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Quand la COVID est plus forte que les petits gyms

Comment le proprio de Mon Gym Privé entrevoit la fermeture temporaire de son entreprise.

Par
François Breton-Champigny
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Depuis ce matin, au tour des gyms de fermer à nouveau leurs portes jusqu’au 28 octobre (au moins), à l’instar des théâtres, des cinémas et des salles de spectacle.

Si cette annonce a dû faire grincer des dents les Nautilus Plus, Énergie Cardio et autres gros joueurs de la gonflette, les petits gyms indépendants l’ont pour leur part reçu comme une véritable claque dans la face, au moment où ils essayaient de se relever après le tsunami de la première vague.

Pour en parler, on a rencontré Michaël Couture, propriétaire de Mon Gym Privé, qui offre (vous ne le devinerez jamais) des cours d’entraînement privés à ses membres.

Michaël Couture
Michaël Couture
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Taper sur le mauvais clou

Dans le local en «L» au premier étage d’un nouveau développement de condos sur la rue Iberville, Michaël Couture nous consacre sa seule pause de la journée, entre plusieurs sessions d’entraînement, quelques heures avant l’entrée en vigueur des nouvelles consignes. « C’est la folie depuis la conférence de presse. On a reçu énormément d’appels et de messages de gens qui veulent s’entraîner ici parce que leur gros gym ferme et ils pensent qu’on va rester ouvert. Mais non. On y a passé nous aussi! », lance d’emblée l’entraîneur, avec une pointe de déception dans la voix.

Le gym « 100% privé » accueille en temps normal des personnes désirant se mettre en shape à l’abri des regards. Même à l’époque pré-COVID-19, les cours étaient donnés à deux personnes maximum à la fois « pour vraiment donner notre pleine attention au client et personnaliser notre approche le mieux possible avec lui », explique Michaël, dont la clientèle est constituée majoritairement de néophytes de la fonte et d’artistes connus en quête d’un peu d’intimité.

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À la tête de deux succursales (une autre se trouve dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve), Michaël vient de souffler les quatre bougies de Mon Gym Privé. « On aurait aimé ça faire un gros party avec tous nos clients, mais la pandémie en aura décidé autrement ».

«Ça a pris un petit moment pour que la clientèle revienne nous voir. Ça a fait mal au cashflow, disons.»

Durant la première vague, l’homme d’affaires a dû cadenasser la porte de ses gyms de mars à la fin juin. « On a trouvé ça rough d’être pratiquement les derniers à rouvrir après les restaurants, les salons de coiffure et tout le reste. Ça a pris un petit moment pour que la clientèle revienne nous voir. Ça a fait mal au cashflow, disons» , admet Michaël.

Au lieu de baisser les bras, Michaël et les trois autres entraîneurs permanents du gym se sont retroussés les manches. «On a ajouté des mesures sanitaires, comme réduire de cinq minutes chaque séance pour éviter que les clients se croisent et se donner le temps de nettoyer tout l’équipement».

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Les affaires recommençaient juste à aller de bon train, jusqu’à ce que l’annonce gouvernementale leur fasse un croc-en-jambe. «Je ne cacherai pas qu’on était fâchés, déçus et confus», lâche l’entrepreneur, qui s’explique bien mal pourquoi d’autres services comme les salons de coiffure restent ouverts.

« On a appelé les autorités gouvernementales pour essayer de comprendre la raison derrière cette décision, mais on n’a pas eu de réponse claire. Elles semblaient elles-mêmes confuses à propos de la marche à suivre. »

Un service essentiel pour une bonne santé mentale

Michaël croit que le droit de dépenser de l’énergie dans un gym devrait être reconnu comme un service essentiel. « Il y a des gens pour qui c’est thérapeutique de faire ce type d’exercice. À petite ou moyenne échelle, ça peut littéralement changer la vie des gens d’aller s’entraîner », estime-t-il.

L’entraineur déplore que des personnes avec des troubles anxieux ou physiques qui trouvaient un répit à leurs souffrances quotidiennes dans un gym ne pourront plus avoir accès à ce service pour les prochaines semaines. « Tous les progrès que ces personnes ont faits vont en prendre une méchante claque. C’est triste de constater ça comme entraîneur ».

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Malgré ce revirement crève-coeur, Michaël et ses collègues ne comptent pas abandonner leurs clients. « On prévoit faire des entraînements en direct sur nos réseaux pour qu’ils puissent garder la forme. On va aussi prêter gratuitement du matériel à certains d’entre eux pour qu’ils l’apportent à la maison ».

«Juste savoir qu’on a encore un impact positif sur la vie des gens même si on ne les voit pas en personne, ça ferait mon bonheur», résume Michaël.

Pour encourager son entreprise, l’entrepreneur aimerait que ses abonnés continuent de bouger dans la mesure du possible et qu’ils soient prêts à suer le méchant lorsque Mon Gym Privé rouvrira ses portes à nouveau. Une bonne fois pour toutes idéalement. « Juste savoir qu’on a encore un impact positif sur la vie des gens même si on ne les voit pas en personne, ça ferait mon bonheur », résume Michaël.

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Comme le célèbre dicton le dit si bien, «Cent pushups par jour éloignent le médecin pour toujours». Right?