personnalité te fascine le plus chez ta chienne?

Arrête, j’obsède constamment sur ça, moi aussi! Dès qu’elle entre dans la pièce, je capote de penser qu’elle était ailleurs et a décidé de se déplacer après avoir whatever la version canine de pesé le pour et le contre. C’est magique. Sinon, je suis mystifiée par le fait que tous les soirs, à 23 h pile, elle vient nous voir pour aller marcher. Elle est toujours ponctuelle, même si nos horaires sont super irréguliers et qu’on la sort n’importe quand. Ça, et le fait qu’elle ne mange que la nuit et jamais dans son bol; elle donne plutôt un coup de patte dedans pour envoyer les croquettes par terre et les manger une à une. C’est adorable et bruyant.

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Finalement, qu’est-ce que tu penses de l’expression « Ton chien est mort »?

Hahaha! C’est clairement pas un amoureux des chiens qui l’a inventée. C’est super banal comme expression, tu pourrais facilement la swapper pour « ah ben, too bad », et pourtant la mort d’un chien est la pire osti d’affaire. Imagine dire quelqu’un dont le micro-ondes vient de lâcher ou l’équipe sportive préférée de perdre : « Ooon. Ta mère est atteinte d’une maladie incurable! »