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Quand le pétrole va, tout va

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Depuis plusieurs jours, voire plusieurs mois, le bon peuple s’insurge contre les prix à la pompe qui ne cessent de grimper. Les consommateurs ont l’impression – avec raison – de se faire encu… euh, pardon, de se faire « prendre par derrière » par les compagnies pétrolières. Or, que font les automobilistes à part chialer?

Aucun conducteur de bagnole ne semble prêt à changer ses bonnes vieilles habitudes. Combien de gens continuent à avoir 2, 3 et même 4 voitures dans leur cour, une pour chaque habitant du bungalow ? Combien de messieurs et de mesdames tout le monde s’entêtent à se rendre au boulot avec leur VUS, pestant chaque semaine que cela leur bouffe la moitié de leur paye ? On réclame des gouvernements qu’ils interviennent, qu’ils mettent leur culotte et un frein à l’explosion des coûts de l’essence. Or, si vraiment le gouvernement voulait se montrer courageux, poser une action concrète dans ce dossier et faire bonne figure, ce qu’il devrait faire n’est pas d’imposer un plafond sur le prix du gaz, mais plutôt d’utiliser les milliards de dollars récoltés en taxes sur l’essence pour améliorer les systèmes de transport en commun et les réseaux de pistes cyclables. Là, on parlerait d’une vraie solution durable. Mais je sais, c’est utopiste de croire que cela se produira un jour, étant donné la pression qu’exercent les lobbys du pétrole sur nos élus. Voilà pourquoi il faut que le changement vienne « d’en dessous », de la base de la pyramide. De nous.

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Personnellement, j’ai fait le choix de ne pas avoir de voiture. Pour tout dire, je n’ai même pas de permis. Et que personne ne vienne m’accuser de « maudite montréalaise pour qui, on sait ben, c’est facile de se passer de char parce qu’elle a accès au métro pis à des bus qui passent aux 10 minutes ». Que je n’en entende pas un me servir cet argument parce que premièrement, ce n’est pas vrai que les bus passent aux 10 minutes – combien de fois je me les suis gelé à attendre un bus qui n’a jamais daigné se pointer – et que deuxièmement, j’ai passé mon adolescence et le début de ma vie d’adulte en région et même là-bas, dans cette contrée éloignée, mon vélo, mes pieds et moi-même avons réussi à très bien nous démerder. Ça nous a pris beaucoup de volonté par contre. De la patience aussi. Énormément de patience. Mais on a tenu bon.

Il est clair que de ne pas avoir de voiture demande des compromis et des efforts. Mais honnêtement, je vois très peu de désavantages à mon statut de non-automobiliste. Peut-être que le jour où j’aurai des enfants à aller porter à la garderie, je changerai d’avis, mais qu’on ne vienne pas me faire croire que les conducteurs qui ont tant de difficulté à se départir de leur véhicule et à changer leurs comportements en matière de transport sont tous des pères et des mères de familles nombreuses qui ont absolument besoin d’un sept passagers pour traîner leur tribu d’un bout à l’autre du village. La majorité des gens optent pour l’automobile par habitude, par paresse et, dans une certaine mesure, par cynisme. Plusieurs se disent que le fait de ne plus prendre leur Jeep ne fera pas grand différence dans la lutte contre le réchauffement climatique, alors à quoi bon s’en priver. C’est faux. Ça peut faire une différence. C’est ainsi que commencent les révolutions : avec des gestes individuels, d’abord isolés, puis, de plus en plus répandus.

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J’aurais encore mille choses à dire sur le sujet, mais un blogue de 50 feuillets finit par perdre de son intérêt, alors je vous laisserai simplement réfléchir par vous-mêmes à cette question en vous proposant les quelques articles qui ont nourri ma propre pensée. D’un côté, on trouvait dans les quotidiens de ces jours-ci des papiers sur le mécontentement des consommateurs en raison des prix de l’essence et des prédictions plus ou moins encourageantes concernant l’avenir de la voiture. De l’autre, on pouvait lire les lettres ouvertes de plusieurs cyclistes, ici et ici, et des articles concernant l’impunité des automobilistes responsables des accidents de la route impliquant des cyclistes. Intéressant, n’est-ce pas, que les citoyens conscientisés qui essaient de faire leur part pour leur environnement et pour leur propre santé en enfourchant leur bicyclette meurent au bout de leur sang et de leurs convictions, parce que des automobilistes étourdis n’ont pas pris la peine de regarder attentivement avant d’ouvrir leur portière ? L’image parle d’elle-même.

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