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À l’occasion du lancement de la campagne #Tousencrés, j’ai rencontré Pierre Chapelan, artiste tatoueur talentueux depuis 1993.
Petit question-réponse avec un Français qui a Montréal tatoué sur le cœur.
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Du membre de gang à la madame et son tatouage “En mode Salvail”, quel est le lien entre tous ceux qui décident de se faire tatouer aujourd’hui?
Quand on se fait tatouer, c’est souvent synonyme d’une forte personnalité. Ça prend une certaine forme de courage. Tu peux te faire tatouer pour sortir du moule, mais ça fait aussi en sorte que tu rentres en même temps dans la grande famille des tatoués.
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Le tatouage a-t-il le même niveau de signification pour chaque tatoué?
Il y a énormément de tatoués, et presque autant de tatouages différents. Je vais tatouer des gens aussi bien à l’occasion d’une naissance que d’un décès. C’est un peu un marque-page qui aide à définir qui on est. Mais ça peut aussi juste être un accessoire que l’on porte parce qu’il est beau. Après, il y a des gens qui vont se définir différemment, dans des tatouages plus heavy, plus visibles. On le voit de plus en plus.
Quel est le statut du tatouage aujourd’hui, selon toi?
Le tatouage a toujours eu des “ups and downs”. Certains rois d’Angleterre comme Georges V ou Édouard VII étaient tatoués. Puis, lorsque la “basse société”, les petits peuples et les marins ont eux aussi commencé à se faire tatouer, c’est devenu moins un signe de haute distinction et le tatouage est tombé dans les bas-fonds.
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Aujourd’hui, on est dans un up. On pourrait voir un docteur parler de tatouage avec un policier, ou un policier parler de tatouage avec un criminel. C’est la beauté de la chose, ça ouvre un véritable dialogue : on parle d’Art, et puis voilà. Pendant des centaines d’années, les gens tatoués étaient mal vus. Les mentalités ont évolué, mais le jeune qui a un mohawk, des Doc aux pieds et des tatouages, il peut encore être ignoré, repoussé, ou avoir du mal à trouver du travail. J’aimerais qu’on soit capables d’ouvrir notre esprit encore plus grand, et ne fermer la porte à personne.
Et la campagne?
Une grosse partie de la population est tatouée. On a eu l’idée d’utiliser leur point commun pour attirer leur attention sur un thème qui nous tient à cœur, à savoir combattre les préjugés à l’égard des jeunes en difficulté et saluer le travail des organismes Refuge des Jeunes de Montréal et Au Trait d’union de Québec. Pendant des années, les personnes tatouées ont vécu des préjugés, qui finissent aujourd’hui par être abolis. On veut en abolir d’autres en se montrant dans une campagne photo. On dit aux gens “puisque vous nous regardez, regardez aussi ce beau message”. Pour consulter le Instagram de la campagne, c’est par ici.
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Pour lire un autre reportage de Lucie Piqueur : “6 vies racontées à travers les tatouages”