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Pussy Riot envahit la Coupe du monde de Soccer

Un autre coup d'éclat pour le collectif punk féministe qui passe son temps à faire chier Poutine.

Par
Pier-Luc Ouellet
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Je ne suis pas tellement fan de soccer. Je n’ai pas écouté une seule partie durant cette dernière coupe du monde.

Par contre, je suis vraiment fan des groupes punks féministes qui envahissent le terrain de soccer pendant la finale de la coupe du monde, déguisés en policiers afin de manifester pour la liberté d’expression en Russie.

Oui, Pussy Riot a encore fait des siennes. Portrait d’un coup d’éclat dans le pays de la répression politique.

L’incident

https://www.youtube.com/watch?v=FWg7cKeJHUc

Pendant la seconde demie (j’espère que j’utilise les bons termes parce qu’encore une fois, je ne connais rien au soccer) du match France-Croatie, 4 individus, deux hommes et deux femmes, sont entrés en courant sur le terrain de soccer, habillés en policier. L’une des policières, Veronika Nikulshina, a même réussi à aller taper dans les mains du joueur français Mbappé (aucun lien de parenté avec la chanson des frères Hanson).

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Évidemment, ça a pris à peu près 3 secondes avant qu’ils se fassent sortir du terrain tête première.

Immédiatement, le collectif Pussy Riot revendique le coup d’éclat sur Twitter :

Leur communiqué s’accompagnait d’une intrigante rhétorique inspirée du poète russe Dmitriy Prigov sur la différence entre le policier « divin » et le policier « terrestre », ainsi que d’une liste de demandes (traduites ici librement) :

  1. Libérez les prisonniers politiques
  1. N’emprisonnez pas pour avoir fait un « like »
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  1. Arrêtez les arrestations illégales pendant les manifestations
  1. Permettez la compétition démocratique dans le pays
  1. Ne fabriquez pas de fausses accusations et ne gardez pas des individus emprisonnés sans raison
  1. Transformez le policier « terrestre » en policier « divin »

La révolte comme projet artistique

Pour un collectif anti-capitaliste, il faut avouer que Pussy Riot a un flair remarquable pour le marketing.

Déjà, de mettre en place ce coup d’éclat pendant l’un des événements les plus regardés sur la planète, à la veille d’une rencontre entre Trump et Poutine et deux jours avant la tombée du verdict de la Cour européenne des droits de l’homme contre la Russie dans le cas de l’arrestation des membres de Pussy Riot en 2012, est impressionnant. Disons qu’elles savent comment profiter d’un contexte.

Mais en plus, le groupe en a profité pour sortir sa nouvelle chanson et son nouveau clip, Track About Good Cop.

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Au-delà de la politique, des arrestations et de la Coupe du monde, il faut avouer que c’est une bonne chanson. Et le gars dans le clip a la face la plus russe que j’aie jamais vue.

Et qu’en est-il de cette fameuse dialectique policier « terrestre» / policier « divin »?

En gros, les membres de Pussy Riot reprennent l’idéal du poète russe Dmitriy Prigov d’un policier qui se battrait pour le bien de la Russie et de son peuple, et non pas contre lui.

Si le policier « terrestre » arrête les gens qui partagent des memes anti-Poutine, le policier «divin» va cueillir des fleurs et protéger le sommeil des bébés.

On peut bien regarder la Russie de haut, mais même au SPVM on aurait besoin de plus de policiers qui cueillent des fleurs.

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Et maintenant?

Mais bon, si nous ici on tripe sur Pussy Riot, vous comprendrez que le gouvernement autoritaire russe tripe un peu moins.

La sentence des membres qui ont couru sur le terrain est tombée immédiatement lundi. Les membres sont condamnés à 15 jours de prison, et n’ont pas le droit de fréquenter d’événements sportifs pour les trois prochaines années. C’est chien s’ils avaient acheté des billets de saison du Canadien, mais somme toute, ils s’en sortent assez bien.

Ce n’est pas que les autorités russes n’aimeraient pas faire plus. Ce vidéo nous montre d’ailleurs un policier dire à l’une des protestataires qu’il regrette qu’on ne soit plus en 1937.

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Remarquez, je me fie à la traduction. Avec ma connaissance du russe, il pourrait aussi bien dire : « Je me demande ce qu’il fait asteure le gars qui jouait dans 4 et demi » et je ne le saurais pas.

Mais reste que c’est rassurant de voir que cette fois-ci, les membres de Pussy Riot pourraient s’éviter les horreurs de 2012, alors qu’elles avaient été emprisonnées dans des conditions inhumaines sans accès à un avocat.

Peut-être que l’attention internationale y est pour quelque chose, hein.

La révolution punk va avoir lieu, un article de blogue à la fois.

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