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Peut-on encore draguer dans la rue ?

Par
Lucie Piqueur
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Les temps sont durs pour les célibataires ordinaires. On ne peut plus draguer dans la rue. J’imagine que c’est encore possible pour les célibataires-mannequin, les célibataires qui transportent un violoncelle sur leur dos et Guillaume Lemay-Thivierge… Mais pour nous, célibataires corrects sans plus, il est difficile de croire que ce millième coup de foudre incongru dans l’autobus de 7h52 va porter fruit.

Le temps de débattre la question dans votre tête : “Ça vaut-tu vraiment le coup de déranger quelqu’un pendant sa game de Candy Crush ? Est-ce acceptable de s’enfuir par la trappe de secours du plafond en cas de rejet ?”…que c’est déjà votre arrêt. Pas le temps de faire connaissance avec l’amour de votre vie : vous devez aller gagner votre vie.

J’ai demandé autour de moi, et ce ne fut pas long que les témoignages pleuvent dans le même sens :

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Des petits crush

“Des crush ? Ça m’arrive un matin sur deux dans le métro. C’est pourquoi je prends mon vélo le plus souvent possible.”

-Une fille aux mollets d’acier

Des gros crush

“J’ai longtemps eu un vrai beau crush sur une fille au cégep. Je lui ai parlé quelques fois, mais j’étais toujours très gêné de le faire. Je n’ai jamais eu le courage de lui avouer ce que je ressentais…

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Des années plus tard, je l’ai revue dans un bar. Nos regards se sont croisés…et encore une fois, j’ai choké. Mon cœur battait toujours aussi fort. Comment se faire à l’idée que j’ai peut-être manqué quelque chose d’important, simplement par manque de cran ?”

-Un gars instruit, mais esseulé

Des crush à l’autre bout du monde

“J’étais au Japon dans un bar à Tokyo et j’ai eu le coup de foudre pour une Japonaise. J’ai passé toute la soirée avec elle, mais j’ai choké parce que j’avais des doutes que c’était peut-être une escorte.

J’ai jamais su.”

-Un gars Lost in Translation

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Des crush en combines

“Je faisais du ski de fond seule. J’avais remarqué un homme grand et mince qui était parti quelques minutes avant moi. Les conditions étaient so so, et il n’y avait presque personne sur les pistes. À un moment donné, j’ai commencé à remarquer des messages écrits sur le bord de la piste : “Salut, ça va ?” “Comment se passe ta promenade ?”

Une fois rentrée à la station de ski, je retrouve l’homme remarqué plus tôt. On jase. Il a un joli accent anglais. Il est crissement grand. Il me parle des différents endroits où il fait du ski de fond. Il semble toujours en faire seul. Il m’offre un biscuit et me sourit.

Je jongle avec l’idée de lui laisser ma carte d’affaires et lui offrir de skier ensemble…mais au dernier moment, je renonce et m’en vais.

Depuis ce temps, je dis en joke que j’ai raté l’homme de ma vie.”

– Une fille qui a raté l’homme de sa vie, mais gagné un biscuit

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Des crush romantiques allemands

“C’était au début du siècle, en 2007 ou 2008. Assise sur un banc du métro, il y avait cette fille. Moderne avec ses jeans troués aux genoux et ses Stan Smith immaculés, cette inconnue appartenait à la race des femmes maniant parfaitement la virilité afin de mieux faire resplendir leur féminité. Elle était penchée sur une carte. Ses cheveux d’avalanche dorée masquaient son visage, mais elle irradiait le sublime. Je n’ai pas pu sentir son arôme, camouflée par l’odeur de mort en décomposition du presqu’itinérant assis à côté de moi.

Dans son sac, je remarque un livre de Goethe. Le paradis s’ouvre à moi. Elle est belle et elle lit Goethe. Cette combinaison est si rare.
Je me rappelle que j’ai une copie de Faust dans mon sac. Je le sors sans la quitter des yeux. Je mime une lecture. Elle ne me regarde pas. Je tousse. Elle se lève enfin les yeux. Elle me regarde. Je suis transporté dans un battement d’éternité. Elle me regarde! Je suis sur l’Olympe! Elle lève la tête. Je réalise qu’elle regarde la carte du réseau derrière moi. L’arrêt suivant est le sien (et du presqu’itinérant). C’est celui de tout le monde sauf moi.
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Elle me quitte sans m’avoir connu. Elle me quitte après que je l’eusse aimée d’un amour furtif entre Atwater et Berri. Je ne l’ai jamais revue.”
-Un gars qui souffre comme le jeune Werther

Des crush croches

“Je passais la journée à la Ronde avec un groupe d’amis, et c’est là que j’ai remarqué une fille absolument irrésistible. Elle portait une robe verte et elle avait les cheveux mauves, ce qui a peut-être aidé à attirer mon attention. On s’est croisés plusieurs fois durant la journée, et à un moment donné, on a même attendu en ligne pendant une heure à quelques mètres l’un de l’autre. La pression de mon groupe d’amis, en plus du fait que j’employais déjà tout mon courage à essayer d’avoir l’air brave dans les manèges, ont fait en sorte qu’à la fin de la journée, je suis rentré chez nous sans jamais avoir osé lui dire que je la trouvais belle. De toute façon, les filles ont beau triper sur The Notebook, dans la vraie vie, si un étranger vient les aborder nowhere dans un parc d’attractions pour les inviter à danser, je doute qu’elles aillent s’imaginer de belles histoires romantiques. Pour la fille aux cheveux mauves, je suis sûr que j’aurais juste été ‘un autre gars croche’ qui l’aborde aujourd’hui.”

-Pas Ryan Gosling

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Que faire ?

En fin de compte, sommes-nous condamnés à dater uniquement nos collègues et les amis de nos amis ? Passerons-nous éternellement à côté de l’amour à cause des catcallers qui ont ruiné pour tout le monde l’excitation de faire connaissance avec des inconnus ?

Au temps du numérique, la solution réside peut-être dans les applications mobiles. Happn en est une qui permet de retracer les personnes qui ont volé notre cœur en nous croisant dans la rue. “OMG. Ce gars-là vient-il vraiment de me faire un clin d’œil ? Ou bien est-ce qu’il avait juste un moucheron dans l’œil ?”

Si le gars en question a l’application, on peut enfin en avoir le cœur net.

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En réalité, à chaque fois qu’on croise un autre membre Happn dans la vraie vie, son profil apparaît sur la timeline. Après ça, si on s’aime mutuellement, on peut engager la conversation.

Étant donné que je croise l’amour 30 fois par jour, il est très probable que ma productivité baisse un peu ces jours-ci. Mais si c’est juste ça, le prix du romantisme, alors c’est correct.

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