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Pierre Delorme, alias Monsieur drapeau

Par
Judith Lussier
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Il sillonne les rues de Montréal à bord de son quadriporteur bardé de drapeaux et armé de sa bonne humeur, un remède efficace contre ses nombreux bobos.

Êtes-vous un vendeur de drapeaux?
Non! Dans le Vieux Montréal, y a des gens qui m’agacent en me disant que j’ai pas de permis pour vendre des drapeaux, mais j’en vends pas. C’est juste un hobby. Mais si tu savais comment ça fait jaser!

C’est pour ça que vous en trimbalez autant?
Oui. Au départ, j’avais mis juste quelques petits drapeaux pour m’amuser. Les gens s’approchaient et me disaient «t’as pas mon pays». J’ai décidé que j’allais tous les avoir. Aujourd’hui, j’en ai à peu près 125. J’ai aussi celui des Olympiques et celui des Nations Unies.

Ça doit vous coûter un bras?
Les drapeaux, ils vendent ça cher aux touristes, mais moi j’ai des bargains parce que j’en achète beaucoup.

Êtiez-vous un fan de géographie à la base?
Pantoute! Quand j’étais petit, j’haïssais ça pour mourir. Collectionner les drapeaux, ça me permet d’apprendre. J’ai un cahier pour me rappeler quel pays va avec quel drapeau. C’est pas facile : rien qu’en Afrique, t’as 54 pays, et leurs drapeaux, c’est tout du vert, du jaune, et du rouge!

Qu’est-ce que vous aimez le plus de ce passe-temps?

Ça me pousse à sortir de chez nous et à rencontrer du monde. Je me promène en quadriporteur parce que je suis atteint de fibromyalgie, d’arthrose sévère et de douleur chronique. Je ne peux pas marcher longtemps, sinon les jambes me barrent. Dans mon quadriporteur, je me fais voir dans tous les quartiers, et ça me fait plaisir quand les gens reconnaissent leur drapeau. Je rencontre des Italiens à Saint-Léonard, des Haïtiens dans Montréal-Nord, des Grecs dans Parc-Extension, des Juifs dans Outremont et des Chinois dans le Chinatown. Je ne suis pas raciste, j’essaie de sympathiser avec tout le monde. Je suis même allé à la parade gaie même si je ne suis pas gai.

Comment faites-vous pour échanger avec ceux qui ne parlent pas français?

Quand c’est des gens d’ici, ça me choque un peu, mais avec les visiteurs, j’essaie de leur parler anglais même si je ne suis pas ben bon. Je leur demande toujours un petit mot dans leur langue. Les gens pensent que je suis sauté su’l couvert, mais ça me permet de faire des rencontres et d’apprendre toutes sortes d’affaires. J’ai appris comment dire bonjour en chinois : «Ni hao».

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