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Ce qui nous restait des derniers mois : une population plus engagée ou – du moins – plus intéressée (autant du côté des «verts» que des «rouges»), des souvenirs d’une violence inouïe, des bananes, des pandas et, surtout, de beaux gros clichés lancés sur le coup de l’émotion et qui, mine de rien, demeurent aujourd’hui; plus gros, plus gras. Quand les raccourcis intellectuels pavent la voie royale, il y a de quoi s’inquiéter.
Deux exemples récents…
Ce week-end, Arielle Grenier et Réjean Breton ont commenté le fameux Sommet sur l’éducation supérieure sur les ondes de Radio X. Bien sûr, vous me direz que, déjà là, ça ne devrait pas voler haut (et un premier cliché!), mais j’ai tout de même été surpris par le ton – très posé, à des kilomètres de l’image colportée par les Monette et compagnie – jusqu’au moment où l’ancien professeur de droit aborde la crise étudiante. Cliquez ici pour télécharger l’intervention. Ce que je mentionne commence à 9:15.
Dans un soliloque où M. Breton semble emprunter la voix de Voldemort au passage (surtout entre 10:45 et 11:30, ça en est caricatural), celui-ci se demande, en gros, comment il se fait qu’il n’y ait pas de sommets, ni de bouleversements du genre ailleurs qu’ici, là où «ceux-qui-ne-savent-pas» (les carrés rouges, j’imagine) prennent la place de «ceux-qui-savent-et-qui-décident». Il se désole qu’on présente les recteurs comme des «irresponsables» et, du même souffle, invalider l’engagement de certains partisans – les «cégépiens-dans-la-rue» et «les-deux-de-pique», notamment – car «ils ne l’ont jamais fréquenté».
En plus d’accuser Radio-Canada de fourrer ses micros dans la gueule de ces manifestants, ceux qui font pâlir notre étoile à l’internationale (pourtant, Montréal a connu une excellente saison touristique l’été dernier, mais bon), M. Breton mentionnera un peu plus tard que la majorité des universitaires pourraient éviter l’endettement… en étudiant tout en demeurant chez leurs parents, d’où le fait que l’ensemble de la société ne devrait pas faire les frais de leurs parcours et choix de vie.
Quoique de l’autre côté du piquet de grève, ce n’est pas nécessairement plus sensé…
Il y a quelques jours, La Clique du Plateau dévoilait une vidéo YouTube de The Love Police Montreal, un collectif militant de gauche, où on invective un garde du corps accompagnant une équipe de tournage de Radio-Canada, l’accusant – en utilisant un vocabulaire particulièrement grossier et une approche fielleuse tout en le filmant de très, très près – d’inciter à la violence tout en qualifiant la SRC de «télé fasciste» et de «média complice».
Coudon’, Radio-Canada est dans quelle tranchée finalement!?
Blague à part, ces exemples sont plutôt extrémistes et pas toujours édifiants, mais démontrent tout de même bien jusqu’à quel point le dialogue s’est tordu à s’en briser et a laissé place à des camps cantonnés qui se balancent raccourcis, sophismes et provocations en pleine figure en espérant qu’ils touchent la cible.
Déjà que limiter les manifestations de l’année dernière à une poignée de «cégépiens» est incroyablement réducteur, mentionner en ondes que ceux-ci n’ont pas complètement évalué la problématique avant de se jeter dans l’arène tient de l’allumage de sac de papier rempli d’excréments sur le tapis d’entrée du voisin. Bien sûr, certains rassemblements comptaient sur leur lot de têtes brûlées, mais celles-ci se glissent aussi dans de nombreuses autres sphères (si ça se trouve, je suis, à mon tour, le type louche du bureau et je ne le sais pas). Oh, et si je peux me permettre, M. Breton, je peux vous assurer que même en voyageant matin et soir de la demeure de mes parents à Sorel-Tracy jusqu’au campus de l’Université de Montréal, je me serais retrouvé avec une dette aussi inquiétante à la fin de mes études.
De l’autre côté, qualifier de «fasciste» une équipe de tournage parce qu’elle est accompagnée d’un garde du corps (plutôt calme, compte tenu de la situation), n’est pas plus édifiant. Pire encore, ça étiole la sympathie du grand public qui s’est quand même joint aux étudiants au printemps et pourrait même être tenté de frapper le bitume à nouveau lors de la grosse manif’ de demain.
Ça me désole que, des mois plus tard, tout ce qu’on a retenu, ce sont des slogans et des vannes anémiques.
Encore là, est-ce que ça s’applique seulement à l’impact du Printemps Érable? Si j’en crois les réactions sur les réseaux sociaux lors de la tenue du congrès d’Option Nationale, on n’a plus que l’excuse des 140 caractères pour penser petit.
Brève mention du congrès d’Option Nationale car j’imagine que M. Aussant y reviendra lors de son passage de cette semaine sur le blogue Urbania…
Ainsi, on a notamment reproché à la jeune formation politique de vouloir lancer une milice digne du FLQ avec son projet d’armée en plus de minimiser l’engouement autour du discours de Jacques Parizeau en rappelant qu’il a également fréquenté – en 1968 (!) – le mystérieux groupe élitiste Bieldeberg. Prendrez-vous un peu d’exagération avec votre café? Pourquoi pas…
Et du côté des fleurs, ce n’était pas nécessairement plus édifiant, en plus de condamner le choix d’angle de La Presse pour UN article – celui portant sur le salaire du chef d’O.N., bien évidemment – d’une série de textes et de capsules vidéo couvrant l’ensemble de l’événement, ce photomontage d’un fan du parti a aussi refait surface…
Moi qui croyais qu’on tentait d’éviter le point Godwin lors de joutes verbales. Non seulement, on semble maintenant tenir des courses pour l’atteindre le plus rapidement possible, mais on invente un nouveau : ce que Lévesque aurait pensé. Est-ce que René aurait été pour ou contre le Printemps Érable? Aurait-il joué au billard avec M. Aussant?
Je suis un peu déçu de nous tous et alors que les préparatifs pour un second round se trament, j’ai comme l’impression que le niveau d’intelligence du prochain débat entre les différents intéressés sera malheureusement bas…