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Prendre le pouls des artistes du Canada
URBANIA et TV5 s’unissent pour vous présenter six Canadien.ne.s qui brouillent les frontières entre art et activisme.
S’il y a une chose que la pandémie a mise en lumière, c’est bien cette fonction de soupape que joue l’art dans nos vies. Imaginez comme il aurait été ardu de passer au travers les nombreux confinements sans l’aide de la culture. Sans illustrations, sans musique, sans Squid Game (!!!), le quotidien aurait été bien difficile à affronter. En plus de briser l’isolement et la monotonie, l’art a aussi cette capacité à dénoncer certaines situations et à porter sur la place publique des voix normalement ignorées.
Et comment les enjeux sociaux des dernières années ont-ils été abordés par l’art canadien? C’est ce qu’on verra dans la série Résiste!, qui propose un survol du travail de six artistes ayant pris la parole au moyen de leurs créations dans l’espoir de créer un monde meilleur et plus inclusif.
STEVE BEEZY
Natif de Québec, mais fort de racines ancrées au Burundi, le rappeur Steve Beezy fait de plus en plus de bruit sur la scène hip-hop de la Vieille Capitale depuis quelques années. Hissé désormais au rang de rappeur établi du quartier Limoilou, le MC a récemment sorti un nouvel album, dédié à son hood natal.
Sur Jamais Limoilou sans moi, Steve Beezy nous fait connaître la réalité trop souvent ignorée des quartiers durs de Québec, en plus d’aborder des thèmes comme le racisme et la pauvreté. Laissant un passé plus sombre derrière lui, Steve Beezy a le vent dans les voiles et se pose maintenant comme un exemple à suivre. Arrivera-t-il à remplir le Centre Vidéotron avant qu’une équipe de hockey s’y installe? Les paris sont lancés (spoiler : je mise un 20 $ sur Steve)!
SIMONE SAUNDERS
Pendant ce temps, à Calgary, l’artiste textile Simone Saunders continue de célébrer ses origines par l’entremise de ses œuvres. Reconnue pour ses toiles tissées, cette Afrodescendante a réalisé plusieurs œuvres inspirées, entre autres, par le mouvement Black Lives Matter. Armée de son tufting gun (une sorte de fusil à tissu qui permet de dessiner des œuvres sur un canevas et non une véritable arme à feu, on s’entend), Saunders crée des œuvres colorées aux textures hypnotisantes.
Alliant à la fois beauté et force, les créations de Simone Saunders sont une célébration des femmes noires et une façon pour l’artiste de renouer avec ses racines. En voyant ses œuvres, on comprend que les tapis peuvent servir à beaucoup plus qu’à protéger le plancher de notre salle de bain : ils peuvent aussi faire réfléchir.
SHAY DIOR
Les questions d’identité de genre se retrouvent de plus en plus dans l’actualité, et c’est tant mieux! Si ces enjeux ont autant de visibilité, c’est entre autres grâce au travail d’artistes comme Shay Dior. Après s’être d’abord établie à Toronto, Shay Dior s’est lancée dans l’art du drag en 2015 à Vancouver, où elle s’est rapidement fait un nom sur la scène locale.
Depuis, la queen tente d’aider d’autres artistes queers d’origine asiatique, comme elle, grâce à sa famille House of Rice. Son rôle en tant que « drag mother » consiste à accompagner de jeunes Asiatiques de la communauté LGBTQ+ de Vancouver dans leur parcours vers le drag. Un mentorat qui a tout changé pour ses huit « enfants », ce qui n’étonne pas quand on sait qu’encore aujourd’hui, l’homosexualité est censurée en Chine et reste un sujet tabou.
Armée de ses souliers à talons hauts, Shay Dior écrase les préjugés envers sa communauté, sans jamais faire couler son mascara!
CHLOE CHAFE ET ANDREW EASTMAN
L’union fait la force et ça, le duo composé de Chloe Chafe et d’Andrew Eastman l’a bien compris. C’est justement dans cet esprit collaboratif que les deux artistes ont fondé l’organisme Synonym Art Consultation, dont la mission est d’organiser des événements mettant en valeur l’art public à Winnipeg.
Parmi leurs projets, on compte entre autres le festival Wall-to-Wall, qui se consacre à l’art mural en plus de présenter des spectacles de musique. Chaque année, le festival permet pendant un mois la rencontre d’une foule d’artistes locaux et d’ailleurs en plus de promouvoir le travail d’artistes s’identifiant à des communautés marginalisées. Andrew Eastman pilote également par ailleurs le festival GORGE, le premier festival queer et drag au Manitoba.
Ensemble, les membres de ce duo contribuent à garder la vie culturelle de leur province en santé, en plus d’aider les artistes en leur offrant une plateforme pour s’exprimer. Bref, on peut dire que tous deux travaillent à rendre les prairies du Manitoba un peu moins… plates! (hi hi hi)
ARIANNE TONG
Finalement, s’il y a une chose qui nous a incontestablement aidés collectivement à passer au travers des derniers mois, c’est de rire un peu. Et ça, Arianne Tong l’a bien compris! Humoriste torontoise, Tong fait rire son public avec un humour léger et une pointe de sarcasme qui fait réfléchir le public tout en le divertissant. Dans ses numéros, l’artiste de stand-up aborde des sujets qui touchent sa réalité queer en tant que fille d’immigrants indiens. Et contrairement à Sugar Sammy, elle arrive à le faire sans choquer les péquistes!
Arianne Tong publie également des textes sur le site satirique The Beaverton en plus d’écrire pour YOHOMO, consacré à la culture queer de Toronto. Dans ses temps libres, elle anime le balado Group Therapy, où elle parle de santé mentale avec des collègues humoristes. L’ensemble de son œuvre lui a valu une nomination au I Heart Jokes Awards de 2020 dans la catégorie Newcomer Comic of the Year, ainsi qu’une mention dans le présent texte d’URBANIA, ce qui est, en quelque sorte, l’ultime honneur.
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Pour découvrir d’autres artistes canadiens engagés et qui sortent de l’ordinaire, regardez les nouveaux épisodes de la série Résiste!, animée par l’artiste multidisciplinaire Pony, maintenant en ligne sur la plateforme TV5Unis.