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Prêts pour la dépression saisonnière version 2020?

Un cocktail qui goûtera différent cette année.

Par
François Breton-Champigny
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Même si on voit encore des toughs en camisole sur des terrasses en soirée nier l’existence d’un petit vent frais et tenace, on doit se rendre à l’évidence: l’automne est en train de voler le show à l’été.

Ah! les feuilles qui changent de couleur, l’odeur de feu de bois, les treks, les potages aux courges, les polars Patagonia, les posts Instagram pendant une escapade aux pommes. Toutes des choses agréables (certaines plus que d’autres) associées à cette saison.

Mais à un moment donné, on se rend compte que les journées raccourcissent. On a moins envie de se lever tôt le matin pour aller faire un jogging. On réécoute des films tristes ou des playlists de Bon Iver en boucle juste parce qu’on est nostalgique sans trop savoir pourquoi. On se sent las et on se métamorphose en poète en regardant les feuilles tomber par la fenêtre.

Ces petits downs peuvent en fait être associés à la dépression saisonnière, aussi appelée le blues de l’automne. Un phénomène cyclique, qu’on observe lorsque la période estivale sacre son camp pour de bon, qui pourrait être amplifié davantage cette année en raison de la pandémie.

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On s’est entretenu avec le psychologue Laurent Quint pour tenter de comprendre le phénomène et savoir à quoi s’attendre de cette saison charnière.

Un proche parent de la dépression majeure

«Le facteur principal qui la différencie de la dépression majeure ou du trouble bipolaire, c’est sa récurrence», explique d’emblée Laurent Quint.

Tout comme les deux autres types de troubles de santé mentale, les personnes souffrant de dépression saisonnière peuvent éprouver de l’apathie, un manque d’envie, une perte d’énergie et de la fatigue intense. «La raison principale pour laquelle on peut développer ce type de dépression est le manque de luminosité au quotidien. On a en besoin pour produire de la vitamine D et de la sérotonine, deux éléments qui nous aident à être de meilleure humeur».

«Pour avoir un diagnostic, il faut établir si ça affecte le fonctionnement de la personne au quotidien, par exemple si elle a de la difficulté à travailler ou si elle éprouve de la détresse.»

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Contrairement à ce qu’on peut penser, ce spleen saisonnier n’est pas à prendre à la légère et affecte beaucoup de monde. Selon Marc Hébert, chercheur au centre CERVO à Québec, environ 25% des Québécois éprouveraient de la déprime saisonnière chaque année. En 2017, pendant un hiver spécialement long et ennuyeux, le chercheur estimait que ce mal affectait 50% des habitants de la Belle Province.

«Pour avoir un diagnostic, il faut établir si ça affecte le fonctionnement de la personne au quotidien, par exemple si elle a de la difficulté à travailler ou si elle éprouve de la détresse, explique le psychologue. C’est également important de repérer où ces épisodes commencent pour décréter que c’est bel et bien une dépression saisonnière. Habituellement, ça démarre à l’automne et ça peut se poursuivre jusqu’à la fin de l’hiver. Mais il y a aussi des gens qui vont expérimenter un gros down durant l’été avec la chaleur et l’humidité», nuance-t-il.

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Un cocktail explosif pour la santé mentale

Quand on lui demande ce à quoi on peut s’attendre en matière de déprime particulièrement cette année, Laurent Quint lâche un soupir. «Je ne suis pas devin donc c’est dur à dire. Mais je sais que les gens sont à bout de nerfs avec tout ce qui se passe. Ils ont vécu un tsunami de stress et d’angoisse et la venue de l’hiver ne risque pas d’arranger les choses», confie le psychologue.

L’insécurité financière, l’absence de services, le spectre d’une deuxième vague et d’un autre confinement couplé à la grisaille des prochains mois (donc moins de lumière naturelle) est un «cocktail explosif» pour les problèmes de santé mentale, croit-il. «On a déjà fait un marathon et là on se dirige peut-être vers un ultra marathon sans être entraînés. Oui on est capables de s’adapter, mais on commence à être à la limite de nos capacités», confie Laurent, qui, sans s’appuyer sur des statistiques précises, a observé une perte d’espoir généralisée dans la population ces derniers temps.

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La lueur au bout du tunnel?

Rassurez-vous, l’article ne se terminera pas sur une note aussi dark.

Le chercheur Marc Hébert du centre CERVO suggère même une séance de luminothérapie de 30 minutes par jour pour se revigorer le moral pendant cette période plate.

La dépression saisonnière, tout comme la dépression ou les troubles de bipolarité, peut se traiter. «Il existe divers moyens d’y arriver. On peut jouer dehors le plus possible pour s’aérer les méninges et profiter des rayons du soleil, continuer de voir du monde, de bien manger, faire de l’exercice et dormir suffisamment. Et évidemment, si tout ça ne fonctionne pas, il vaut mieux aller consulter», conseille le spécialiste des troubles anxieux et de l’humeur.

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Vous savez, la fameuse lampe de luminothérapie que votre collègue un peu woke a installé sur son bureau? Eh bien il semblerait qu’elle soit plus qu’une bébelle en vogue.

Le chercheur Marc Hébert du centre CERVO suggère même une séance de luminothérapie de 30 minutes par jour pour se revigorer le moral pendant cette période plate. «Ça marche pour vrai, ce n’est pas juste un coup de marketing», assure Laurent Quint, qui vient approuver cette pratique.

Le psychologue a également un autre truc maison pour passer à travers les moments sans soleil. «Personnellement, je prends un supplément de vitamine D tous les jours, même en plein été, atteste le psychologue, qui fournit le même traitement à son fils. C’est bon pour le système immunitaire et les os, donc pourquoi pas!»

Sur ce, on va aller se faire une réserve de vitamines Pierreafeu avant l’hiver!