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Ce weekend, je suis allée voir My Big Fat Greek Wedding II. J’ai beaucoup aimé; j’ai ri et j’ai pleuré. Une scène de vieux qui s’aiment c’est immanquable, mes yeux se transforment en fontaine.
Je dis le mot vieux, tout comme je dis grosse quand ça s’applique. Je n’y vois aucune connotation négative. Personnes âgées, de l’âge d’or, d’un âge certain, ne sont que des synonymes politically correct qui camouflent un malaise de société.
Comme si être vieux était un reproche au jeu de la vie, alors que ce n’est que l’antonyme de jeune. Rien à voir avec la valeur de l’humain derrière les années. C’est la façon qu’on traite les vieux (ou les grosses) qui est à revoir, pas le mot.
J’ai un respect énorme pour eux.
Premièrement, ils ont le mérite de s’être rendus là et deuxièmement, ils possèdent un vécu qui ne se remplace par aucun manuel scolaire. Je passerais des heures à jaser avec mes grands-parents s’ils étaient encore vivants. C’est toujours enrichissant de savoir d’où tu viens pour savoir où tu vas.
J’espère vivre vieille dans un vieux couple amoureux. Le genre de couple qui ne sait même plus à quoi ressemble la vie sans la présence de l’autre parce qu’ils se sont réveillés plus souvent ensemble que seuls. Un couple qui dure, car leur envie de partager le bonheur ne s’éteint pas. Lorsqu’un humain (autre que ta mère) t’a vu dans tes états les plus vulnérables, les plus pitoyables, les moins glorieux, mais qu’il est resté malgré tout, ça donne envie de partager ses joies longtemps, j’imagine.
L’amour n’est pas une exclusivité réservée à la jeunesse.
Tout le monde y a accès, même les vieux grincheux veufs. (On connaît tous un bougonneux qui marmonne sur son perron en se berçant sur une chaise qui berce pas.)
La beauté de l’amour c’est que si ta grand-mère de 86 ans tripe sur le grincheux de 87, je te garantis que ses yeux brilleront comme au printemps de ses 15 ans. Désirer quelqu’un et se sentir désiré, ça met de la lumière dans le regard et ça te ravigote la peau molle. Être amoureux ce n’est jamais fade. Les premiers touchers, les premiers baisers, les premiers mots doux; ça reste toujours des premiers, peu importe l’âge.
Ça existe une nouvelle relation de vieux, même que ça existe du sexe de vieux. En résidence, il y a environ un homme pour quatre femmes et les infections transmissibles sexuellement sont à la hausse. Ça swing d’la prothèse dans le fond de la boîte à viagra certain!
Avec ou sans sexe, de l’amour c’est beau. Celui avec un grand A durable, tout comme le nouveau rempli de passion.
Je me souviens d’avoir braillé ma vie en voyant la scène des vieux dans Titanic. Je suis certaine que tu sais exactement de quelle scène je parle. Ce moment où le bateau coule et le couple étendu sur le lit, main dans la main attend la mort. Leur tristesse et leur paix d’esprit transperçaient l’écran. Ils étaient tristes de savoir qu’ils allaient mourir, mais heureux de rester ensemble jusqu’à la fin.
Bon, “c’est un film”, tu vas me dire. Oui je sais, c’est romancé à l’os. Mais si ça avait été moi dans le bateau à 90 ans, je ne pense pas que j’aurais été une de celles à me jeter à l’eau en souhaitant être repêchée. J’aurais sûrement abdiqué, en me disant : “Prends ma main, je t’aime, bonne nuit.”
J’ai trouvé l’homme de ma vie sur le tard.
Théoriquement, si on vit jusqu’à 100 ans, le maximum d’années qu’on pourra faire ensemble c’est 58. Cinquante-huit belles années avec sûrement des “moins belles” et peut-être même des “à chier”, mais j’aurai alors vécu plus d’années avec lui que sans lui et quand ce sera le temps de partir, j’espère juste être encore assez lucide pour lui dire :
“Prends ma main, je t’aime, bonne nuit.”
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Pour lire un autre texte de Mélanie Couture : “What’s up avec les salons de sultan?”