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Trois moments weird vécus en Amérique centrale

Chronique d'un (pas si vieux) camper van.

Par
Mélanie Leblanc
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Avec les chroniques d’un (pas si vieux) « camper van », Mélanie Leblanc vous emmène sur la route, la vraie. Des chemins sans filtre Instagram, pas toujours glam, souvent bordéliques, mais ô combien divertissants. À bord de John Mel & Camper, son truck de 21 ans (pas de rouille, pas de trou), c’est un départ vers la liberté… et le chaos.

Nous fêtons notre quatrième mois sur la route. On est en train de se créer un bagage d’anecdotes pour les vingt prochaines années. Certaines péripéties resteront marquées à jamais, d’autres se doivent d’être écrites. Quand ça ne s’invente pas, ça se vit. Et ensuite, ça se partage.

Record de mouches et fontaine de centre commercial

On roule au beau milieu du Guatemala, il fait chaud et sec, mais nos dos, eux, sont bien mouillés de sueur. Sueur qui fait ressortir crasse des bancs de la van, crasse qui beurre aisément nos chandails. De toute façon, nos vêtements sont déjà tous irrécupérables : un de nos jeux préférés est « trouve le nouveau spot de rouille » laissé par une vieille laveuse de la buanderie. Nos vêtements de vaners ont tous deux tons : blanc et rouille, rose et rouille, gris et rouille, vert et… bon, vous avez compris. On roule donc en plein centre du pays, à la recherche de hot springs chaudement (la pognes-tu ?) recommandées. Le GPS nous amène vers une zone rurale où se côtoient vaches, chiens et une autruche (!)

J’ai l’impression de me baigner dans la fontaine des Galeries de la Capitale et juste au moment où la situation ne peut être plus ridicule, un monsieur arrive pour faire son training quotidien : des longueurs. Oui. Des LONGUEURS. Juste le mot « longueur » est plus long que le bassin où il les fait.

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Qui dit ferme, dit mouches. Qui dit « chaud et sec » dit fenêtres ouvertes. On arrive aux hot springs tant espérées. Comme toujours, en arrivant, on ferme les fenêtres. Vous dire le nombre de mouches. « Oui, mais t’as juste à ouvrir les fenêtres et à les laisser sortir. » Oui, mais non. Il y en a des dizaines. J’ouvre la porte pour en faire sortir une, il y en a cinq qui entrent. J’ai arrêté de compter le nombre à la 40e tuée. On ne se laissera pas abattre par des mouches, allons nous rafraîchir dans la piscine naturelle. Je demande au propriétaire « pouvez-vous nous indiquer le chemin pour aller vers la source, svp ? » Il me pointe un bassin qui ferait rire n’importe quelle fontaine de centre commercial qui se respecte. « Antoine, dis-moi pas qu’on vient de faire trois heures de route pour ça ? » « Oui, pis je vais te dire qu’il faudra en refaire trois demain pour sortir d’ici, amène ton cul, on va au moins aller y goûter ».

Les roches sont semi-visqueuses, semi-crasseuses, j’ai l’impression de me baigner dans la fontaine des Galeries de la Capitale et juste au moment où la situation ne peut être plus ridicule, un monsieur arrive pour faire son training quotidien : des longueurs. Oui. Des LONGUEURS. Juste le mot « longueur » est plus long que le bassin où il les fait. Je suis sortie et suis allée rejoindre les mouches dans le truck, en prenant bien soin de ne pas dire à l’athlète olympique de petit bassin qu’on avait un lavabo. D’un coup qu’il aurait voulu pratiquer son crawl.

Belle place pour faire des longueurs

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Le surfeur et le bébé chat

Sur le chemin du retour, on revisite les endroits qui nous ont marqués à l’aller et Nexpa, petit village de surfeurs sur la côte Pacifique, en fait partie. Environ 300 personnes y habitent, 400 en haute saison quand les touristes viennent chevaucher les vagues. On s’arrête au camping de Chucho, qui donne sur une rivière qui se jette dans l’océan. Magnifique. L’eau douce est toujours la bienvenue quand tu roules. Si à l’aller nous étions seuls au monde sur le camping, cette fois-ci plusieurs surfeurs s’y sont installés. Si j’avais été célibataire, j’aurais certainement fait « ayayaye ». C’est d’ailleurs ici que j’ai réalisé que la vie de surfeur, c’est probablement la meilleure vie possible : tu te lèves, tu vas surfer. Tu reviens, tu fais quelques étirements de yoga. Tu manges, tu dors, tu bois, tu fumes et après tu remontes sur ta planche en fin de journée. Ou pas. Le reste du temps, tu le passes dans un hamac. Ton cardio, ta muscu, tu les fais en même temps que ta passion : rider les vagues. C’est pas mal ce à quoi j’aspire pour le reste de mes jours.

La vie de surfeur, c’est probablement la meilleure vie possible : tu te lèves, tu vas surfer. Tu reviens, tu fais quelques étirements de yoga. Tu manges, tu dors, tu bois, tu fumes et après tu remontes sur ta planche en fin de journée.

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Bref, dans le lot de surfeurs, on en voit un qui a un bébé chat tout mimi, dans son hamac. Quand il surf, il laisse le chat dans sa tente. Antoine, curieux, lui demande : « il n’y a jamais d’accident fécal, dans la tente ? » « Oui, tous les jours ». Une heure plus tard, on assistait à un « accident fécal » : le chat venait de se vider dans la tente, tente qui devait être vidée à son tour. Il y en avait partout. Le sac de couchage, le sac à dos, les vêtements, tout était imbibé. Le surfeur a passé deux grosses heures à tout nettoyer. Pour vrai, j’étais ébahie et plutôt crampée. J’ai bien failli lui dire « une litière, ça ne tente pas ? ». Je me demande bien où tu pourrais trouver du sable pour la remplir…. TU VIS SUR UNE PLAGE. Mais je me suis abstenue, de peur que l’idée ne lui soit jamais passée par la tête et que ça m’empêche d’assister à l’hilarant spectacle du grand nettoyage, le lendemain.

Les amoureux sous le palmier.

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Bienvenido à (Zi)Zipolite, paradis du vieux pen

Notre ami nous fait la surprise de venir nous rejoindre au Mexique. Il m’écrit en direct de l’aéroport de Mexico « surprise, me voici ». On est à l’autre bout du pays, alors on se clenche trois journées de 10 heures de route pour venir le rejoindre à Zipolite. « C’est nudiste, mais vous êtes pas obligés ». « Si tu me promets que je ne verrai pas ta graine, j’arrive ». On part du Yucatan vers l’État d’Oaxaca. Le village est parfait et rassemble tous les clichés de bord de mer. C’est probablement ici que viendra le mot farniente pour mourir. On se trouve un spot pour dormir : le stationnement de chambres sur pilotis, louées au mois.

Voir des pénis qui ont connu la Deuxième Guerre mondiale, ça peut donner un petit choc, on finit par les oublier.

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On a donc un toit pour l’ombre (on dort sous une chambre), les pieds directs dans le sable et la vue sur les tout-nus. À voir le tan intégral du septuagénaire qui habite en haut de nous, on devine tout de suite que son appareil génital en n’est pas à son premier rayon de soleil. Difficile de ne pas regarder « là », la première fois, quand tu « le » vois revoler « à droite, à gauche, à droite, à gauche, à droite, à gauche» à chaque marche. Le soir, on regarde tout le monde habillé et on se dit : toi, t’es tellement beau tout nu. Pour vrai, le village est un réel coup de cœur, on dit même que c’est le nouveau Tulum, avec pas de ruines. Voir des pénis qui ont connu la Deuxième Guerre mondiale, ça peut donner un petit choc, on finit par les oublier.

Plusieurs soleils

Guacamole?

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