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Petite histoire des personnages LGBTQ+ dans les jeux vidéo

Soldier 76 est loin d’être le premier personnage gai.

Par
Pier-Luc Ouellet
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Il y a quelques jours, les joueurs d’Overwatch apprenaient avec surprise que Soldier 76, l’un des personnages les plus populaires de la franchise de Blizzard, est homosexuel.

Vous me direz « c’est quoi que ça change que les personnages d’un jeu où tout le monde se tire dans face soit gai ou hétéro? », et vous n’aurez pas tort, mais Overwatch est un titre où les joueurs s’attachent beaucoup aux personnages, qui ont tous leur personnalité propre, et leur histoire.

Évidemment, cette révélation a créé beaucoup de remous. C’est de mieux en mieux, mais une frange des gamers demeure un brin misogyne/homophobe/raciste/pas ben smatte.

Pourtant, ce n’est pas la première fois qu’un personnage LGBTQ+ se retrouve dans un jeu vidéo.

Voici la petite histoire de la diversité sexuelle vidéoludique.

Birdo, une pionnière trans (ou presque)

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Vous connaissez probablement tous Birdo, la euh… patente (dino?) avec une longue bouche qui lance des œufs dans Mario 2.

Ce que peut-être moins de gens savent, c’est que Birdo est en fait une femme trans. Ou pas. C’est pas toujours clair.

Dans le manuel américain de la première édition de Super Mario Bros. 2, on mentionnait que Birdo est « un mâle qui pense être une femelle », et qu’elle préférerait donc se faire appeler Birdetta.

Mais dans la version japonaise, on dit simplement qu’elle s’appelle Catherine, sans mention de son ambiguïté de genre.

Puis, on fil des années, on alternera entre prêter un genre indéterminé au personnage, pour finalement lui attribuer un genre féminin. Elle est même présentée à l’occasion comme la partenaire de Yoshi, comme quoi Yoshi est woke AF.

Au final, malgré des débuts parfois maladroits, Birdo n’en demeure pas moins le premier personnage trans de l’histoire du jeu vidéo.

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Poison, une trans « accidentelle »

Poison a une histoire très compliquée, j’espère que vous êtes prêts.

Au début, le personnage a été conçu par ses développeurs japonais comme une femme cisgenre, qui devait affronter les héros dans le jeu Final Fight.

Par contre, alors que le titre était en processus d’adaptation pour l’Amérique du Nord, on a mentionné que ça passerait mal que les personnages jouables, des hommes, sacrent des volées à des femmes.

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Les développeurs de chez Capcom ont donc pensé à un compromis en faisant d’elle une « newhalf », un mot bizarre pour désigner une femme trans.

Ça n’a pas fonctionné, et on a finalement remplacé Poison par un ennemi masculin dans la version nord-américaine.

Peu importe, Poison était maintenant une femme trans.

Comme souvent, en fait, c’est un peu ambigu. On dit parfois qu’elle est pré-op, ou encore post-op. On en parle aussi comme un travesti par moment.

L’identité de genre, c’est pas chose simple, et il semblerait que ça soit particulièrement compliqué pour les développeurs de jeux.

C’est toi qui décides

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Puis, avec les années 2000, sont arrivés des jeux laissant plus de place aux décisions des joueurs. On a tous fait frencher deux madames en ricanant en jouant aux Sims. Avouez-le. On n’était pas ben ben matures.

Mais ce sont évidemment les jeux de rôles, basés sur l’idée d’incarner un personnage qu’on bâtit au fil de nos aventures, qui ont le plus permis d’incarner des personnages homosexuels ou bisexuels si le cœur nous en dit. Qu’on pense à la série Mass Effect, à Fallout New Vegas, à Dragon Age ou à la série Fable; les exemples sont nombreux.

Ellie, une nouvelle icône gaie

Mais si on pense à un personnage gai marquant dans le monde des jeux vidéo, impossible de ne pas penser à Ellie, la petite fille de The Last of Us.

Dans le premier jeu de la série, la sexualité d’Ellie n’est pas abordée. Après tout, elle a 14 ans et elle doit survivre à une terrifiante apocalypse de zombies, ça se peut qu’elle ait d’autres choses en tête.

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Puis, dans l’extension Left Behind, une scène nous montre Ellie embrassant son amie Riley, nous laissant croire qu’elle a au moins une attirance pour la gent féminine.

Neil Druckmann, l’auteur du scénario du jeu, a confirmé le tout, disant qu’Ellie est en effet lesbienne, même s’il préférait le montrer de façon sous-entendue et ne pas le souligner à gros trait.

Mais l’été dernier, on a eu droit à une bande-annonce pour The Last of Us II, et cette fois-ci, il n’y a pas de doute; Ellie est amoureuse d’une femme.

La sublime bande-annonce met en scène un moment qui a marqué l’imaginaire des joueurs : Ellie qui embrasse sa partenaire. Le baiser, magnifiquement mis en scène, est impressionnant pour deux raisons : d’une part, il est présenté avec une délicatesse et une sensibilité dans le monde parfois un peu grossier des jeux vidéo. D’autre part, faire s’embrasser deux personnages, c’est techniquement difficile. Avez-vous déjà remarqué comment les cheveux des personnages ont parfois tendance à rentrer dans leur tête? C’est que faire se toucher deux personnages de façon naturelle, c’est dur à faire à l’ordinateur.

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Une grande réussite technique ET pour la diversité sexuelle! Y’a de quoi célébrer.