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Quand la pop valse avec la musique classique
URBANIA et l’Orchestre symphonique de Laval s’unissent pour vous offrir quelques pièces populaires s’inspirant de grands succès classiques.
Écouter de la musique pop ou rock ne signifie pas qu’on ne connaît pas la musique classique et ses grands hits. Même que de nombreux musiciens bien-aimés de notre époque aiment rendre hommage aux grands compositeurs dans leurs propres chansons. C’est la preuve ultime que la musique classique fait encore partie de notre quotidien et qu’elle demeure plus pertinente que jamais.
La preuve? Les quelques exemples ci-dessous, tirés de quelques-unes des plus grandes chansons populaires d’ici et d’ailleurs. Pouvez-vous en nommer d’autres?
The White Stripes – Seven Nation Army (avec Bruckner)
Jack White a passé son enfance à écouter de la musique classique avant de découvrir les grands groupes rocks comme Pink Floyd et Led Zeppelin. Lorsqu’il crée son premier groupe, The White Stripes, il marque l’histoire avec le riff, simple mais légendaire, de la chanson Seven Nation Army, en 2003.
Cette chanson parmi les plus grandes de tous les temps (en 36e position, selon le magazine Rolling Stone) n’existe pas uniquement en raison du talent brut de Jack et de Meg White. La Symphonie no 5 de l’Autrichien Anton Bruckner y est aussi pour beaucoup, plus précisément le thème des mouvements 1 et 4.
La preuve que sept notes peuvent marquer l’histoire de la musique, aussi bien classique que populaire!
Lady Gaga – Alejandro (avec Monti)
Question aux fans de Lady Gaga : aviez-vous déjà reconnu les origines de l’ouverture de la chanson Alejandro, troisième single de son album The Fame Monster (2009)?
Les premières notes au violon sont directement tirées de la rhapsodie Czardas, composée par l’Italien Vittorio Monti, lui-même inspiré par une danse hongroise folklorique aussi appelée czardas. Cette pièce est la plus connue du répertoire du compositeur.
Sans oublier que Gaga semble avoir une affection particulière pour la musique baroque, comme nous le prouve notamment l’ouverture de son vidéoclip de Bad Romance, où s’intègre la Fugue en si mineur de Bach. Tout cela contribue certainement à l’esthétique « dramatique » que la pop star affectionne tant.
Mika – Grace Kelly (avec Rossini)
L’artiste ne s’en est jamais caché, son hit planétaire et hymne à la liberté est basé sur l’aria « Largo al factotum », tiré de l’opéra Le Barbier de Séville, de Rossini. On y reconnaît notamment la rythmique du célèbre air, mais aussi la reprise de quelques accords. Le chanteur populaire désirait créer une chanson en réponse à tous les producteurs qui désiraient le faire entrer dans un moule pour ressembler à d’autres, connus avant lui.
« Largo al factotum » est l’aria qui présente au public le personnage de Figaro pour la première fois de l’opéra. En plus de la chanson de Mika, cet air faisait déjà partie de la culture populaire, notamment en raison de la répétition multiple du « Figaro, Figaro, Figarooo » que vous reconnaissez sans doute. L’aria, techniquement difficile à chanter, a aussi été reprise dans de nombreux films.
Céline Dion – All By Myself (avec Rachmaninov)
Si les œuvres mentionnées jusqu’ici se sont simplement inspirées d’œuvres classiques, la célèbre chanson de Céline Dion All By Myself semble avoir littéralement copié le Concerto pour piano no 2 de Rachmaninov. D’abord créée par Eric Carmen en 1975, la plus célèbre des chansons en anglais de Céline Dion est aussi l’une des plus difficiles à chanter de tout son répertoire, marquant ainsi la culture populaire depuis 1995.
Le compositeur d’origine croyait à tort que le thème du second mouvement du concerto appartenait désormais au domaine public et qu’il pouvait l’utiliser. Il faut attendre 75 ans après la mort d’un compositeur que son œuvre devienne publique, mais Rachmaninov n’est décédé qu’en 1943… Eric Carmen était donc bien loin du compte, et l’utilisation du concerto doit donc être perçue comme une forme de plagiat.
Mais tout cela n’a pas empêché All by Myself d’avoir une belle course et de toucher les cœurs des gens partout sur la planète.
The Beatles – Because (avec Beethoven)
Beethoven est sans doute l’un des compositeurs dont les œuvres sont le plus interpolées dans des tubes, et ce, depuis longtemps. Qui ne se souvient pas de l’air de la cinquième symphonie de l’artiste allemand réimaginé en version disco dans La fièvre du samedi soir, avec John Travolta?
Le groupe rock le plus adulé de tous les temps aussi s’est inspiré de Beethoven. L’histoire raconte que Yoko Ono jouait au piano la célèbre Sonate no 14 en do dièse mineur, opus 27 no 2 de Beethoven, dite Sonate au Clair de Lune, quand John Lennon l’a interrompue et lui a demandé de rejouer la mélodie… à l’envers! La chanson Because a ainsi vu le jour pour ensuite figurer sur l’immortel album Abbey Road (1969).
Et il ne s’agit pas d’un cas unique dans la carrière des Beatles. Le groupe, en plus de s’inspirer de cultures musicales variées, aimait intégrer à ses chansons celles d’autres compositeurs, comme Vivaldi (Eleanor Rigby), Brandenburg (Penny Lane) et Bach (Blackbird). L’amour de Paul McCartney pour la musique classique ainsi que la touche magique du producteur George Martin auront permis au groupe d’immortaliser encore plus solidement ces succès d’une autre époque.
Pas étonnant que le Festival classique hivernal, organisé par l’Orchestre symphonique de Laval, ait consacré sa première édition à Beethoven!
Il faut admettre que sans nécessairement nous en rendre compte, nous continuons d’écouter de la musique classique tous les jours. Et celle-ci est beaucoup plus accessible qu’on pourrait le croire.
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Vous pouvez d’ailleurs plonger dans ce répertoire à deux pas de chez vous! L’Orchestre symphonique de Laval présente sa deuxième édition du Festival classique hivernal en février 2023, en plus de sa programmation habituelle, riche d’une multitude de concerts variés.
Votre curiosité est piquée? Apprenez-en plus ici!