.jpg)
Pourquoi j’ai cessé d’objectifier les hommes
Ça fait seulement quelques années que je suis ce qu’on appellerait communément « un gai ». Ben… avant aussi, j’étais « un gai », c’est juste que j’le disais pas. C’était un secret. UN SECRET D’ÉTAT.
J’faisais pas juste supprimer mon historique de navigation dans ce temps-là, nanon, j’crissais mon ordi au complet din vidanges. Des années à apprendre à fermer ma yeule, à vivre mes crushs seul, mes peines d’amour seul. À mener une double vie COMME HANNAH MONTANA mais avec plus d’anal.
Un moment donné, j’ai ben vu que ma vie était d’la marde, faque j’me suis dit baoooon, pas moyen esti, aussi ben faire un coming out! Depuis, ben j’apprends. J’apprends à être « un gai ». Mais l’affaire, c’est que j’ai encore beaucoup à apprendre.
ÉTAPE 1: CESSER DE SEXUALISER LES BEAUX BABES. OUPS! J’VEUX DIRE, LES HOMMES
Après une sortie du placard, tu réapprends un peu à t’exprimer. Comme la première fois que tu oses dire à voix haute, hésitant, que tu trouves un tel garçon beau. Ou la première fois que tu parles de ton crush ou de ton « genre de gars » à quelqu’un.
Tranquillement, tu commences à y prendre plaisir. Tu sors enfin des mots qui t’ont brûlé sur le bout d’la langue pendant des années. Ça fait du bien… ENFIN, tu peux parler de ce que tu ressens comme tout le monde.
Faque tu continues. Tu te dégênes. Tu t’en permets un peu plus… Tu utilises même parfois des termes un peu plus crus. « Ah, ce gars-là? Oui, j’le trouve fourrable. »
Tant pis, si tu rends quelqu’un mal à l’aise. L’important, c’est que tu t’assumes enfin. Tu te dis criss, j’ai passé des années de ma vie à fermer ma yeule. Là, j’me la ferme pu.
L’important, c’est que tu t’assumes enfin. Tu te dis criss, j’ai passé des années de ma vie à fermer ma yeule. Là, j’me la ferme pu.
Comme si tu te le devais. Comme si c’était un statement, un acte de militantisme. Comme si c’était une claque dans la face à l’homophobie. De toute façon, y’a aucune honte à ce que je trouve un autre gars attirant, alors pourquoi ne pas le dire?
En plus, j’suis chanceux. La communauté gaie se fait encore museler un peu partout dans le monde et moi, ici, j’ai le droit d’exprimer mes désirs. J’me dois d’le faire.
LA RÉALISATION DU PAS D’CLASSE (MOÉ)
L’autre jour, j’ai vu un homme lancer un regard très peu subtil à une fille qui passait devant lui sur le trottoir. Un regard de yum yum laisse-moi te baver dans craque. En le voyant, j’me suis dit « eurk, esti de colon ».
Un peu plus tard, au gym, c’est moi qui a eu le droit à ce genre de regard de la part d’un autre monsieur. Y’a même lâché un « Hmmm » en me regardant pour être sûr que j’comprenne le fond de ses pensées. YOU WISH, CRISS DE PERV! Que j’me disais.
J’me suis alors mis à penser au nombre de fois où moi, j’ai fait comprendre de façon peu subtile à d’autres boys que j’les trouvais de mon goût...
Ouin mais moi, c’est juste des blagues… C’est juste, comme, ma façon de leur faire un compliment. Dans le fond, j’veux juste leur dire qu’ils sont beaux, mais j’le dis de façon funky/crue parce que c’est plus drôle pis moins gênant d’même…
Moi, c’est différent.
C’est différent parce que-
Parce que…
…
OH MY GOD C’EST PAS DIFFÉRENT PANTOUTE! J’MEN VIENS JUSTE UNE CHARRUE. J’SUIS PU JUSTE LIBRE, J’SUIS GENRE –TROP– LIBRE. UN PAS D’CLASSE, C’EST ÇA QUE J’SUIS DEVENU.
Pis là, j’ai réalisé que, gai ou pas gai, il y a une nuance entre être drôle, libre et assumé, et être juste… colon.
Même si un compliment n’est pas toujours accompagné d’une intention et que moi, j’le sais que ce n’est pas parce que j’te complimente que j’veux automatiquement qu’on s’frotte, si mes commentaires sont toujours formulés de manière à te sexualiser, ben ils ne sont pas inoffensifs.
J’vais continuer d’en donner, des compliments. J’vais continuer de le dire, si j’te trouve beau. J’vais te le dire… juste pour le plaisir de pouvoir te le dire. Mais promis que j’vais le faire sans te sexualiser gratuitement, à l’avenir. J’vais te le dire pour me faire plaisir à moi, mais sans te manquer de respect à toi.
ÉTAPE 2: APPRENDRE À ÊTRE PLUS RECONNAISSANT
C’est correct d’être homosexuel et de ne pas vraiment se reconnaitre dans tout ce qui est communauté gaie ou alors de ne pas avoir envie de participer à des événements comme la fierté, la parade gaie etc. MAIS, s’il te plait, ne crache pas dessus.
La vérité, c’est que ce n’est pas grâce au gai qui vit sa p’tite vie tranquille « hors milieu » que nous avons maintenant des droits. C’est grâce à ceux avec une grande yeule qui ont osé être loud, crier, brasser la marde lorsque nécessaire.
Soyons reconnaissants de ce qu’ils ont fait et surtout, apprenons à nous impliquer un peu plus, à notre manière, parce qu’il n’y a jamais rien d’acquis.
HEY MERCI PIS TOUTE LÀ, LES GÉNITEURS
Parlant de tenir quelque chose pour acquis, c’est souvent ce que j’ai fait avec ma famille qui, par chance, m’a toujours accepté comme je suis. J’me disais criss j’espère, on n’est pas dans les années 1950 et je ne vaux pas moins qu’un autre!
Mais la réalité, c’est que ce n’est pas tout l’monde qui a cette chance, même en 2019…
Les parents qui apprennent l’homosexualité de leur enfant vivent souvent une p’tite période de remise en question, un p’tit mini deuil de l’image qu’ils s’étaient faite de toi ou de ton futur etc. Ce n’est pas toujours facile pour eux non plus.
Donc si tes parents ne t’ont jamais fait sentir comme si tu les décevais de par ton homosexualité, soit reconnaissant, non PAS parce qu’ils te font une faveur en t’acceptant. Ça, tu le mérites. Mais simplement parce que ça rend ta vie pas mal plus simple que d’autres qui n’ont pas cette chance.
ÉTAPE 3: APPRENDRE À ÊTRE SOI-MÊME
On dirait que l’homme gai « épanoui » est souvent représenté comme étant un être très sexuel, en forme, jet set, avec du beau linge, des beaux cheveux, un condo décoré comme dans les magazines pis une craque de fesse toujours prête à recevoir d’la visite à toute heure du jour.
On peut tu se calmer la pression un peu?
T’as le droit de ne pas avoir un corps de dieu grec. T’as le droit de ne pas être à la mode pantoute. T’as l’droit de détester ça, faire le partay. T’as le droit de ne pas être full sexuel (ou pas sexuel pantoute)
Rien de mal à vouloir se surpasser et être la meilleure version de soi-même, mais pour ça, t’as le droit de ne pas avoir un corps de dieu grec, t’as le droit de ne pas être à la mode pantoute, t’as l’droit de détester ça, faire le partay, t’as le droit de ne pas être full sexuel (ou pas sexuel pantoute), t’as l’droit d’être super efféminé ou bedon pas efféminé pantoute.
T’as le droit de juste… être toi. Un fucking être humain.
Un être humain qui apprend encore comment être fier et libre, un peu plus et surtout, un peu mieux, chaque jour.
Bonne fierté!