Je me considère comme une personne économe. Je suis (la plupart du temps) capable de gérer mes pulsions de surconsommation, et je garde mes pots de yogourt pour en faire des Tupperware. Vous voyez le genre.
En fait, il existe un seul type de personne qui aime plus les rabais que moi et ces personnes, ce sont mes amis riches. Ça défie toute logique et ça me rend complètement folle. Ils et elles ont 2 ou 3 zéros de plus que moi sur leur solde de compte bancaire, et pourtant, vous ne les verrez jamais quitter une soirée sans reprendre ce qui reste de leur pack de bière, ou donner plus que le minimum absolu de pourboire requis. Pourquoi ce sont toujours les plus riches qui sont les plus gratteux ?
Face à ce phénomène, j’ai fini par me poser la question : est-ce que la richesse rend cheap, ou bien est-ce que c’est en étant cheap qu’on devient riche ?
J’ai mené ma petite enquête
Mes amis riches (dont aucun n’a accepté que je révèle leur identité ni l’étendue de leur richesse) ont bien voulu répondre à mes questions, malgré le fait que je les traitais ouvertement de personnes cheaps.
Pour Rami, qui a un excellent salaire, mais une auto pourrie, c’est une question d’éducation. « J’ai grandi dans une famille où on faisait attention à ne pas trop dépenser, et ce n’est pas parce qu’aujourd’hui je gagne bien ma vie que je vais changer cette habitude. J’évite juste de jeter mon argent par les fenêtres. J’appelle pas ça être cheap. »
Vivien, quant à elle, a un appartement somptueux, mais adore chialer avec moi sur le coût de la vie. Elle croit que le succès financier vient avec une certaine confiance en soi et une facilité à négocier. « C’est dans mon ADN, je pense. Je connais ma valeur, j’adore l’optimisation financière et je n’ai pas peur de réclamer ce qui m’est dû. Je négocie tout, que ce soit avec des vendeurs Marketplace ou de potentiels employeurs. Comment tu penses que je me suis rendue où j’en suis ? »
Pour finir, Marc, qui possède plusieurs « portes » à Montréal, aimerait que j’arrête de le gosser avec mes questions. « Je ne suis pas du tout aussi riche ni aussi cheap que tu le penses. Déjà, un compte en banque, ça peut se vider aussi vite que ça s’est rempli. »
« Et puis, tu as l’impression que je suis cheap parce que je ne paie pas ma tournée de shooters chaque vendredi, mais en réalité, je donne sans compter à mes parents et à mes nièces. »
Est-ce que cette enquête est exhaustive ? Non, pour la simple et bonne raison que j’ai vite fait le tour de mes amis aisés.
Est-elle parfaitement objective ? Non plus parce que j’ignore à quel point on peut faire confiance aux gens riches.
Cela dit, je trouve que ce sont d’excellentes pistes de réflexion.
Que dit la science ?
Je vous confirme que Marc est à l’aise financièrement, mais le fait qu’il en doute n’est pas hors du commun. La perception de la richesse n’est pas pantoute objective et, même lorsqu’ils vivent largement au-dessus de la moyenne, rares sont les gens qui se considèrent comme riches. Ce phénomène permet d’expliquer en partie pourquoi les gens aisés ne dépensent pas forcément plus, malgré le fait qu’ils ont plus d’argent.
L’ouvrage The Millionaire Next Door: The Surprising Secrets of America’s Wealthy, sorti en 1996, est LE livre de référence des coachs en finances personnelles. Ses deux auteurs, après avoir étudié en profondeur les habitudes des millionnaires américains, ont découvert qu’ils sont bien souvent les plus frugaux. La différence entre les personnes riches et celles avec un haut salaire serait donc le mode de vie. Les deux règles d’or pour se joindre à la classe aisée : débourser moins qu’on gagne, et éviter les dépenses de vanité, qui ne servent qu’à afficher notre statut.
C’est logique. Personne n’est jamais devenu millionnaire en flambant son argent sur un Cybertruck.
Cela dit, il y a une autre explication, et elle ne plaira sans doute pas à mes ami. e. s aisé. e. s : l’argent n’est peut-être pas une ressource aussi neutre que les coachs en finances personnelles aimeraient nous le faire croire. En plus de ne pas faire le bonheur, l’argent rendrait aussi moins empathique, moins généreux et moins honnête. Les personnes plus riches reconnaîtraient moins bien les émotions des autres, donneraient moins aux œuvres de charité, et auraient plus tendance à commettre de petits méfaits.
Condonc. Je devrais peut-être changer d’ami. e. s, finalement.
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