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Pourquoi les jeunes n’écoutent plus la télévision québécoise?
C’est pas une surprise, j’suis pas le premier qui en parle : les jeunes s’en câlissent de la télé québécoise. J’y contribue aussi malgré moi, mais pour ça, y faut que ça change.
Si Noovo a suscité de l’espoir avec des émissions comme OD et Chouchou, laisse-moi te mettre ces statistiques désastreuses en pleine face : l’âge moyen des téléspectateurs de Noovo est de 50 ans, celui de TVA est de 57 ans et celui de Radio-Canada atteint 58 ans. T’sais, quand 50 ans est synonyme de « jeunesse dans le vent »…
Le gouvernement clame sans arrêt que « les jeunes doivent consommer plus de contenu québécois ». Pourtant, dans notre belle province, tout le contenu de fiction à la télé et au cinéma est financé par ce même gouvernement.
Tout. Le. Contenu.
L’une des excuses les plus courantes pour expliquer le manque de divertissement local pour les jeunes est que, compte tenu de nos faibles moyens, il serait impossible de rivaliser avec les géants du streaming. C’est presque vrai.
Quand t’as accès à des séries aussi incroyables que Stranger Things ou The Boys, c’est assez difficile d’être attiré par les séries d’ici qui semblent toutes partager la même esthétique visuelle, illustrer les mêmes dynamiques de personnages… et mettre en vedette Éric Bruneau.
Mais mine de rien, Les Beaux Malaises a ranimé l’espoir, C’est comme ça que je t’aime a ravivé une flamme et Le Cœur a ses Raisons reste révolutionnaire jusqu’à ce jour. Oser dire que produire du contenu de qualité coûte cher, c’est un SCANDALE. Personne n’attend du gouvernement qu’il finance une mégaproduction où Montréal est envahie par des démogorgons qui sortent par toutes les stations de métro (pour une fois que la ligne verte ne serait pas la seule à shut down).
En revanche, créer des scénarios de qualité, diversifiés, audacieux, colorés, crus, avec des signatures visuelles exceptionnelles à l’image de Sex Education, Beef, The Bear, Euphoria, The Office, Dahmer, 13 Reasons Why, Ted Lasso, Severance ou bien d’autres, c’est possible au Québec. Pis je parle pas de faire des remakes, je parle de la faisabilité de ces bonnes idées originales (même si je mettrais toute ma vie sur pause pour voir Ted Lasso avec genre… Éric Bruneau, évidemment).
On pourrait tellement se permettre des concepts champ gauche dans des lieux simples. Je répète, une bonne idée, ça n’a jamais nécessairement coûté cher. On est reconnus pour faire des miracles avec peu, du grandiose avec de petites équipes. Suffit d’accepter que les temps changent et qu’à c’t’heure, les attentes soient plus élevées.
Présentement, pour un jeune, écouter du contenu québécois revient à faire un bond de 15 ans en arrière. Pas parce que c’est québécois ou en français, mais parce que c’est déconnecté de notre réalité, contrairement à ce que proposent nos voisins du Sud et le pays de la madame sur nos 20 piasses.
On s’est habitués à consommer des séries crues et progressistes. On s’est peut-être habitué à l’over-vulgarité des scénarios de Netflix, mais ça reste anormal que Damien dans Fugueuse dise « Tabarouette, Fanny »! Comment tu veux parler à ton peuple si tu n’utilises pas son langage? Pis partez-moi pas sur le doublage…
« Euuuh c’est faux, on a fait des webséries pas piquées des vers sur nos plateformes en ligne », pourraient répliquer certains producteurs. Ben oui. Mais ils les promeuvent à peine trois jours sur Facebook, leur site est insupportablement mal chié et y’a assez de pubs pour que j’aie le temps de faire un round de Boulettes avant que chaque épisode commence. Rien de plus souffrant qu’avoir quatre fois la même pub des Érables du Québec quand je veux juste dévorer la suite de Complètement Lycée.
Même chose pour le cinéma. J’ai eu la chance d’aller voir Les Chambres Rouges, un excellent film de Pascal Plante. Juste avant le film, l’intro Cinéplex ne présentait QUE des bandes-annonces de films québécois dont je n’avais jamais entendu parler avant.
Comme si c’était un « genre » à part entière. Comme si y’avait les films Marvel, les films d’amour… et les films québécois.
« Chérie, ce soir, tu feeles plus Black Panther ou Maria Chapdelaine?»
Pour que le contenu d’ici trouve son public, faudrait que le public en question sache que ce contenu existe.
Alors oui, la compétition est féroce, mais il y a encore de l’espoir! Prenons l’exemple de LOL : Qui rira le dernier? qui a connu un franc succès sur Amazon Prime. C’est francophone, québécois, audacieux, accessible et cru (*insérer le bruit de pet de Christine Morency*).
J’suis aucunement un expert en la matière, mais dans ma tête, y’a deux possibilités devant nous :
Produire plus de séries jeunes et branchées sur des versions A-MÉ-LIO-RÉES des sites de diffusions en ligne existants (comme Bell Média qui est sur une belle lancée avec Crave).
OU…
Prendre le$ grand$ moyen$ des géants du streaming et s’en servir à bon escient pour enfin faire voir au monde entier notre grande culture, notre talent, notre travail et notre art .
Comme dirait Elvis Gratton : « Think big, s’ti! »
*NB : Le terme « jeune » dans cet article désignera toujours la tranche d’âge de 16 à 38 ans.