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Je m’étais juré de ne pas le faire, mais voilà, c’est fait : j’ai écrit un billet sur Downton Abbey. Quelques mots sur mon nouvel objet de fascination.
Je suis complètement obnubilée par Downton Abbey. Addiction totale et sans remède. J’ai écouté les trois saisons en moins d’une semaine. Je n’en dormais plus. Je réglais mon cadran 2 heures plus tôt qu’à l’habitude pour écouter un ou deux épisodes avant d’entamer ma journée. Et puisque j’ai une émotion certaine qui me monte à la gorge dès que j’entends la musique du générique, voilà que j’ai recommencé. Du début, je veux dire. Je suis de retour au cinquième épisode de la saison 1, en quête de détails qui m’auraient échappé, la première fois. Je me demande combien de fois je répéterai la boucle d’ici janvier prochain, lorsque la quatrième saison sera enfin diffusée…
C’est à se demander quelle mouche me pique.
Bien sûr, Downton Abbey raconte avant tout le déclin inexorable d’un monde, d’un ordre social et d’un empire, à travers les vicissitudes de la vie quotidienne de la richissime famille Crawley, et son personnel de service. L’empire britannique était en plein morcellement, son déclassement dans l’ordre mondial était déjà bien amorcé et, avec celui-ci, le début d’un temps moins faste pour l’artistocratie, bon. Tout ça, on l’aura compris : la fenêtre historique est parfaitement ajustée pour observer cette période de grands bouleversements; qui, bien sûr, furent catalysés par la Première guerre mondiale, mais qui s’esquissaient bien avant.
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Après réflexion, je dirais que ma fascination pour cette saga s’enracine plutôt dans les détails. Dans les micro scènes et dans certains éléments narratifs qui n’alimentent pas forcément l’intrigue principale, mais qui témoignent de l’époque pleine de paradoxes et de chavirements annoncés qu’on tente de dépeindre. On nous raconte donc l’histoire d’un monde à la croisée des chemins, certes, mais qui peine surtout à projeter ses codes dans un futur incertain.
upstairs
downstairs.
spoiling
self-made man
Pourtant, de manière fort intelligente, on finit par nous montrer un aspect un peu moins verteux de ce « refus d’être servi ». Un matin, alors que M. Molesley observe Matthew se vêtir seul pour la énième fois, ce dernier lui explique gentiment qu’il ne se fera jamais à l’idée qu’on le « dress like a doll ». « I am sure you have better things to do…» lance-il, assez gentiment. Puis, le valet rétorque, interloqué: « But it’s my job, Sir… » Ce à quoi Matthew répond, de manière aussi naturelle que nonchalante, avec un petit rictus : « Well, it seems like a silly occupation for a grown man! »
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Et là, évidemment, gros plan sur le visage déconfit de Molesley; qui se fait remettre en pleine tronche la modestie des fonctions qu’il occupe. Mais le fils d’un marchand de fleurs pouvait-il vraiment aspirer à autre chose? Et si, à Dowonton Abbey, on traite au contraire les domestiques avec dignité et grande considération, l’attitude de Matthew ne se présente-t-elle pas comme une forme d’arrogance? Un mépris à l’endroit de ceux qui ne sont « que domestiques »? Un paquet d’interrogations sur les rapports entre les classes sont alors sous-tendues. Particulièrement sur les rapports entre la bourgeoisie capitaliste tout juste « parvenue » et la classe inférieure – dont elle émerge essentiellement.
Ainsi, très souvent, au cours de la série, on nous présente la dualité entre l’approche bourgeoise et aristocrate de la propriété, du marché, des rapports sociaux. On démontre le « dépassement » de l’aristocratie, de son conservatisme et de ses dogmes, mais on demeure critique dans la manière de présenter l’ascension des nouvelles forces socioéconomiques. Plus libérales, certes, mais peut-être moins humaines? Alors voilà. Du gris, de l’ambiguïté et, on va se le dire, matière à réfléchir.
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Je pourrais en parler longtemps. Vraiment. Mais j’ai très envie d’aller finir de ré-écouter l’épisode que j’ai commencé en écrivant tout ça…
Enfin.
crush