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Novembre est arrivé. L’automne. Les feuilles qui tombent. Et les moustaches temporaires – de la plus fournie à la plus « bravo pour l’effort » – qui poussent sous le nez des hommes de votre entourage. Pour la cause de la santé masculine ou juste pour le fun.
La mienne, elle est durable. Une moustache quatre saisons. Une moustache persuadée que novembre dure toute l’année. Une moustache pas tuable.
Entrer dans le moule
J’étais de ces jeunes hommes (je suis encore jeune, je sais) qui n’auraient jamais osé arborer volontairement un attribut physique susceptible de déplaire. Oh que non! Je n’étais jamais audacieux ni en avant de la parade. J’atterrissais chaque fois pile-poil sur ce qui était à la mode, ou même volontairement un peu en arrière de ce qui était à la mode. Juste pour être certain que rien ne retrousse, pour être certain de plaire au plus grand nombre. Eh oui! Plaire. Plaire aux autres. Aimer se faire dire qu’on est beau et fin. Pas par vanité, juste par manque de confiance. Comme beaucoup trop de monde. On rentre dans les rangs, le jupon ne dépasse pas, et on maximise nos chances d’avoir ce regard approbateur, ce sourire qui dit : « Je t’aime bien, toi! » De tout le monde! Avec le moins d’exceptions possible.
Puis vint novembre 2012. Pour la première fois, je me suis laissé pousser la sacro-sainte moustache, sans me douter du monstre que j’allais créer. L’humanité a été divisée en deux : ceux qui ont adoré et ceux qui ont détesté. Rien au milieu. Aucun « Je ne sais pas » dans les choix de réponses.
Le (faux) danger de déplaire
Le plus fascinant, quand t’as une moustache (ou une bedaine ou que tu perds tes cheveux, selon ce que j’observe chez les hommes), c’est aussi que personne ne se gêne pour te manifester son opinion sur ton apparence. Des regards qui désapprouvent, parfois même de dégoût. Des blagues grasses. Des commentaires désobligeants. Certains essaient même de faire « une intervention » (allô Gary, Nathalie, Pascal et les autres) comme s’ils se sentaient investis de la mission de ramener le moustachu « dans le droit chemin du bon goût ». Ha!
Le plus fascinant, quand t’as une moustache (ou une bedaine ou que tu perds tes cheveux, selon ce que j’observe chez les hommes), c’est aussi que personne ne se gêne pour te manifester son opinion sur ton apparence.
On reçoit aussi beaucoup de commentaires fort positifs et de regards lubriques d’hommes (et de femmes) qui aiment simplement le look ou qui semblent bien émoustillés par le symbole : « sexy », « attirant », etc. Eh non! La morale de cette histoire : tes souvenirs des sex-symbol Tom Selleck, Burt Reynolds et Freddie Mercury ne sont jamais bien loin. Tiens-toi-le pour dit!
À un poil de l’acceptation
Vous savez quoi? En fin de compte, j’ai découvert un Patrice capable de se foutre de votre opinion. Je dis ça gentiment, là. Un Patrice pas influençable. « Moi, j’aime ça, et c’est ce qui compte » est devenu mon leitmotiv. Je me suis senti mieux dans ma peau en faisant le choix conscient de ne pas faire l’unanimité. Ce fut presque une thérapie. La moustache comme catalyseur d’estime et de connaissance de soi. Qui l’eut crut! J’aurais dû comprendre le tout à 15 ans, mais bon, c’est l’objet d’un tout autre article (mais j’aurais sans doute eu la moustache un peu moins virile à l’époque).
Depuis 2012, j’ai rasé ma moustache à quelques reprises, mais la durée du look fraichement rasé est allée en diminuant et en diminuant, jusqu’à je ne la coupe plus du tout. J’ai des commentaires encore chaque semaine. Des compliments? Je dis merci, sans plus. Des critiques? Je souris en haussant les épaules.
Vous aussi, pouvez être velus de la lèvre
J’ai été porte-parole de la Fondation Movember pendant quelques années afin de promouvoir l’importance de la santé masculine. Maintenant, je fais quand même de la sensibilisation à petite échelle, mais ma moustache poursuit son chemin, seule, mature, comme le chien Vagabond dans la série de notre enfance. Elle est rebelle without a cause. Signe du chemin parcouru, elle entre fièrement avant moi dans une pièce, sans s’excuser d’exister.
Maintenant, je fais quand même de la sensibilisation à petite échelle, mais ma moustache poursuit son chemin, seule, mature, comme le chien Vagabond dans la série de notre enfance. Elle est rebelle without a cause.
Et entre toi et moi, quand je vois le nombre de gars qui peu à peu, depuis deux ou trois ans, emboîtent le pas et y vont avec le look « moustache et barbe de deux jours » assumé (et pas juste au mois de novembre), je me dis, avec un sourire de satisfaction, qu’être en avant de la parade a été et est toujours, finalement, une bien meilleure place.
Trouvez votre moustache!
Le cachet de cet article a été versé en don à la Fondation Movember Canada : movember.com