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Première tendance de 2012 : le recyclage

Par
André Péloquin
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Bien qu’«EXCLUSIF» en majuscule sur fond rouge, le récent reportage de La Presse indiquant que le Québec est encore loin dans ses objectifs de recyclage a tout faux. Le recyclage sera, en fait, sur la sellette en 2012… pour le meilleur, comme pour le pire.

Du bon, du rap et Dujardin

Parmi les points positifs, on produira de plus en plus d’hommages ou de produits faisant des clins d’oeil aux œuvres d’antan. Prenons par exemple la reprise du cultissime «Protect Ya Neck» du Wu-Tang Clan par le collectif rap K6A qui, non content de reprendre la pièce en français, y va d’une vidéo reprenant, plan par plan, le clip qui était associé à l’original.

Puis, à en croire le rythme effarant des parutions du fameux Alaclair Ensemble, jeunes et moins jeunes risquent de dépoussiérer à nouveau leurs livres d’histoire pour capter les références bas-canadiennes du « crew » qui livrera certainement d’autres «singles» en 2012. Le rap au service de l’éducation, quoi!

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Du côté des jeux vidéo, la bonne vieille console NES suscite toujours de l’intérêt de créateurs nostalgiques, certes, mais tout de même visionnaires. D’ailleurs, depuis ce matin, vous devriez pouvoir jouer gratuitement à «Abobo’s Big Adventure». Un projet misant sur un personnage obscur d’une série culte – «Double Dragon» – qui se retrouve, à son tour, projeté dans une variété de jeux.

La musique émanant de la fameuse console de Nintendo aura aussi inspiré une variété de musiciens au fil des années. Parmi ceux-ci, retenons Anamanaguchi parce que 1, je les aime bien et 2, ils seront en concert à Montréal le 20 janvier prochain. Comme le recyclage est au goût du jour, les voici alors qu’ils réinterprètent le classique «Buddy Holly» de Weezer à la sauce 8-bit…

Puis, de l’autre côté de la marre, l’hommage français au cinéma muet The Artist ne cesse de fasciner les Américains et récoltera sans doute d’autres prix prestigieux en 2012.

En plus de reprendre une trame narrative classique, voire clichée, l’œuvre pimente son récit de références subtiles à un cinéma mis au rencart (le policier du sauvetage ressemblant à s’y méprendre à un Keystone Kop et j’en passe) tout en livrant un pied de nez à une industrie misant de plus en plus sur la 3D, des sièges vibrants ou, justement, des remakes sans saveur (Paul Harris du Guardian qualifiait d’ailleurs 2011 de «l’année de la répétition»). Bref, The Artist réussit là où le fameux Grindhouse de Tarantino et Rodriguez – qui reprenait, lui aussi, un genre tombé dans les oubliettes, s’est cassé la gueule. Et ce n’est pas tout, on rapporte même que le film influence déjà certaines collections de designers qui, à leur tour, replongeraient dans le glamour de la mode d’antan. Le serpent mange sa queue et trouve ça succulent, en effet.

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Du mauvais en tabarnak…

Puis y’a évidemment l’affaire Jonathan «Mon père est riche en tabarnak» Montalvos qui refuse de mourir et qui n’est pas sans rappeler la mésaventure de Ghyslain «Star War Kid» Raza, cet ado de Trois-Rivières qui, en 2002, captivait le Web entier avec ses prouesses au balai. Ah! 2002! Neuf années avant que le terme «intimidation» devienne tour à tour un cri d’alarme, puis un terme galvaudé dans l’espace de quelques semaines.

Ainsi, selon certains, Mike Ward ne faisait pas d’humour noir, il intimidait Joel Legendre tout comme les personnes qui bousculent les autres dans l’escalier roulant. Le fameux vidéo de la dame qui chante «Sensualité» d’Axelle Red en montrant ses jouets sexuels? Ne riez pas! Ne partagez pas! C’est de l’intimidation sinon.

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Plusieurs chroniqueurs se prononcent pour ou contre la récupération de la mésaventure de Montalvos, ce dernier espérant maintenant en tirer profit. L’intimidateur (bien que minable, la diatribe sur la richesse de son père ressemblait tout de même à une menace) devenu intimidé se présente à nous comme un produit. Est-il trop opportuniste ou, au contraire, est-il «fort» de transformer une telle malchance en opportunité (un peu comme la star instantanée Kim Kardashian, qui on se le rappellera, est devenue célèbre et «riche en tabarnak» grâce à un «sex tape» où elle se faisait pisser dessus par un ex)? Je ne sais pas. Je me demande pourquoi on y apporte autant d’importance, en fait. On s’étonne que Montalvos soit payé autant pour participer à des soirées dans des bars branchouillards. Je me demande surtout pourquoi tant de fêtards y vont. «On sort là ce soir! Y’a le gars que son père est riche en tabarnak qui animera la soirée!» On peut facilement faire mieux pour s’occuper un samedi soir…

Quelques semaines après le dévoilement du fameux vidéo, les parents de Ghyslain Raza poursuivaient les fautifs derrière la fuite alors que leur fils pansait toujours ses blessures. Montalvos, lui, se trouvait un agent.

Vive le recyclage!

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(Crédit-photo: le blogue d’Akros-Henschel)