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Plaidoyer pour le retour de la correspondance

Ralentir, avec une plume et du papier.

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Chez URBANIA, on aime beaucoup Jeanne et Patricia, les deux talentueuses touche-à-tout qui sont derrière le studio Bien à vous. Et on aime aussi beaucoup leur papeterie. Alors on leur a demandé de nous parler de l’acte d’écrire, de l’art de la correspondance. Qui ces jours-ci, confiné entre quatre murs, n’a pas envie de recevoir une douce lettre ou un petit mot griffonné avec affection?

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Ceci devrait être un plaidoyer, mais ce texte a involontairement pris la forme d’une histoire: la nôtre. Détour finalement inévitable quand on réalise que Bien à vous a été bâti sur une carte postale vierge, mais pleine de promesses.

C’est sans se connaître vraiment, en Californie, à la maison de Charles et Ray Eames, que notre amitié a débuté: au Souvenir Shop, on a chacune acheté quelques cartes sans destinataires précis. Quelques heures plus tard, longeant la plage de Pacific Palisades, on s’avouait malheureuses dans nos emplois respectifs, et une sorte de graine a germé. De retour à Montréal, sur les conseils de Patricia, je plongeais dans le gouffre du travail autonome et elle me suivit de peu. À force de se croiser et se recroiser, la même année, elle me proposa un projet commun de cartes de souhaits dans la foule du feu Alexandraplatz, et sans réfléchir plus loin que mon campari-soda, j’acceptai, à condition que notre future entreprise porte le nom effrontément courtois de «Bien à vous». La suite logique de quelque chose d’encore indistinct qui avait pris naissance à Los Angeles.

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Revenons d’ailleurs aux cartes postales de la maison Eames : elles trainent (encore) maintenant, sur les murs de notre bureau, sur nos frigos, dans nos boîtes à souvenirs, porteuses d’un moment qu’on ne savait pas encore décisif. Elles témoignent d’une rencontre: affichent sur une face des images réelles, mais portent en elles mille et unes images qui n’appartiennent qu’à nous. Le support physique qu’est la carte a ce pouvoir singulier, et on ne s’attarde pas encore aux subtiles beautés de la correspondance. Ce que je retiens en me rappelant cette journée, c’est la simplicité et la beauté du geste: un bout de carton pris au hasard qui commence une histoire, un bout de carton qui nous la raconte encore.

Au fil des années à imaginer ensemble de la papeterie, je réalise que nos rapports à la correspondance sont différents, mais tout aussi déterminants. Patricia est une collectionneuse de gestes attentionnés. À notre premier rendez-vous «business» , elle m’offrit un bouquet de fleurs sauvages qui trône encore, séché, sur une de mes tablettes. De la même manière, elle sème derrière elle depuis toujours une traînée d’innombrables cartes postales, au détour de ses voyages. Charmée par la combinaison parfaite de l’objet et de l’anecdote, elle épluche les boutiques de musées, scrute les timbres colorés des pays où elle voyage, expédie à tout vent des notes gribouillées en bas de page et des bisous à tous ses amis lointains.

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Ma relation à la correspondance est davantage ancrée dans le romantisme des échanges épistolaires et une certaine volonté d’archivage. Parmi mes lectures favorites siègent les lettres d’amour de Paul Éluard à Gala, celles, insoupçonnées et tendres, de Camus à l’actrice Maria Casares, ou à son grand ami René Char. Je relis inlassablement les échanges de Pauline Julien et Gérald Godin, en regrettant cette époque où certaines histoires d’amour et d’amitié laissaient derrière elles des pages et des pages témoins de leurs soubresauts. Alors que Patricia s’imprègne des couleurs des timbres et des images, je m’attarde aux courbes de la calligraphie d’un tel, aux lignes indéchiffrables qui ont jailli dans des élans que j’imagine plus purs que ceux qui émergent d’un clavier d’ordinateur.

Additionnés, ces deux rapports à la correspondance donnent un amour profond et complexe qui est derrière toutes les incarnations de Bien à vous. Ironiquement, ça faisait bien longtemps qu’on avait envie de l’écrire, et il a fallu un moment d’arrêt imposé, seules devant une page blanche, pour y arriver. Le voici donc le plaidoyer: faites donc pareil, le papier va bien au-delà des limites du confinement.

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Envie d’écrire sur de la papeterie locale? Visitez la boutique de Bien à vous!

Vous préférez envoyer des cartes virtuelles, Jeanne et Patricia vous ont préparé une magnifique carte à partager en story Instagram que vous pouvez télécharger ici.

Et comme une bonne nouvelle ne vient jamais seule, l’illustrateur Mathieu Dionne s’est joint à elles avec ce « je t’aime » à télécharger ici et à partager sans ménagement en story!

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