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Plein le dos des vieux chialeux méprisants!
Monsieur Jobidon, faut qu’on se parle. Votre lettre ouverte publiée dans La Presse mercredi le 18 mars dégouline de mépris, de paternalisme mais, surtout, de messages médiatiques pré-mâchés auxquels vous ne comprenez probablement pas grand chose. Puisque l’arrogance, découlant de votre statut de baby-boomer banlieusard retraité ayant (je l’imagine) travaillé très fort dans sa jeunesse, est le ton avec lequel vous avez écrit votre torchon, je ferai de même et serai également condescendant à votre égard. Qui sème le vent récolte… vous savez quoi.
Allons-y bout de phrase par bout de phrase, histoire que vous compreniez bien l’immondicité de vos propos.
“Les étudiants doivent comprendre que les coupes demandées sont pour leur bénéfice”
Ce genre de discours, paraphrasant presque la dictature totalitaire du célèbre 1984 de George Orwell, est fascinant. De un, il n’est qu’une généralité regroupant un paquet de mini-propos pro-austérité faciles à avaler et recracher. De deux, il est faux : augmenter le nombre d’élèves par classe est néfaste pour les jeunes élèves et nuit à la qualité de l’enseignement. Pour parler en propos économiques, sachez qu’une population mieux éduquée constitue un facteur positif pour le développement économique. Continuons.
“Je fais partie de la majorité silencieuse…”
Ce qui est bien avec le concept de majorité silencieuce M. Jobidon, c’est qu’on peut lui faire dire n’importe quoi. Un peu comme l’opinion publique. Ça ne veut rien et tout dire en même temps. D’ailleurs, si vous écrivez une lettre ouverte publiée dans un journal dont la circulation approche la centaine de milliers, vous n’êtes vraiment plus silencieux du tout.
“…j’en ai plein le dos de voir les étudiants contester pour la poursuite de services qu’ils n’ont pas payés…”
C’est vrai, nous n’avons payé qu’en partie les services qui nous sont offerts. Mais, au cas où vous l’auriez oublié, c’est comme ça que fonctionne le concept de redistribution de richesses. Dans quelques années, ce sera à notre tour de payer de l’impôt pour financer l’éducation des prochaines générations, tout comme celle qui vous qui a précédé a financé la vôtre.
“…et que nous n’avons plus les moyens de nous payer.”
Évidemment, si on fait exprès d’accorder autant de privilèges aux plus riches et appauvrissons volontairement l’État québécois, nous n’aurons plus les moyens de se payer des services sociaux. C’est exactement ce qui se produit en ce moment.
“…on risque d’être ostracisés ou bousculés par les grandes gueules et leurs gros bras.”
Étrange. Peut-être que les motards criminels d’aujourd’hui étaient les exécutants d’associations étudiantes d’hier mais, selon mes propres yeux (je suis aussi capable d’argument anecdotique n’ayant aucun fondement scientifique, voyez-vous), les associations étudiantes modernes sont très, très éloignées des salles de gym où pullule généralement le désir de se muscler les bras. Soyons francs, personne n’a vraiment peur de croiser GND ou Léo Bureau-Blouin dans une ruelle sombre.
“Vous agissez exactement comme certains bonzes syndicaux…”
Agir exactement comme certains bonzes syndicaux? Excellents choix de mots qui ne veulent absolument rien dire. Quels bonzes syndicaux? Que font-ils? Pouvez-vous être clair et éviter de nous rabattre des clichés vomis par quelques chroniqueurs de droite, s’il-vous-plait?
“…d’ailleurs, l’argent vient d’eux.”
Une fois de plus, d’où tirez-vous cette information? La dernière fois que j’ai regardé le budget de mon association étudiante, l’argent provenait des cotisations étudiantes, non pas de la CSN ou de la FTQ. J’imagine que vous croyez profondément à une caisse étudiante commune secrète financée par Rambo avec de l’argent volé aux baby-boomers à la retraite mais, faute de preuve, ce n’est qu’un fantasme de votre part.
“Si on ne pense pas comme vous, on est contre vous. Belle démocratie.”
Énième généralisation qui peut dire tout et n’importe quoi. Les opposants au gouvernement libéral pourraient formuler exactement la même phrase vide et facile à répéter.
“Bien sûr, vous détenez la vérité et vous allez sauver tous ces programmes.”
Premièrement, personne ne prétend avoir la vérité. Deuxièmement, de nombreux mouvements ont proposé des solutions tangibles pour financer les services publics. Et eux le font sans arrogance (au contraire de vous et moi).
“Qui d’autre que vous peut clamer haut et fort…”
Tout le monde. C’est exactment ça, la démocratie.
“…spolier des acquis pour lesquels vous n’avez ni travaillé ni payé ?”
Voir plus haut le concept de répartition de richesse (indice : c’est au deuxième bout de phrase). Par ailleurs, c’est bien dûr d’avoir personnellement accumulé quoi que ce soit — des acquis travaillés et payés — quand on sort tout juste du secondaire ou du cégep. C’est le principe même de progrès de ne pas bâtir sur quelque chose uniquement quand on l’a soi-même accompli.
“L’égalité pour tous et dans tout n’existe pas ; c’est un concept utopique.”
De la part d’un baby-boomer retraité, probablement blanc, avec un montant financier suffisant pour lui garantir une retraite confortable, ce genre de propos ne fait pas que trahir du mépris envers tous les groupes sociaux défavorisés, il relate une idéologie de type chacun-pour-soi-c’est-la-loi-naturelle-des-êtres-humains. Cette société supposément utopique, ne serait-il pas plaisant de la créer, ou au moins d’essayer? Aux dernières nouvelles, ce sont les êtres humains qui décident de leur société.
“Nous n’aspirons pas tous à la même chose dans la vie et c’est bien ainsi.”
La dégueulasserie de ce genre de propos est la suivante : si le riche patron d’une multinationale est riche, c’est parce qu’il l’a voulu, et si la mère monoparentale qui élève un enfant avec un handicap grave est coincée dans un emploi à temps partiel avec un horaire de merde, c’est aussi parce qu’elle l’a voulu. Parce que tsé, franchement, nous naissons tous égaux.
“Celui qui travaille plus aura plus.”
Évidemment, Paris Hilton a travaillé beaucoup plus fort pour obtenir ses richesses que, par exemple, les infirmières et infirmiers du Québec, qui bossent des quarts de travail doubles fréquemment et ce, dans une atmosphère des plus déprimantes. Encore ici M. Jobidon, vous chiez l’un des plus gros mythes de l’économie moderne voulant que l’effort de travail égal mène conséquemment à un mérite de richesse.
“Lorsque tu paies, tu as voix au chapitre.”
Étrange, puisque mon dictionnaire affirme pourtant qu’en démocratie, tous les citoyens ont une voix, pas seulement les plus riches. Mais bon, rendu là, je ne dois être qu’un simple socialo-communiste enverdeur de bas étage.
“…nous payons présentement des millions uniquement pour les intérêts de la dette.”
Tous les pays du monde paient des millions pour leur dette. Vous faites la preuve ici, M. Jobidon, que les efforts propagandistes des chroniqueurs et des think tanks de la droite ont porté fruit. Le fait que le gouvernement du Québec doive payer les intérêts de sa dette n’a rien de problématique. Évidemment, il serait préférable de ne pas avoir de dettes, mais les fameux millions dont vous parlez n’ont rien d’alarmant. Je vous propose d’ailleurs une petite lecture intéressante ici, ou si c’est plus simple pour vous une très intéressante vidéo juste ici.
“…un gouvernement qui me dit que nous devons cesser d’emprunter uniquement pour payer l’épicerie est un gouvernement lucide.”
Vous avez bien avalé le discours de Lucien Bouchard, dites donc! Évidemment, lorsque l’on refuse de collecter nos revenus ou que l’on offre autant de cadeaux aux grandes entreprises, il n’est plus possible de payer l’épicerie.
“…ceux qui n’ont pas le courage de travailler à leur propre bien-être…”
Voyez-vous M. Jobidon, notre génération estudiantine travaille plus que la vôtre. Ce n’est pas moi qui le dis, c’est le journal Le Soleil. Vous avez le mépris d’affirmer que nous n’avons pas le courage de travailler à notre bien-être alors que la réalité est tout le contraire. Il est triste de voir les aînés cracher ainsi sur la jeunesse.
“…ne vous donnera pas ce que vous n’avez pas encore mérité.”
Pardon monsieur, mais tout être humain, jeune ou vieux, femme ou homme, retraité ou étudiant mérite tout d’abord le respect (ce que vous évitez de faire dans votre lettre ouverte), mais surtout une éducation de qualité, des soins de santé acceptables ainsi que la chance de s’épanouir librement. Ce ne sont pas mes propos, mais bien ceux de la Déclaration universelle des droits de l’homme de l’ONU.
Et de grâce, la prochaine fois que vous écrirez une lettre ouverte s’attaquant à toute une génération, ayez la finesse de ne pas regarder de haut cette jeunesse remplie d’idées et de convictions qui préfère réfléchir par elle-même plutôt que d’ingurgiter les slogans pré-mâchés du gouvernement en place.
En vous souhaitant une retraite remplie de bonheur.
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