.jpg)
Projet Mouvement : où danse, beatmaking et arts visuels se rencontrent
J’ai toujours aimé les arts vivants, la danse, le théâtre, la musique live. Je me suis toujours sentie bien dans une salle de spectacle, les yeux et les oreilles rivés sur des artistes qui déploient leur talent sans filet.
Mais ce que j’aime par-dessus tout, ce sont les coulisses. J’ai toujours adoré voir des comédien.ne.s, des danseur.euse.s, des musicien.ne.s répéter, se tromper, recommencer, progresser. Ça me fascine complètement, ça me donne l’impression de découvrir un monde caché, un univers secret, un peu magique, où tout est possible.
C’est donc vous dire mon enthousiasme quand l’équipe du Ausgang Plaza m’a invitée à entrer dans les coulisses du projet Mouvement, une série de capsules alliant huit duos de danseur.euse.s et de beatmakers locaux.
Behind the scene
Mars 2021, 10h du matin. Je marche sur la mythique Plaza St-Hubert, café à la main. Les boutiques de robes de mariage, les nouvelles épiceries zéro déchet et les restaurants défilent sur ma route. J’arrive au Ausgang Plaza, un espace pluridisciplinaire et inclusif qui œuvre à la diffusion et la production d’initiatives culturelles locales. C’est un lieu que j’aime vraiment beaucoup et où j’ai vécu des soirées prépandémiques mémorables.
Je passe la porte discrètement. Le Ausgang est plongé dans le noir. Des technicien.ne.s s’affairent derrière une console, d’autres circulent dans la pièce, installent de l’équipement, se donnent des directives. Tout le monde semble de bonne humeur et heureux de tourner, après de longs mois confinés.
«Ce matin, on filme la performance de Pax. Elle va faire une chorégraphie de Jook sur un beat créé par Lunice, m’explique le réalisateur et directeur photo Jonathan Brisebois, derrière son masque. Tu vas voir, on s’apprête à tourner un plan séquence, et Pax va danser à l’intérieur d’un set up d’éclairage laser! Ça va être malade», ajoute celui qui réalise les huit capsules du projet Mouvement.
.jpg)
SUIVRE LE Mouvement
«Le projet Mouvement germe dans ma tête depuis avant la pandémie, me raconte Malick Touré, directeur général du Ausgang, également présent sur le plateau ce matin-là. Je suis un fan des vidéos COLORS, et je me disais qu’on devrait avoir quelque chose de similaire à Montréal. Ce ne sont pas les artistes talentueux et talentueuses qui manquent ici!»
«Je suis un fan des vidéos COLORS, et je me disais qu’on devrait avoir quelque chose de similaire à Montréal. Ce ne sont pas les artistes talentueux et talentueuses qui manquent ici!»
Quand la pandémie est arrivée, forçant ainsi la fermeture des salles de spectacles et l’annulation des événements culturels, Malick Touré croit que c’était le bon moment pour concrétiser l’idée. «J’avais vraiment envie de faire un projet avec des danseurs et de les associer avec des beatmakers, explique celui qui est également DJ. Les organismes culturels se faisaient beaucoup encourager à faire des projets virtuels, donc on a monté un comité artistique, dans le but de créer Mouvement, un projet de huit vidéos qui allient musique et danse et qui met de l’avant des artistes qui évoluent au sein de la scène montréalaise. On veut leur donner du shine.»
Malick ajoute que Mouvement proposera des vidéos de jook, de hip-hop, de voguing, d’afro-dance, de breakdance, de popping, de krump et de danse contemporaine, ce qui promet de plaire à un maximum de gens.
«Hey salut! Si tu veux un café ou une collation, sers-toi!», me lance gentiment Nicolas Lesage, qui travaille comme grip et gaffer sur le plateau. «Le projet est vraiment conçu pour être filmé. On ne veut pas simplement capter une chorégraphie, ou faire un simple clip. On souhaite vraiment que les danseur.euse.s jouent avec la cam, et que ça crée un tout harmonieux entre la danse, la musique, la lumière et l’image», m’explique-t-il, avant de retourner préparer son équipement.
Pax x Lunice
Je me fais toute petite dans la pénombre. Jonathan Brisebois et Nicolas Lesage, armés de leur caméra, sont fins prêts. Pax est au centre du plateau. Silence. Musique. Le beat créé par Lunice emplit le Ausgang. La danseuse, comme enveloppée par une lumière incisive, exécute des mouvements précis, fluides, inspirés. Impossible de la quitter des yeux. Jonathan Brisebois et Nicolas Lesage tournent autour d’elle pour ne rien perdre de sa performance. Coupé.
.jpg)
«Oh wow, c’était in-sa-ne!», s’écrit Malick, au fond de la salle.
«Tu devrais venir derrière le moniteur, tu verras ce que la caméra capte, ça change vraiment la perspective», me conseille un technicien sympathique. Je m’exécute.
Silence. Musique. Pax recommence à bouger au rythme du son et de la lumière. Les yeux rivés sur le moniteur, je m’aperçois que Jonathan Brisebois et Nicolas Lesage font de la magie. Gros plan sur les pieds de la danseuse, sur son visage, plan large sur son corps et sur la lumière. Je comprends ce que me disait Nicolas Lesage: tous les éléments forment un tout.
7Starr x Shash’u
Mercredi matin, même heure, je suis de retour au Ausgang Plaza pour une deuxième performance, celle de 7Starr. Alors que les événements culturels en présentiel se font encore rares, je mesure ma chance d’assister à des représentations ailleurs que sur un écran, deux jours de suite.
Après avoir visionné des montages «in progress» des performances captées plus tôt dans la semaine, je m’installe dans un coin et attends que la magie opère.
7Starr s’avance sur le plateau. Lumière. Caméra. Musique. Le Ausgang est soudainement plongé dans une lumière rouge, puis bleue, puis blanche, aux effets stroboscopiques. Le danseur, comme possédé, exécute des mouvements puissants, énergiques, presque violents. «LIVE UP!» hurle-t-il à plusieurs reprises. Jonathan Brisebois tourne autour de lui, pour capter ses moindres gestes. La prise est terminée.
.jpg)
7Starr, essoufflé, se joint à l’équipe derrière le moniteur, pour visionner la séquence. «That’s amazing guys!» s’écrit-il au bout de quelques minutes. Il est doux, mesuré. Une tout autre énergie que lorsqu’il dansait. Ça me fait sourire.
Silence. 7Starr reprend de plus belle. La violence qui se dégage de son corps pendant la performance est impressionnante. Il donne tout et la caméra n’en perd rien.
«That’s the one!», s’écrit Jonathan Brisebois, après plusieurs prises de la même routine. Malick est d’accord, c’était la meilleure. Je ne le dis pas trop fort, mais je le pense aussi. C’était vraiment la meilleure.
«Restes-tu cet après-midi? On tourne la capsule house avec Lakesshia!», me lance Malick derrière le bar.
Déjà nostalgique de mon incursion dans les coulisses du Ausgang, je ramasse mes affaires et me prépare à quitter. «J’aurais aimé ça, mais je dois retourner au bureau. Faut que j’aille écrire un article pour que la terre entière entende parler de votre projet. C’est in-sa-ne!»