.jpg)
C’est vrai que ça va mal à la shop. Le maire Gérald Tremblay a livré l’administration de la plus grande ville du Québec à des mafieux, des pourris, des bandits et des vendus. Tout ça, avec une bonhommie et une naïveté feinte qui nous donneraient presque envie d’avoir pitié de lui. Presque. Mais ce n’est pas une raison pour croire que Denis Coderre est la solution à tous nos maux.
Pensez-y une seconde. Ou deux. Je vous laisse le temps d’y réfléchir. Respirez par le nez et faites un effort de mémoire. D’où vient Denis Coderre? Qui est-il? Qu’a-t-il fait pour Montréal? Que connaît-il de la ville, de l’urbanisme, de l’administration d’une métropole nord-américaine?
Poser les questions, comme dirait l’autre Béotien, c’est y répondre.
Mais je vais vous aider à clarifier votre pensée.
Chaque jour que le Seigneur nous offre en attendant la mort nous rappelle que l’honnêteté coûte cher au contribuable et que les raclures qui profitent du système mafieux institutionnalisé ont de belles cuisines refaites à neuf pour 250 000 $ dans leurs opulentes maisons, collectionnent les coupures de 100, 500 et 1000 $ (je n’ai jamais vu de 500 et de 1000 $ de ma vie…), possèdent des billets de saison pour aller voir le Canadien (quand ils jouent), mangent dans les meilleurs restaurants et payent leurs petits plaisirs quotidiens en cash fraîchement sorti d’une enveloppe aussi brune que le sourire du maire de Mascouche. Ça, c’est ce que la commission Charbonneau veut bien nous montrer aujourd’hui (Si je continue de la regarder, je vais encore faire un ulcère d’estomac). Mais demain, c’est sans doute toute la société, de Québec à Laval et du conseil municipal à l’Assemblée Nationale, qui sentira un parfum nauséabond de corruption.
Croyez-vous vraiment que Denis Coderre tel un Superman d’Halloween trop serré dans son costume XL de superhéros loué chez Malabar pourra mettre tout seul la mafia en prison, les fonctionnaires corrompus au pas et Montréal en état de marche? Êtes-vous réellement convaincus que cette machine à serrer des mains écoute vos doléances et s’inquiète de la flambée délirante de votre compte de taxe? Pensez-vous que cet expert en soupers spaghetti et en soirées-bénéfice pourra se constituer une équipe compétente sans une seule pomme pourrie?
Vous avez oublié que Denis Coderre est avant tout un Libéral, un fédéraliste enragé, un héritier du parti de Jean Chrétien, un enfant du scandale des commandites et un politicien de carrière qui est plus obsédé par le pouvoir que l’intérêt des Montréalais. S’il avait eu le physique et la lignée de Justin Trudeau, il n’aurait pas hésité une seconde à briguer la tête du Parti Libéral du Canada. Il en a l’ambition. Mais il a bien vu que ses chances étaient minces, et je ne fais pas allusion ici à sa corpulence sinon on va encore partir un débat ridicule sur l’apparence des gens. Il s’est donc dit que plutôt que de rester un petit député, il préférait devenir un gros maire – là encore, lâchez-moi avec vos débats sur l’apparence, c’est sur le fond qu’il faut se questionner.
OK, Denis Coderre n’est pas rose. En fait, il est rouge. Mais il n’est peut-être pas non plus aussi dépravé et assoiffé de pouvoir qu’on pourrait l’imaginer. Il a peut-être réellement un tout petit peu le bonheur des Montréalais à cœur. A-t-il alors les capacités de les rendre heureux? Que connaît-il des problématiques de la ville, lui qui a vécu des années dans la cité aseptisée d’Ottawa? Que sait-il des enjeux d’urbanisme d’une ville du XXIe siècle? Malgré son compte Twitter, Denis Coderre fonctionne comme un politicien du siècle dernier. Regardez-le aller. On dirait un vendeur de Buick Regal 1973 alors que c’est d’un tramway dont nous avons besoin pour survivre à la surautomobilisation qui étouffe la ville. On dirait un vendeur d’assurance-vie alors que c’est de l’assurance de ne pas nous faire voler dont nous avons besoin.
Il a l’air rigolo, pas ben ben méchant; en politicien aguerri, il salue les passants comme si c’étaient ses amis; il est à l’aise sur les plateaux de la télé; il a un avis sur tout; il donne l’impression d’avoir tout fait, d’avoir tout vu; c’est un amateur de hockey; il a l’air d’un bon vivant qui connaît des bonnes blagues; il a le sourire automatique d’un représentant de commerce;… Mais a-t-on besoin d’un type comme lui?
Au lieu de chercher le sauveur de Montréal à Ottawa, si on essayait plutôt de voir ceux qui travaillent déjà à réaliser l’avenir de Montréal…