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Pourquoi les gars ne veulent pas danser?

Les Activités culturelles de l’Université de Montréal et URBANIA s'associent pour démystifier la relation entre les hommes et la danse.

Par
Camille Dauphinais-Pelletier
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Avez-vous déjà amené l’idée d’un cours de danse à votre copain pour vous faire répondre «hahahaha oui c’est une bonne idée, hey faut vraiment que je parte bye là on pourrait faire de la poterie à la place?»

Ou tout simplement: «non désolé, je danse vraiment mal»?

Cet inconfort semble répandu chez les gars, et il touche autant les amateurs de moteurs que les poètes, en passant par les sportifs.

Et pourtant, on aimerait voir les gars danser!

Selon notre très scientifique sondage interne:
– 98 % des employé(e)s d’URBANIA voudraient que leur amoureux puisse les faire danser,
– 12 % des femmes enceintes de notre bureau trouvent ça nice qu’on n’ait pas à se saouler pour danser avec confiance,
– 85% de notre entourage considère que la danse est LA chose la plus excitante après le sexe.

Pourquoi, donc, les gars n’embarquent-ils pas dans cette vague?

«Crois-moi, tu ne veux pas me voir danser!»

Selon Didier Jean-François, copropriétaire du Studio 88 Swing, chorégraphe pour l’émission Les dieux de la danse et fondateur du Championnat canadien de swing, c’est tout simplement que les gars… ont peur d’avoir l’air ridicule.

La crainte du ridicule est latente.

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«Disons qu’une gang de filles va dans un nightclub. Elles ont du fun, elles se lâchent lousse, les gars les regardent, les admirent, les désirent… Mais si une gang de gars fait la même chose, d’autres gars vont rire, des filles vont les trouver pas bons: c’est la phobie de tous les mecs. C’est rare que les filles dans un club se disent: imagine que les gens se foutent de notre gueule? Au pire elles trouvent ça drôle. Mais pour un gars de 20 ans, cette peur, c’est la norme.»

Même chez ceux qui sont plus à l’aise avec la danse, la crainte du ridicule est latente. «Par exemple un Haïtien qui vient prendre un cours de swing avec moi, c’est presque sûr qu’à un moment il va me dire en chuchotant qu’il ne veut pas avoir l’air ridicule. Certains sont peut-être plus ouverts, mais ils ne veulent pas avoir l’air fous», explique Didier Jean-François, qui souligne qu’en tant que prof, il va faire tout ce qu’il peut pour que ses élèves n’aient pas l’air fous, justement!

Les Noirs dansent mieux?

L’exemple donné dans le paragraphe précédent ramène cette fameuse idée comme quoi les Blancs ont moins de rythme, que dans un party, ils ressemblent à des planches de 2 X 4 gênés qui fixent le mini-bar pour ne croiser le regard de personne. Oui, ils sont à l’aise avec leur corps pour extirper leur char de la neige, mais pas pour danser.

Dans certaines cultures, les gens apprennent à danser quand ils ont 6 ans.

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On se doute qu’il y a quelque chose de louche sous cette idée préconçue. La preuve: Didier Jean-François est à moitié Haïtien, et il ne danse pas juste à moitié bien!

«Les gens vont souvent dire: t’es noir, t’as le beat dans le sang, mais ce n’est pas une vérité. Tous les gens qui apprennent à danser partent de rien. C’est juste que dans certaines cultures, les gens apprennent à danser quand ils ont 6 ans. Dans leur famille, on danse tout le temps: ils voient leur père et leur grand-père danser. Et ça ne veut pas dire qu’ils sont à l’aise avec leur corps: ça veut surtout dire que pour eux, l’idée de danser, ce n’est pas quelque chose de nouveau.»

J’avoue qu’en tant que fille dont la famille vient de Sorel-Tracy, l’idée d’un homme qui danse dans les partys de famille me semble… inusitée.

Danser pour changer sa vie, oui oui!

En plus de vous permettre d’émerveiller les autres avec vos skills et de vous faire faire du sport, la danse peut changer votre vie. Dider Jean-François le confirme avec sa propre expérience.

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«Avant de commencer à faire de la danse de couple, j’étais équilibré: j’avais des amis, des bonnes notes et une bonne job. Mais pour moi, l’idée d’un contact physique, c’était un BIG DEAL, je ne savais pas comment gérer ça. J’avais aussi un problème avec les gais, je ne comprenais pas, j’avais peur de toucher à un homme. La danse de couple pour moi a tellement démystifié le contact physique, et maintenant, je danse avec des gars et des filles, autant lead que follow. L’homophobie, comme d’autres choses, c’est beaucoup basé dans la xénophobie, dans la peur de l’autre. Il ne faut pas sous-estimer l’importance de ça.»

La danse et le contact humain améliorent le feeling personnel.

L’enseignant remarque d’ailleurs que parmi ceux qui arrivent au studio, beaucoup ont un profond malaise à être auprès des autres. Après quelques séances, ils commencent à rire, ils vont prendre une bière en groupe après le cours. «Des gens m’ont déjà dit que le swing avait sauvé leur vie. Le sport en général améliore le feeling personnel, mais l’idée du contact humain dans la danse de couple a aussi un énorme effet.»

Il n’y a pas de limite d’âge pour danser.

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Pis même si la danse de couple n’a vraiment pas besoin d’être pratiquée avec quelqu’un dont on est amoureux, c’est quand même une belle façon de rencontrer. «Une soirée de danse, c’est pas comme une date: si quelqu’un t’énerve après quelques minutes, tu n’as pas à rester avec toute la soirée, tu retournes danser!» conseille Didier Jean-François en riant.

Ça vous donne le goût? Vous pouvez commencer par aller observer des soirées de danse dans les bars pour déterminer le type qui vous tente le plus, en vous rappelant que tout s’adapte: il n’y a pas de limite d’âge pour danser. Et après, gars ou fille: foncez. Dites-vous que le ridicule ne tue pas, et que c’est peut-être au fond le premier pas de danse qu’il faut apprendre…

***

Les Activités culturelles de l’Université de Montréal offrent une belle sélection d’ateliers de danse. Didier Jean-François y enseigne notamment le swing, mais vous pouvez aussi faire du baladi, de la danse africaine, de la danse contemporaine, folklorique, du hip-hop… Et c’est ouvert à tous, pas seulement aux étudiants!

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