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Au Québec, les potins sont fins

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Il n’y a qu’un contexte dans lequel je m’informe des potins concernant les stars : c’est quand je tourne en rond dans un aéroport, tellement anxieuse à l’idée de prendre l’avion que je ne sais plus trop ce que je fais et que je finis par acheter une revue dont j’ai peine à croire la couverture.

“30 Year Gay Secret”, ou “comment ne pas penser aux turbulences en avion”.

S’il ne s’agit personnellement pas de mon sujet favori, l’industrie des potins n’est pas en manque de consommateurs.

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Suffit de regarder le présentoir de magazines à l’épicerie : stars et bouffe sont pas mal les deux thèmes pour lesquels on n’a pas besoin de chercher un commerce spécialisé en magazines pour avoir ce que l’on veut. Et c’est sans compter les multiples plateformes internet dédiées à ce sujet!

Les stars américaines occupent souvent le haut du pavé en termes d’attention médiatique, mais ce n’est un secret pour personne qu’au Québec, on veut aussi savoir ce qui arrive à nos vedettes. Il me semble toutefois que les nouvelles sont considérablement moins trash ici qu’aux États-Unis.

Par exemple, si, le 30 août dernier, on allait sur le site américain de Star Magazine, on était confrontés aux nouvelles suivantes :

  • Kim Kardashian a porté un ensemble qui laissait voir ses mamelons (vidéo à l’appui!);
  • Selena Gomez arrête temporairement ses concerts pour anxiété et dépression (Bieber est-il à blâmer??);
  • Une galerie de photos prises par un paparazzi d’un nouveau couple sur un bateau;
  • La fille qui se serait fait menacer avec un gun par Chris Brown livre sa version des faits;
  • Kanye West et Kim Kardashian ont amené leur enfant s’acheter un chiot (pour le distraire des problèmes conjugaux de ses parents?);
  • La famille Beckham a l’air pas de bonne humeur à l’aéroport (probablement une séparation imminente).
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Le même jour, sur le site de HollywoodPQ :

  • Marie-Chantal Toupin vous invite à sa soirée de quilles;
  • Cœur de pirate fait recouvrir le tatouage portant le nom de son ex;
  • Pamela Anderson est dans le nouveau clip de Julien Doré;
  • Mariage d’Éric Caouette du duo 2Frères;
  • Maïka Desnoyers reçoit une superbe bague pour sa fête de son chum Étienne Boulay;
  • La Voix commencera plus tard qu’à l’habitude.

La version québécoise des potins du 30 août est décidément plus positive (et moins chargée de sous-entendus!).

Évidemment, on peut se dire que ces différences portent sur le fait que le star-système américain est surdimensionné, que quelqu’un est forcément toujours en train de faire une connerie en quelque part, et que c’est même encouragé pour l’avancement d’une carrière.

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Mais la différence est aussi dans le traitement fait par les journalistes. Prenons, par exemple, la fameuse nouvelle de l’an passé sur Joël Legendre. Elle offrait amplement assez d’éléments pour qu’on imagine sans peine comment un site dédié aux potins de stars aurait pu la monter en épingle et rouler dessus pendant des mois. (Je suis sûre que vous pouvez penser à au moins cinq titres trash à donner à l’article.)

Comment HollywoodPQ en a-t-il parlé? L’article s’intitulait tout simplement Joël Legendre suspend ses activités professionnelles, et consistait principalement en un copier-coller du message que l’artiste avait publié sur son mur Facebook. Quand le Journal de Montréal avait sorti les premières accusations voulant que Joël Legendre s’était masturbé en public, HollywoodPQ avait écrit : “Honnêtement, on n’a même pas envie de commenter l’affaire… On peut passer à autre chose? On rappelle à tout le monde qu’il y a des sujets pas mal plus importants au Québec, en ce moment (comme la raclée politique que Pierre Karl Péladeau est en train de se prendre à l’approche de l’élection du prochain chef du Parti Québécois. Tiens, tiens…)” (Donnant quand même un brin l’impression que les mandats étaient inversés ici entre les deux publications.)

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J’ai l’impression qu’aux États-Unis, la salle de rédaction au complet se serait fait renvoyer pour manque d’audace et refus de presser le jus de ce citron. Imaginez ce qu’en aurait fait un Perez Hilton, qui est capable d’accompagner un bête article sur la diète de Kim Kardashian de cette photo!

Mais voilà, le public québécois n’est pas le public américain.

Sandrine Vincent, rédactrice en chef d’HollywoodPQ, nous le confirme. “Le bitchage, ça ne marche pas au Québec, contrairement à ce qui se fait ailleurs, notamment dans les tabloïds anglais et américains. Les gens sont très attachés à leurs vedettes et n’aiment pas qu’on les critique. On tente de garder un équilibre lorsqu’une mauvaise nouvelle sort à propos d’un artiste et de rédiger nos textes pour qu’ils soient le plus empathiques possible. C’est pour cette raison qu’on jouit d’une bonne réputation auprès des artistes. Cela dit, on ne s’empêchera pas de sortir une nouvelle sous prétexte qu’elle peut faire de l’ombre à une star ‘aimée’ du public. ”

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D’ailleurs, dans les nouvelles qui attirent le plus de lecteurs sur HollywoodPQ, on trouve… les nouvelles sur les films, pièces musicales ou émissions à venir, les mariages, les bébés, les nouveaux couples et les ruptures.

Rien de trop malsain!

Il faut dire qu’au Québec, contrairement aux États-Unis, les chances de croiser par hasard une star à l’épicerie sont quand même élevées. Ça doit bien changer la donne, de travailler dans un bassin de seulement 8 millions de personnes? “Je crois que travailler dans un petit marché pose plus d’avantages que d’inconvénients. Les stars sont en effet plus accessibles qu’aux États-Unis, sans aucun doute. Elles sont plus ouvertes à discuter de leur vie professionnelle et personnelle et à prendre des photos. Certaines sont plus privées et on respecte cela. C’est sûr que lorsqu’on a une bonne relation avec des vedettes, c’est plus difficile de sortir une mauvaise nouvelle sur elles. Sauf que quand c’est out dans les médias, on n’a pas le choix d’en parler. Malheureusement on ne peut pas toujours plaire à tout le monde. Critiquer une Kim Kardashian complètement inaccessible, c’est beaucoup plus facile qu’une vedette avec qui on a jasé sur un tapis rouge quelques jours avant.”

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Parmi les qualités recherchées chez les journalistes et collaborateurs d’HollywoodPQ, il y a avant tout une passion pour la culture, et évidemment une culture générale très à jour sur ce qui se fait au Québec et à l’international. “Ça permet d’anticiper ce qui risque de buzzer dans les prochaines semaines/mois. Je ne pense pas que l’industrie du showbizz et des ‘potins’ attirent une personne type, mais il faut aimer fouiner sur Internet, passer beaucoup (trop!) de temps sur les réseaux sociaux et devant la télé.”

Et évidemment, certaines vedettes amènent plus couramment de l’eau au moulin que d’autres, surtout celles qui partagent davantage leur vie sur les réseaux sociaux (on pense entre autres à Laurie Doucet ou Cœur de pirate).

Fait qui me surprend : Sandrine Vincent affirme que le public envoie énormément d’informations concernant les vedettes à ses journalistes, et que jusqu’à maintenant, il n’y a eu aucune tentative de passer de fausses informations pour partir des rumeurs. De toute façon, l’info ne se rendrait pas sur le site, assure-t-elle. “On vérifie toujours nos sources et ne publie pas à moins de preuves solides. C’est capital pour nous! On pense souvent à tort que travailler dans l’industrie des médias ‘à potins’ signifie une mauvaise éthique de travail, mais au contraire nous redoublons de vigilance lorsqu’il s’agit de la vie privée des personnalités publiques.”

Et ils font bien. Après tout, une armée de commentateurs internet prêts à prendre la défense de tout un chacun n’est jamais loin au Québec…

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