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Il se démène le bougre. Il s’acharne. Il ne lésine pas sur le travail et l’effort pour gagner des votes. Il a mis les bouchées doubles pour lancer des promesses et des bonbons aux électeurs indécis, aux fédéralistes déçus, aux anglophones sacrifiés, aux souverainistes ramollis, aux parents stressés, aux grand-mamans chancelantes…
Pour étoffer son équipe, il a réussi à débusquer doc Barrette (on ne s’étendra plus sur sa stature), Jack Duchesneau (Le super flic aux mains tellement propres qu’on peut voir à travers) et quelques autres candidats colorés comme le célèbre Kamal G. Lutfi (viré avant de faire trop de dégâts) ou l’ésotérique Martin Caron (mystérieusement absent de l’entourage du chef). Mais auparavant, l’ex comptable de la compagnie aérienne à bas prix Air Transat avait fait main basse sur les restes du parti de Mario Dumont.
Est-ce que ça en ferait un bon premier ministre ?
Poser la question, c’est y répondre.
Nous allons quand même donner une chance au coureur. On est comme ça, à Urbania, on n’est pas toujours du côté des étudiants révolutionnaires et paresseux, des socialistes mal fagotés ou des lesbiennes transgenres. On est ouvert à tous les courants et on donne une voix aux plus improbables pour faire valoir leurs points de vue fussent-ils à l’opposé des nôtres.
Il en a bavé ce printemps, le besognant François Legault! Pendant qu’un formidable mouvement social agitait le Québec, il a été relégué aux oubliettes de l’histoire. Et pour rappeler qu’il existait, il a dû appuyer la triste loi 78 et faire la morale aux jeunes. On ne donnait alors pas cher de sa peau de politicien ambitieux et encore moins de celle de l’ADQ-bis qu’il dirigeait comme un PDG qui vient de lancer une hostile takeover sur une compagnie concurrente.
Et puis Jean Charest a eu la bonne idée de déclencher des élections pendant les vacances de la construction et avant la commission de la collusion.
Legault s’est alors empressé de partir en campagne comme un bon élève prépare la rentrée des classes. Il a remis au pas les gentils débris de l’ADQ. Il a mis le doc Barrette dans la balance pour s’attaquer au lourd bilan en santé du gouvernement Charest (excusez, c’est plus fort que moi). Et il a donné une place gratis à Jack l’incorruptible Duchesneau pour se donner un alibi.
Son équipe de cravatés (il est vrai qu’il y a passablement plus d’hommes que de femmes dans son boys band) une fois formée de quidam dont on ne sait ce qu’ils font à part les deux vedettes susnommées, François Legault a demandé à une firme de communicateurs, je n’irai pas jusqu’à dire chevronnés, de lui pondre un joli slogan. Ça a donné le célèbre mais éculé : «C’est assez. Faut que ça change!» Slogan qui ne veut rien dire et dont nous avons rapidement trouvé le vrai sens : «C’est assez faux que ça change!»
Au pouvait donc s’attendre à ce qu’un vent de fraîcheur souffle sur la campagne, que les vieilles chicanes et les antiques habitudes électorales soient balayées par le changement annoncé, qu’enfin du nouveau jaillisse au milieu du vieux.
C’est tout le contraire qui est arrivé. Le parti de François Legault bâti sur les ruines de l’ADQ de Mario Dumont est aussi vieux que le PLQ qu’il blâme et le PQ qu’il fustige. Il est beige, terne, sans vision. Ses idées sont vieilles. Ses idéaux sont bruns. Ses aspirations sont plates. Ses propositions sont usées. Son programme goûte le vieux macaroni au Cheese Whiz réchauffé et ses promesses ressemblent à du Jello poussiéreux acheté au Dollorama.
C’est normal, la CAQ est un mélange de lobbyistes sans envergure, d’Adéquistes orphelins, d’arrivistes opportunistes et de Libéraux désespérés.
Alors, finalement, pourquoi pas François Legault? Parce que.
Photo: Alex Drouin