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Je viens de passer quelques jours en Europe. Loin des crises de nerfs du PLQ. Loin des crises existentielles du PQ. Loin des crises de conscience de QS. Loin du Journal de M, des toilettes de la famille Vaillancourt, des super ventes d’avant Noël et des conditions de circulation. Et vous savez quoi? Vous ne connaissez pas votre chance.
Quoi qu’on en dise, quoi qu’on en pense, quoi que Bachand essaye de nous faire croire, quoi que Legault essaye de nous faire peur, quoi que TVA essaye de débusquer, le Québec est sans doute l’endroit le plus agréable sur la terre.
Non seulement on y vit bien, mais en plus, on y vit bien (il n’y a pas de faute de frappe).
On oublie, je veux dire surtout nous les plumitifs grassement payés à étaler leurs opinions et leurs états d’âme dans les médias populaires, que la vie au Québec est simple, confortable, pacifique, distrayante, name it. On a tendance à voir la vie en noir alors qu’elle est plutôt bigarrée et variée. Une certaine presse (et quand je dis « presse » ça veut dire tous les torchons qui se complaisent à dresser jour après jour un portrait négatif de la vie au Québec), une certaine presse disais-je donc avant de devoir tout vous expliquer s’évertue tellement à noircir l’image de la société que certains lecteurs/spectateurs/consommateurs ont fini par la croire.
Et quand vous avez le malheur de voir les choses en rose, une armée de grincheux grimpe aux barricades des médias pour vous traiter de pelleteux de nuage, d’artiste BS ou d’incitateur à la violence.
Mais rien ne vaut quelques exemples pour nous rappeler que le ciel est plus bleu quand on lève les yeux.
Quand, à Montréal, on attend l’autobus plus de 5 minutes, voire 10, l’horreur, on crie à la tiers-mondisation, au chaos, au crime contre l’humanité. Il faut avoir attendu les transports en commun bondés dans le crachin humide d’automne d’une capitale européenne pour se rendre compte qu’à Montréal, c’est pas si mal.
Quand, au Québec, on doit remplir deux papiers pour obtenir un document officiel ou qu’il faut prendre un numéro pour passer au guichet d’un fonctionnaire, on hurle à l’incompétence. Il faut avoir couru les administrations européennes pour constater, finalement, l’efficacité des services publics québécois.
Quand, au printemps dernier, quelques esprits chauds entrainés par un esprit de révolte cassaient une vitrine ou deux, on criait au chaos, à la guerre civile, à la terreur… Il suffit de voir une manifestation d’agriculteurs européens pour se rendre compte que les plus excités des cagoulés du Black Bloc ne sont, finalement, que des moutons noirs frappés de tremblante.
Quelques autonombrilistes virulents s’en prennent sans cesse à la circulation en ville et particulièrement sur le Plateau Mont-Royal qu’ils qualifient de toutes sortes de noms sans imagination. Ils devraient se promener dans les quartiers de Bruxelles, de Londres ou de Paris pour constater que non seulement c’est finalement très simple de circuler sur le Plateau, mais que par-dessus le marché, c’est relativement facile d’y trouver une place à moins de 3 minutes de marche de notre destination. Pour un quartier comparable dans les grandes villes d’Europe (mais j’imagine qu’à Tokyo ou Shangaï ça doit être pareil), non seulement il vous faudra rouler moins vite qu’un piéton (j’en ai fait plusieurs fois la démonstration) mais vous devrez de plus tourner longtemps avant de vous risquer à vous stationner dans une place étroite et payante d’où vous aurez toutes les misères du monde à vous extraire.
Et que dire de tous les petits gestes quotidiens qui nous simplifient la vie comme une réservation sur Internet, un renseignement auprès d’un fonctionnaire, l’achat d’un timbre à la poste, le retrait d’argent au guichet automatique ? Tout est plus compliqué. Quand vous réservez par exemple un billet sur le site TGV, vous devez à chaque fois entrer toutes vos informations si vous décidez simplement de changer de date. Quand vous voulez payer de l’étranger pour une transaction sur un site officiel belge, vous devez rentrer une carte à puce dans une machine exclusivement disponible… en Belgique. Quand vous achetez par Internet un billet de train de la SNCF, vous ne pouvez pas le faire pour quelqu’un d’autre. Et quand vous avez à faire à une personne en chair et en os, il y a fort à parier qu’elle vous servira sans sourire, comme si vous la dérangiez.
J’aurais enfin aimé poster ce texte du Thalys, mais il n’y avait aucune connexion dans ce train à grande vitesse entre Bruxelles et Paris. J’aurais voulu le faire de la gare, mais il fallait un abonnement Internet avec un opérateur de téléphone mobile local. J’ai enfin réussi à le poster de l’aéroport, moyennant quelques émoluments et plusieurs minutes de zigonage pour se brancher…
J’arrête, parce que vous allez finir par croire, comme ces milliers d’Européens qui rêvent de prendre votre place au pays des caribous, que la vie au Québec, c’est formidable.