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Pour une histoire d’un soir

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La prémisse était simple : «matcher» au lit deux inconnus pour un one-night stand. On avait un bon plan pour s’assurer une baise (un indice : de l’alcool) et les résultats promettaient d’être juteux. On s’est plutôt retrouvé avec du courrier fielleux, des candidats loufoques, puis trois personnes qui ne se sont pas amusées tant que ça. Autopsie d’un petit désastre.

«Oui! On organise un one-night! Ça va être le fun !» Malgré le côté sexy et les points d’exclamation, notre démarche se voulait au départ plus psychologique que physique. Sans verser dans le «à cette époque trouble dans les relations hommes-femmes» et autres formules éculées, on désirait simplement entrer dans la tête de deux zigs le temps d’un one-night : de l’étape de la préparation, jusqu’au lendemain matin.

Après avoir eu ce qu’on croyait être l’idée du siècle, on a passé le mot sur les sites de petites annonces et sur Facebook : «Urbania est à la recherche de deux personnes pour un “one-night expérimental” : un gars et une fille qui ne se connaissent pas et qui seraient prêts à coucher ensemble et nous raconter leur expérience. Tout ça, bien sûr, dans le cadre d’une démarche journaliste très très rigoureuse.» A priori, on croyait que l’annonce était à l’image de l’événement : simple, directe, sexy, short and sweet, mais comme quand vient le temps de passer au lit, on a vite réalisé qu’on s’était «très, très rigoureusement» enfargé dans nos bas…

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Dans la section «casual encounters» (qu’on pourrait traduire par «’tites vites») du volet montréalais de Craigslist, les visiteurs nous ont d’abord demandé si on était sérieux. Les baiseurs en série sont repartis la queue entre les deux jambes lorsqu’on leur a répondu par l’affirmative : va pour pénétrer une parfaite inconnue, mais pour se faire prendre en photo avec, oh non. Sur Facebook, les internautes n’ont pas tardé à manifester leur indignation: «Vous allez trop loin!». «J’peux pas croire qu’Urbania va faire ça». «Je me désabonne!». On se sentait presque comme Danielle Ouimet circa Valérie. Urbania, trop chaud pour le Québec? Vous me niaisez!?

Baise académie
Après quelques jours d’attente, on a reçu les premières candidatures. En tout, on aura recueilli une cinquantaine de noms. Après avoir séparé le bon grain du «freako» (allant de la fille qui veut participer «par vengeance » pour forcer son fuck friend à avouer qu’il a des sentiments pour elle, au gars pas d’orgueil qui nous a écrit «je crois à Obama, donc à l’espoir, prenez-moi!»), on a rencontré les amants potentiels à la bonne franquette : dans nos bureaux, tout souriants, avec une bière à la main.

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Il y a d’abord eu Virginie, une traductrice qui s’y connaît autant en couchette que dans le répertoire de Leonard Cohen (elle a même barbouillé le tableau de notre salle de conférence de citations de Lenny alors qu’on la faisait attendre). Puis Victor, un bel éphèbe qui nous a vanté les miroirs installés au-dessus de son lit. Il y a eu un jeune garçon beaucoup trop timide pour qui la définition d’un one-night est une soirée intime passée avec son ex ou sa meilleure amie. Et puis ce type qui espérait qu’on passe à la date bientôt, car ça commençait à devenir sérieux avec sa blonde. Hé misère! Carlos des Invincibles aurait-il tant d’influence sur la gent masculine?!

Après deux jours d’auditions, on craquera finalement pour Mélissa, une étudiante en littérature, rouquine à temps plein, qui pourra nous aider à élucider ze question qui divise les nations depuis des siècles: «Est-ce que les rousses sont vraiment plus cochonnes?» Du côté des gars, on choisira Francis, un étudiant en mathématiques, ancien scout et nouveau photographe. Un gars drôle, du genre avec qui on a le goût d’écouter une game de hockey… et qui a déjà baisé dans un kayak.

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J’ai entendu quelque chose se déchirer
Pendant les jours qui suivent, on travaille d’arrache-pied pour organiser une soirée aguichante : un souper payé au Stromboli, suivi d’une nuit au chic hôtel W, dans le Vieux-Montréal, avec une moyenne bonne bouteille. Il ne manquait plus qu’un orgasme simultané pis on avait un très bon papier.

Le hasard en aura pourtant décidé autrement.

Deux jours avant le soir fatidique, Mélissa nous téléphone, paniquée : «Est-ce que le gars s’appelle Francis?! Si oui, je débarque!» De la cinquantaine de prétendants qui ont répondu à l’appel, on a opté pour le seul dans la bande qui avait déjà courtisé la belle… et avec qui ça n’a vraiment, mais vraiment pas fonctionné. Avec le recul, on a mieux compris son petit sourire en coin lorsqu’on lui a demandé en entrevue si les rousses l’allumaient.

C’est la panique au bureau. On passe au plan B : Nicolas, un Suisse sympa qui travaille dans l’informatique. Le gars accepte. Tout est sous contrôle… jusqu’à ce que la STM vienne tout foutre en l’air.

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La veille du rendez-vous, on reçoit un deuxième appel dont on aurait joyeusement pu se passer. «Le bus est passé d’avance. Je ne voulais pas être en retard en boulot. J’ai couru… et j’ai glissé, nous raconte Mélissa au téléphone. Je me suis fracturé l’épaule.» Au bureau, on n’en revient tout simplement pas. Même l’auteur de Bridget Jones n’aurait pas trouvé mieux comme rebondissement. Que faire? Opter pour une autre fille? Arrêter tout? Faire comme nos parents nous avaient dit pis s’claquer des études en actuariat?! Heureusement, quelques heures plus tard, la rouquine refait surface à sa sortie de l’hôpital : «Ça va être correct finalement pour demain. Je vais porter une attelle, mais ça va être correct.»

T’es sûre?

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