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Que le vrai gars se lève

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Je suis chez Lui. Sur le bol de toilette, une copie de L’Actualité avec, en couverture, le beau Claude Legault et, comme grand titre, «Le retour du vrai gars». À la fois dur et sensible.
Je me précipite dessus.
En l’ouvrant, je tombe sur un test portant sur les «100 habiletés de l’Homo Quebecus». Bref, l’équipe de L’Actualité a identifié 100 critères permettant de reconnaître un vrai mâle québécois en 2010.
Parmi ces critères, on retrouve des choses essentielles, du genre:
– se stationner en parallèle
– changer un pneu crevé
– voir venir et gérer les SPM de sa blonde
– écouter sa blonde raconter sa journée et avoir l’air intéressé
– savoir griller la viande sur le barbecue sans la calciner
– connaître les règles du poker
– connaître le nom d’au moins 10 joueurs du Canadien de Montréal
– maîtriser la «?voix de papa?»
– être galant
– lancer un ballon de football correctement
– écorcher et rôtir un lapin
– casser une fenêtre sans se couper
– être un bon amant
– Etc., etc., etc.
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Avec de tels critères, mettons qu’un homosexuel aurait peu de chances d’être considéré comme un vrai mâle. Et un aveugle handicapé? À peu près nulles.
Imaginons deux minutes que je sois tombée sur un numéro du Elle Québec avec, en couverture, Marie-Josée Taillefer, et comme grand titre : «Le retour de la vraie femme». À la fois douce, compréhensive, maternelle et surtout, bonne cuisinière.
Imaginons qu’à l’intérieur, j’y aurais trouvé un test. Un test du genre «Les 100 habiletés de la femme québécoise». Avec des catégories aussi essentielles que :
– budgeter l’épicerie
– changer des couches
– laver blanc
– tresser des cheveux
– cuire une dinde de Noël
– maîtriser la voix «douce et réconfortante» de maman
– être capable de se mettre du vernis à ongles sur sa main droite, même quand on est droitière
– savoir garder son calme quand son chum essaie pendant 10 minutes de faire un parallèle
– connaître le nom d’au moins 10 comédiennes de Virginie
– avoir lu tout le répertoire de Marie Laberge.
– faire de bonnes pipes
– Etc. etc. etc.
Si un magazine féminin avait pondu un tel test, les féministes seraient montées aux barricades. Françoise David aurait tilté et Geneviève Saint-Germain aurait enfin eu son heure de gloire à la télé.
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Alors, comment se fait-il qu’en 2010, un magazine québécois aussi noble que L’Actualité puisse penser que ce genre de test est encore d’actualité? Qu’il n’est pas un pied de nez à toutes les féministes qui ont lutté pour une répartition équitable des tâches et pour une redéfinition des rôles sociaux? Comment se fait-il qu’un membre de la rédaction ne se s’est pas arrêté à un moment donné pour dire : «Heille. On devrait arrêter ça, ce test-là. Être un gars, c’est plus que savoir se stationner en parallèle» ou «eille, c’est pas parce que Claude Legault joue un bum sensible dans tous ses films que c’est un vrai gars.» Come on!
À quand un test permettant d’évaluer les 100 habiletés d’une équipe de rédaction au Québec, hein?
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