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Poncer des coudes secs? Pardon?

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Sur son excellent blogue (qu’il n’entretient pas assez!), Gabriel Deschambault raconte des histoires vraies et d’autres qui sont fausses. Ce qui les rend particulières, c’est qu’elles sont écrites par un gars qui a de l’imagination. Beaucoup d’imagination!

La ponce à coudes secs

1. Ton surnom ?

Je n’en ai plus. J’aurais aimé qu’on m’appelle Jéricho Johné. Ça sonne comme une tonne de brique qui tombe dans des Puff Wheats.

2. Âge/Sexe/Lieu de résidence ?

32, M, Montréal

3. À qui s’adresse ton blogue ?

Curieusement, je n’y avais jamais pensé. À tout le monde j’imagine. À ceux qui ont le loisir de savoir lire en français. À Raymond Carignan s’il daigne lâcher la confection de ses mouches pour accorder son précieux temps à la lecture de mes inepties.

4. Tes sujets de prédilection ?
Notre mollesse identitaire, notre mollesse intellectuelle, notre mollesse royale et surtout le fait qu’on la justifie. Je me soulève contre l’acceptation du médiocre et surtout contre son apologie. J’apprécie aussi raconter des histoires fictives, d’autres plutôt vraies. J’aime déblatérer, jouer avec les mots et les idées. Mes amies et ma famille vous diront que j’aime chiâler. Peut-être.

5. La chose que tu méprises le plus chez un homme ?

L’attitude menaçante de certains mâles. Je déteste lorsque des hommes cachent leur vulnérabilité et leur ignorance derrière une façade violente. Ça fait peur aux p’tites dames et ça me rend agressif. Quand je deviens menaçant, ça fait peur aux petites dames et moi, les p’tites dames qui ont peur, ça me rend encore plus agressif.

6. Chez une femme ?

Son visage à découvert en public.
Non, sérieux : l’apitoiement. Je trouve qu’on a longtemps inculqué aux femmes que leur nature était faible et qu’elles pouvaient et devaient accepter la défaite. J’aime les femmes orgueilleuses et battantes. Si elles pouvaient toutes l’être, je serais heureux, et ce, malgré la guerre totale qui aurait emporté l’humanité.

7. L’époque durant laquelle tu aurais aimé vivre ?

À l’époque médiévale. À 32 ans, je serais probablement encore en vie puisque je n’ai jamais eu de maladies qui m’auraient été mortelles à l’époque (appendicite, pneumonie, sclérose du coude) et je ne porte pas de lunettes. Je serais sûrement un noble de petite vertu sur le point de contracter une syphilis avec la Bixi du Comté.
En réalité, j’essaie de ne pas tomber dans le piège de l’idéalisation de l’époque révolue. Si Allah a voulu que je naisse en 1979 c’est que j’étais dû pour accomplir quelque chose de grand au 20e siècle. Maintenant qu’il est passé ce foutu 20e siècle, sans que je n’accomplisse quoique ce soit, je me rends compte qu’Allah s’est trompé ou qu’Il n’existe pas ou qu’Il n’existe plus.

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8. Le son que tu aimes ?
Le cliquetis constant de la cassette Campagnolo de mon vélo de route. Un Guru. Un vélo qui a tellement fière allure dans le Mile-End alors que je dépasse un hipster sur son fixie rose avec des lanières de plastique rose au bout de ses poignées roses trop courtes.

9. Que tu détestes ?
Le mot NICE mal prononcé à l’anglaise par un francophone avec toute la consonance nasillarde forcée que ça implique. Rajoutez un «C’est» devant et des stigmates se forment sur mes poignets. C’est nice ! Un terme générique puant qui, associé à cool, hot et fun, en dit beaucoup sur notre malaise culturel. Dans les autres cultures, le langage adolescent cesse à la fin de l’adolescence !

10. Ton plus grand fantasme ?

Déjà réalisé. Je ne m’en souviens plus par contre. Seule la partie motrice de mon cerveau fonctionnait. Hautement désolant.

11. Ton idéal féminin ?
La lame froide appuyée au creux de mes omoplates me susurre doucement le nom de ma partenaire habituelle. J’ai tendance à écouter le métal acéré trop proche de ma vitalité.

12. Masculin ?

Fardoche. Un caractère fort. Un homme autoritaire, mais rieur. Des avant-bras musculeux pour travailler la terre. On en oublie même qu’il est un acteur, donc assurément un peu fefi. Une idole de jeunesse qui maintient son influence sur terre 30 ans après son Ascension. Il paraît que Dieu est assis à sa gauche… J’en suis ému. J’dois prendre une petite pause… ( ) Je recueille quelques larmes entre ses parenthèses pour les partager avec vous.

13. Le film d’horreur dans lequel tu aimerais le moins te retrouver ?

L’Exorciste. Pour rien au monde je voudrais être en bas des marches, obligé d’aller voir Regan et ses lèvres craquelées dans sa chambre. Aussi, une scène assez terrifiante de l’adaptation de Pet Cemetery de Stephen King me hante toujours. La femme du personnage principal lui raconte comment ses parents l’avaient laissée seule avec sa sœur mourante du nom de Zelda. Un plan de caméra montre la sœur rachitique, cadavérique, agonisant sur son lit. C’est une image affolante qui me revient de temps en temps et qui m’empêche alors de dormir la tête en dehors des couvertures.

14. Cigale ou fourmi ?

Une cigale avec un masque de fourmi très réaliste.

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15. Ton moment le plus honteux ?
Lorsque j’ai avoué être incapable de dormir la tête en-dehors de mes couvertures à la pensée de scènes d’horreur cinématographiques.

16. Le juron que tu hurles en char ?
Craque de Peau-sale ! Vaut mieux être derrière un pare-brise pour y aller d’autant d’intensité par contre. Sur mon vélo, mon non-fixie, j’évite les jurons organiques.

17. Tu peux passer 5 minutes avec une célébrité de ton choix, laquelle est-elle et que lui dis-tu ?
Guy A. Lepage. «Peux-tu me dire SVP comment tu fais pour que la majorité de la population ne saisissent la portée de ton ignorance et l’ampleur de ton insignifiance ?»

18. Ton premier geste au réveil ?

Verser du lait dans un biberon en appuyant sur le piton orange de ma sensationnelle machine à espresso Gaggia.

19. Pourquoi bloguer ? Qu’en retires-tu ?
Parce que j’avais une tonne de niaiseries qui me passait par la tête et je voulais les coucher sur le papier ou sur l’écran poussiéreux de vos ordinateurs. Pour être lu. Pour amorcer une activité littéraire qui pourrait prendre de l’ampleur si je cesse d’être la putain de cigale.

20. La série ou le film honteux que tu regardes en secret ?

Honteux, je ne sais pas, mais j’écouterais Conan le Barbare à chaque jour. Ça fait un bail que je ne l’ai vu…

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21. Tu es en face de Barack Obama, que lui demandes-tu ?
Auriez-vous le goût, un jour, de jeter les masques et de vous adresser au Monde avec sincérité. Les USA ont peut-être besoin d’un président plutôt que d’un modèle. Hélas, comme dans la plupart des pays, ils ont déjà leur modèle multi-centenaire paré de bonté et de charité, mais ils lui font honte quotidiennement en commettant la pire merde en son nom.

22. Quelle personnalité québécoise t’inspire le plus ?

Richard Desjardins. C’est un revendicateur qui n’a rien de radical tout en étant intransigeant sur ses principes. Il ne nie pas ses racines régionales, tout en s’exprimant de façon admirable à l’écrit et à l’oral. C’est le meilleur poète (et je n’ajouterai pas l’adjectif «québécois». On peut trouver qu’un des nôtres est le meilleur sans qu’il soit entendu à Pondichéry comme à Boston.)
J’ai croisé l’ami Richard au McDo il y a de nombreuses années. Il m’a emprunté un journal que j’avais réservé pour 1$. Je lui ai demandé de me le rendre une fois lu. À un certain moment, je me suis retourné et il était parti sans ramasser ses restes et sans me remettre mon journal. Je n’ai jamais pardonné McDo de lui avoir donné l’occasion d’agir de la sorte.

23. Un métier (autre que le tien) que tu aurais aimé faire ?

Journaliste.

24. Comment passeras-tu la dernière soirée du monde le 21 décembre 2012 ?
De la même façon qu’à chaque fin du monde. En courant d’un bord à l’autre de mon salon.

25. Comment tu aimerais mourir ?

En courant d’un bord à l’autre de mon salon.

26. Si tu devais déclarer ton amour pour tes lecteurs en quelques mots…

Concept inexistant. Je n’aime pas le lecteur en tant que tel, mais plutôt son passe-temps et le fait qu’il l’exerce à flatter mon égo démesuré en prenant le temps de lire mon œuvre. Sincèrement, je suis toujours ravi de voir qu’on lit mon blogue. Les commentaires laissés à la suite d’une publication font ma journée. J’apprécie grandement la critique de mes proches. Merci à tous de perdre du temps précieux pour La Ponce à coudes secs.

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Lisez également l’entrevue avec le bloggueur de la semaine dernière: Le Khyroscope