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Quand des chercheurs du MIT jasent de Laval

Un parc du futur bientôt dans notre présent.

Par
Mélanie Loubert
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Imaginez Laval en plein hiver, à l’angle de l’autoroute 15 et du boulevard Saint-Martin. Encadré du Cinéplex et du Centre Laval vide, un immense tas de neige trône au milieu de quatre millions de pieds carrés, désolant par sa couleur grisâtre qui rappelle les plus sombres journées d’hiver.

Dans mes rêves d’enfant les plus fous, je m’imaginais une immense glissade sur tube qui finissait en folie sur le lac glacé. Par contre, j’étais loin, bien loin de m’imaginer en quoi allait se transformer ce terrain vague quelques années plus tard.

Parce que voilà : ce triste espace est en voie de se transformer en un quartier vert où se retrouveront un grand parc urbain à la fine pointe de la technologie, des habitations et des entreprises. Et c’est là que les chercheurs du prestigieux Massachusetts Institute of Technology (MIT) entrent en scène.

Comment ça?

« Laval » et « progrès » dans la même phrase

Il est 17h30, je suis encore à moitié en pyjama (on est en télétravail OK?), et je suis en appel Zoom avec quatre personnes, dont Stéphane Boyer, vice-président du comité exécutif et conseiller municipal de Laval et un chercheur au Senseable City Lab du MIT, Ricardo Alvarez. Pendant l’entrevue, on passe du français à l’anglais, des rires au sérieux et chacune de mes questions est répondue avec passion.

Le Carré Laval n’aura peut-être pas de glissade géante, mais quand on me dit qu’on pourrait y retrouver un grand lac et qu’on vise un espace carboneutre, c’est dur d’être déçue!

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C’est que tous sont fébriles : après des mois de travail et de collaboration entre la ville de Laval, des groupes citoyens, des étudiants et chercheurs du MIT, leur projet est finalement dévoilé. Le Carré Laval – c’est son nom – n’aura peut-être pas de glissade géante, mais disons que quand on me dit qu’on pourrait y retrouver un grand lac et qu’on vise un espace carboneutre, c’est dur d’être déçue!

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Se voulant un quartier de l’innovation, cet espace sera utilisé pour tester différentes manières d’améliorer la qualité de vie citoyenne. Stéphane Boyer explique : « des fois, on vit dans des paradigmes. On fait les choses pour une raison et quand ça fonctionne bien, on les réplique et on reproduit tout le temps la même façon de faire. Au fil du temps, les enjeux changent et des fois il faut prendre un temps d’arrêt pour repenser et se demander est-ce que c’est toujours la bonne façon de faire? […] Ce carré-là, ça va être l’opportunité d’avoir une page blanche, d’être créatifs. »

Un système d’intelligence artificielle pour pimper vos ballades à vélo. Crédit : Ville de Laval
Un système d’intelligence artificielle pour pimper vos ballades à vélo. Crédit : Ville de Laval
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Depuis 2015, la ville de Laval travaille fort à redorer son image. Entre son passé teinté de corruption, ses centres commerciaux érigés en fleurons de l’île Jésus et son Cosmodôme aux couleurs douteuses, sa réputation en prend souvent pour son rhume. Dans cet effort pour défaire les opinions négatives, la ville a consulté sa population et a conclu que la force de l’île était que Laval est « urbaine de nature, elle concilie l’environnement et le fait qu’on est une jeune ville, assez dynamique et assez moderne » explique le conseiller municipal.

C’est donc dans ce contexte que s’inscrit le projet du carré Laval. Mais la ville ne pouvait pas travailler seule.

Massachusetts PQ

Pour réaliser ses rêves, elle s’est associée en 2019 au Senseable City Lab du MIT. Ce laboratoire d’imagination urbaine et d’innovation sociale aide plusieurs villes par année à imaginer des projets innovants grâce à la science et au design.

Ricardo Alvarez est un des deux professeurs responsables du cours qui a permis aux étudiants de MIT de développer les idées du projet. Il est également chercheur dans cette même université. Même à travers un écran, son enthousiasme est contagieux.

L’agriculture est un secteur d’activité important de la municipalité, ainsi, ce premier projet vise à mettre de l’avant cet atout.

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Il m’explique comment lui et son collègue ont travaillé en collaboration avec six élèves du MIT et de Harvard pour arriver à élaborer 6 idées qui répondent chacune à un enjeu différent. Parmi celles-ci, on retrouve des kiosques de cuisine « intelligents » reliés à des producteurs agricoles et des fournisseurs de Laval. L’agriculture est un secteur d’activité important de la municipalité, ainsi, ce premier projet vise à mettre de l’avant cet atout. On y retrouvera également des tables intégrées à l’environnement naturel du parc qui peuvent se transformer en écran tactile à encre électronique, pour promouvoir la collaboration, et un système de mémoires numériques qui aide les visiteurs à enregistrer et à visualiser des souvenirs recueillis au fil des années.

Un écran tactile pour vos piques-niques ou vos brainstorms. Crédit : Ville de Laval
Un écran tactile pour vos piques-niques ou vos brainstorms. Crédit : Ville de Laval
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Humains > TECHNOLOGIES

Si le parc a l’ambition d’être axé sur les technologies du futur, il est important pour l’équipe que ça ne passe pas avant les besoins humains. Le chercheur précise : « La technologie est toujours la dernière partie du projet. La première chose que nous regardons avec nos étudiants, c’est : quel est le défi, la situation à laquelle nous faisons face. Ensuite, c’est : quelle est l’expérience humaine? »

La technologie doit servir le bien commun et les humains, et non l’inverse.

Elizabeth Muir Lepage, stratège au bureau du développement du centre-ville de Laval renchérit : « [le Carré Laval] doit être centré sur l’humain et non sur la technologie. La technologie doit servir le bien commun et les humains, et non l’inverse. »

Si le projet est, lui, bien concret, il faudra attendre quelques années avant de le voir se matérialiser. Plusieurs étapes restent à franchir et la ville de Laval encourage d’ailleurs les citoyens à enrichir le projet avec leurs idées.

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C’est vrai, mon cœur de jeune fille est un peu déçu de ne pas pouvoir faire de luge sur la montagne de neige, mon cerveau d’adulte lui, est pas mal impressionné par ce projet. Pis si ça peut aider les Lavallois à ne plus faire face à des grimaces lorsqu’ils disent où ils habitent, I guess que c’est vraiment pour le meilleur!