Vendredi, Renard Blanc sort Nuit son deuxième album. Mais – amateurs de National Geographic et de rock en spirale – rassurez-vous : vous n’aurez pas à attendre jusque là pour plonger dans l’univers nocturne du trio. En fait, on devrait plutôt parler d’une enfilade d’univers nocturnes, à travers lesquels on déambulera volontiers dès les premières mesures, pour peu qu’on aime l’imprévisible.
Le trio, composé de Julien Beaulieu (basse+synthétiseurs), Alexandre Crépeau (batterie+percussions) et Vincent Lepage (voix+guitare), qu’on a pu voir l’an dernier aux Francouvertes, a déposé ici les 11 pièces en écoute exclusive. Ils ont aussi accepté de répondre à nos 5 questions / 5 chansons pour vous mettre en appétit.
Qu’est-ce Renard Blanc pense…
…du qualificatif « rock en spirale » pour définir sa musique?
On aime encore le terme « rock en spirale ». Ça tourne en masse au sens propre. Avant, on groovait sur des beats moins squares et c’était un brin plus atmosphérique. À force de jouer les anciennes chansons live avec Julien (le bassiste), on a découvert qu’on aimait ça quand ça devenait plus loud. On s’est donc mis à composer dans cette optique-là, tout en gardant une épaisse couche de reverb sur le dessus. Ça garde le spirit de Renard Blanc en allant dans une autre direction. Notre musique a toujours, selon nos impressions, été plus marginale dans son approche générale et donc difficile à apprivoiser. Nous avons remarqué que les gens qui l’apprécient sont des trippeux de musique. Nuit, c’est le genre d’album qu’il faut que tu écoutes plusieurs fois pour comprendre le tout. C’est un flow.
… des longues chansons? [NDLR sur l’album, le titre «Hôtel» fait plus de 9 minutes]
Faire une chanson longue, c’est un statement dans un sens. L’artiste qui la crée sait très bien qu’elle ne “fittera” pas dans le moule radiophonique. On se tourne alors vers une oeuvre plus personnelle à mon avis (Vincent). Pour ce qui est du groupe, quand on compose, on ne pense pas en général à la longueur de la chanson, mais on suit plutôt un feel. Quand on sent qu’elle est finie, on arrête. Ce qui peut être difficile, c’est d’avoir une vue d’ensemble quand on a le visage trop près du projet. Hôtel fut et laborieuse à façonner dans le sens où ce fut une des premières pièces composées, mais dans les dernières finalisées. On l’a enregistré 2 fois sous une autre forme avant de finalement faire « d’la marde, on la refait d’un bout à l’autre ». Si jamais, pour un 3e album, on pensait créer d’autres chansons aussi longues, sûrement que ça serait plus facile. On sait jamais dans le fond… Une chose est sûre : ça nous a permis de tester plein de choses qu’on n’aurait peut-être pas osé faire dans d’autres pièces. On n’avait pas de code à suivre et on s’est laissé aller beaucoup plus. C’est un peu ça la nuit, on laisse nos inhibitions à la maison et on s’assume plus.
… des animaux sauvages?! Les cervidés, les renards, les paresseux [leur maison de disque s’appelle Sexy Sloth], c’est un hasard que ce soit un champ lexical qui parsème votre projet ou c’est parce que ça vous inspire/vous accroche/vous poursuit?!
Y a quelque chose de mystique avec les animaux que j’ai toujours aimé. Après tout, ils étaient là ben avant nous! On peut donc les name drop en masse! (Vincent)
…de la nuit comme moment pour écouter ou créer des chansons?
C’est l’élément de base pour pouvoir apprécier l’album. On espère que c’est pas trop depress comme réponse.
…des concours musicaux comme tremplin pour un band?
Pour certains, c’est une très bonne vitrine. Nous, on l’a vu comme un défi : essayer de rester nous-mêmes sans trop fitter dans le moule et pousser nos affaires au max pendant 2-3 mois. Ce fut quand même un gros challenge et ça créé plusieurs moments tough. Finalement, on est sorti content du résultat, mais on a décidé de prendre notre retraite de ceux-ci.
Cinq chansons que Renard Blanc écoute en ce moment
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Le lancement de «Nuit» aura lieu le 11 juin prochain. Les détails ici.
On écoute Renard Blanc ici.
On les suit là.