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Prochain arrêt : orgie post-pandémie

Une fiction pour rêver un peu à ce qui pourrait nous attendre après.

Par
Victor C.
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URBANIA et COCQ-SIDA s’unissent pour vous entraîner dans un monde fictif où les fantasmes de pandémie vivent leur déconfinement.

Je ne sais trop pourquoi ma main est aussi moite. Je ne fais que tenir le poteau du métro, tout le monde a eu son vaccin et le wagon est presque vide : ce n’est pas comme si le virus allait m’attaquer en plein trajet sur la ligne verte. Pourtant, je ressens la même boule de stress dans mon ventre que lors de ma première visite à l’épicerie au début du confinement et que je me demandais si j’avais le droit de tâter les piments avant d’en acheter.

Heureusement, cette fois-ci l’inconfort est plutôt créé par une fébrilité, qui monte en moi à chaque station qui défile devant mes yeux.

Joliette. Préfontaine. Frontenac. Papineau.

Beaudry.

Les portes ouvrent, et je sors. Je suis pratiquement seul sur le quai, à l’exception de deux hommes à l’autre extrémité. Crânes rasés, camisole blanche mince qui dévoile chez l’un une musculature imposante, chez l’autre des bras chétifs et tatoués. On dirait Astérix et Obélix qui viennent de sortir de prison.

S’en vont-ils à la même place que moi ? Très possible.

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Je monte les marches et me plante bien droit sur le tapis roulant qui me fait monter lentement jusqu’à la surface. L’ascension est assez lente pour me laisser le temps de douter sur ce que je m’apprête à faire.

Depuis la fin de la pandémie, on dirait que tout le monde me répète la même chose. « J’ai été laissé tellement longtemps avec moi-même que je me suis découvert une passion pour les casse-tête! C’est cool hein? Toi, qu’est-ce que t’as appris sur toi pendant le confinement ? »

Certaines personnes se sont découvert une passion pour la boulangerie durant la crise. Moi, j’ai découvert que j’étais attiré par les hommes.

S’ils savaient. Si seulement mes collègues savaient toutes ces heures que j’ai passées devant mon écran à explorer cet intérêt grandissant chez moi. Ces minutes avec la main dans mon pantalon à m’exciter le sexe devant cet interdit que j’acceptais de plus en plus. Ces réunions Zoom que j’ai entrecoupées de vidéos d’hommes qui se touchent pendant que je tentais de m’imaginer l’odeur de la scène, ou bien ma main passant dans leurs poils pubiens.

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Certaines personnes se sont découvert une passion pour la boulangerie durant la crise. Moi, j’ai découvert que j’étais attiré par les hommes. Pendant que tout le monde explorait leur amour du levain, moi je me concentrais sur les baguettes.

C’est ce désir qui brûlait de plus en plus en moi, celui qui m’a poussé à parcourir le web à la recherche d’un homme qui pourra m’aider à faire le saut. Après plusieurs échanges de messages (et de photos floues prises devant des miroirs sales), c’est finalement chez un certain Étienne que ça se passerait. Ce serait doux, chaleureux, à mon rythme, et peut-être que certains de ses amis pourraient se joindre à nous…

Mon dépucelage se transformait en orgie, et je tentais de garder mon calme. Je me suis dit qu’au pire, si ça devient trop intense, je me retirerais dans un coin et je regarderais les autres faire. Un peu comme quand un ami t’invites à un party chez des inconnus et que tu arrives avant lui. Pogne toi une bière pis attend.

Je cogne à la porte. Étienne m’attend de l’autre côté, pratiquement plus excité que moi. Il m’accueille en sous-vêtements, et m’invite à entrer chez lui. C’est un loft à aire ouverte, décoré avec goût et éclairé avec des lumières tamisées. Même la vaisselle est faite.

Il m’accueille en sous-vêtements, et m’invite à entrer chez lui. C’est un loft à aire ouverte, décoré avec goût et éclairé avec des lumières tamisées. Même la vaisselle est faite.

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Sans trop de cérémonie, il m’amène vers le sofa de son salon, me fait m’asseoir, puis commence à me déshabiller lentement. Après tout, on sait pourquoi on est là, pourquoi tourner autour du pot ? Une fois complètement nu, il reste debout devant moi, l’air de dire « Fak c’est ça là, c’pas mal à ça que ça ressemble, un homme à poil. »

À la hauteur de mes yeux, je vois son sexe qui durcit dans son sous-vêtement. Je peux presque sentir la bosse qui palpite, gorgée de sang, à l’idée que mes lèvres se posent sur elle. Mon corps me démange ; j’ai une excitation au niveau du coccyx, comme quand, enfant, je grimpais une structure dans le parc et que mes pieds se retrouvaient suspendus dans le vide. Le plaisir de flotter mélangé à la peur de tomber.

Il baisse finalement ses boxers, et son sexe s’élance vers mon visage, libéré de cette insoutenable pression. Je sens la chaleur de son pénis me heurter la joue, comme si on venait de me lancer une pizza pochette au visage.

Je cherche son gland du bout des lèvres. Ma langue le trouve enfin, puis le parcourt en léchant sous son frein. Je ne sais même pas si c’est le vrai terme médical mais c’pas le moment pour être à cheval sur le lexique. Je commence à l’entendre gémir et l’excitation monte en moi : serais-je en train d’exceller ma première relation sexuelle entre dude ? On dirait bien.

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Du moins c’est-ce que je croyais jusqu’à ce qu’il enfonce son manche bien profond dans ma gorge, manquant de me faire régurgiter le peu que j’avais mangé avant de m’en venir ici. Voyant mon inconfort, il s’arrête et retire de ma bouche son sexe dégoulinant puis s’agenouille devant moi.

Il commence à me sucer comme aucune de mes conquêtes ne l’a fait avant. Faut dire que quand on a un pénis, on sait comment les autres fonctionnent. Le plaisir monte, je le sens au bout de mon urètre. Je ferme les yeux de bonheur.

Combien de temps suis-je resté dans cet état ? Aucune idée.

Mais assez pour ne pas avoir remarqué que la pièce s’était remplie d’hommes venant partager nos ébats. Nous sommes maintenant un train d’amour oral qui contient tellement de wagons que le salon n’est plus qu’une fresque de torse, de craque de fesses et de grognements. On se croirait à une convention de plombiers exhibitionnistes.

Avant que je puisse commencer à compter le nombre de corps présents dans cette chaîne, Étienne me chuchote à l’oreille qu’il aimerait insérer un doigt dans mon anus. J’approuve d’un rapide signe de la tête. Le doigt d’Étienne masse ma prostate, détend mes muscles, m’excite encore plus. Je sens mon sphincter battre au même rythme que mon cœur. Mon anus se relâche tellement que je me demande « coudonc, m’as-tu chier ? ».

(Glamour. Je sais.)

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Peu importe, Étienne insère un autre doigt à l’intérieur, augmentant l’excitation. Le mouvement de va-et-vient s’accélère, sa langue aussi. Je suis près d’éjaculer, mais je ne veux pas que ça s’arrête ici.

« Vas-y, vas-y » que je murmure entre mes dents, parce que « fourre moi din’ founes drêtte là » serait trop long à dire.

« Vas-y, vas-y » que je murmure entre mes dents, parce que « fourre moi din’ founes drêtte là » serait trop long à dire.

La fraîcheur du lubrifiant sur le condom me surprend, et me fait du bien. Lentement je sens son sexe s’insérer à l’intérieur de moi. À chaque contraction, un peu plus profondément, jusqu’à ce que je sente la chaleur de son scrotum toucher mes fesses.

Les mouvements de son bassin s’accélèrent. Les battements de mon cœur aussi. Ce que je voyais en vidéo depuis un an, c’est maintenant que ça passe, dans une pièce remplie d’hommes qui se frottent et s’embrassent, les pops-up publicitaires en moins.

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Je sens son gland pousser où il faut. Ça surprend, et ça fait du bien en même temps : un peu comme écouter Occupation Double.

Ça y est. L’excitation est à son comble. Je sens mon sperme monter dans mon sexe qui bat. Je m’apprête à asperger Étienne, et mon ventre. J’accueille la douche en criant de tout mon être. Un cri de plaisir que je partage avec tous les hommes dans cette pièce, ainsi que tous les amants de la ville. Je peux pratiquement les entendre s’écrier à l’unisson « OUI, ENFIN ! ».

En chœur, nous jouissons notre liberté retrouvée avant de s’effondrer, épuisés.

Je savoure la plénitude, soulagé.

Je reprends mon souffle en passant mes doigts sur le pubis d’Étienne.

La nuit est encore jeune, et s’il y a bien une chose que cette crise nous a apprise, c’est qu’il suffit de se laver les mains, puis on peut recommencer.

*****

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