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Petit guide d’introduction au vaporwave

Pour en connaître plus sur la véritable apothéose de la culture web!

Par
Mathieu Aubre
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Parce que dans la vie comme dans la musique, y’a pas juste deux genres, on a décidé de faire sortir de l’ombre certains genres musicaux plus obscurs ou douteux, pour le meilleur ou pour le pire. Aujourd’hui, on revisite le premier genre musical à constituer un meme à part entière : le vaporwave!

Avez-vous déjà fait une ride d’ascenseur en vous disant que le choix musical était bon et qu’il y avait clairement quelque chose à faire avec ça? Avez-vous déjà visité une épicerie en vous disant que ce que vous entendiez en ce royaume du consumérisme contemporain pouvait éventuellement tenir de l’Art avec un grand A? Si vous avez répondu non à ces questions, vous êtes probablement quelqu’un de normal, ouf! Dans le cas inverse, vous pourriez bien avoir le potentiel d’un producteur de vaporwave!

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La Genèse

Apparu au début des années 2010 sur la toile, le vaporwave est un sous-genre musical associé aux musiques électroniques. Ses caractéristiques principales? Une utilisation trafiquée de samples, ou d’échantillonnages dans la langue de PKP, de musique des années 80 ou de Muzak, souvent ralentie et bouclée. Ajoutez à cela des caractères japonais en abondance et, traditionnellement, une critique plus ou moins évidente de notre belle société de consommation. Pour l’info, Muzak est un terme un peu vague qui englobe tout ce qui se rapproche à la musique cheap d’ascenseur, comme le smooth jazz ou le New Age, produits dans un but commercial pur et dur. #themoreyouknow

Le résultat du mélange de toutes ces belles choses ressemble au final à un genre connexe et plus socialement acceptable, la chillwave, mais avec un taux d’ironie dans le tapis.

Les patriarches

Le premier album de vaporwave recensé et officiellement décrit en tant que tel varie selon les sources. L’hypothèse la plus vérifiable serait que Girlhood ait en quelque sorte inventé le genre avec son album Surfs Pure Heart, en mai 2011. Le terme vaporwave aurait alors été utilisé pour la première fois dans un cadre journalistique par le blogue Weed Temple, dans une critique parue quatre mois plus tard, en septembre.

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Presque au même moment, Laserdisc Vision, un des nombreux alias de l’artiste américaine Ramona Andra Xavier, dont on parlera à quelques reprises dans les lignes à venir, lançait son album New Dreams LTD. Vu le statut de l’artiste, on pourrait dire que c’est elle qui a réellement donné son air d’aller à un mouvement qui se préparait déjà depuis quelques mois de toute façon.

Les prophètes

C’est que certains artistes d’envergure avaient déjà préparé le terrain, artistiquement parlant. Ceux qui reviennent le plus souvent dans les témoignages consultés sont Daniel Lopatin aka Oneohtrix Point Never, travaillant alors sous le pseudonyme de Chuck Person, et James Ferraro, père philosophique du genre. Les deux artistes travaillaient alors dans les cadres oubliables et flous de la pop hypnagogique, mouvement musical se revendiquant de l’utilisation de symboles issus de la culture populaire, souvent jugés ringards, en musique actuelle.

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C’est aussi eux qui lanceront l’esthétique – ou AESTHETIC pour les vrais – souvent particulièrement laide associée au genre. Les sculpteurs gréco-romains les en remercient encore en se retournant dans leur tombe. Les artistes 3D, quant à eux, se trouvent enfin une utilité.

L’apothéose

Le genre prendra rapidement de l’ampleur sur des sites comme 4Chan ou Reddit, gagnant ainsi son statut de meme : une première pour un genre musical. Le point culminant de la vague sera atteint en décembre 2011, même pas six mois après son ”invention”, avec la sortie de フローラルの専門店 (Floral Shoppe) par Macintosh Plus, autre pseudo de Ramona Andra Xavier.

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L’album obtiendra dès sa sortie un statut culte auprès des afficionados de culture numérique, grâce à des samples particulièrement de bon goût de jeux vidéos et d’artistes comme Diana Ross, Sade ou encore Jamie Foxx. L’album se vaudra alors d’excellentes critiques dans la presse spécialisée, allant même jusqu’à se mériter une mention totalement inespérée dans le magazine Rolling Stone.

Ci-dessous : la toune la plus emblématique du genre.

La chute

Mais que nous reste-t-il aujourd’hui du vaporwave, moins de dix ans après son apparition? S’il est moins populaire qu’à son apogée de 2011-2012, le genre génère encore un buzz enviable sur les réseaux sociaux. Dernier meme en liste : la playlist Youtube fictive Lo-fi hip-hop anime chill beats to study and relax to, inspirée de nombre de listes de lecture qui contiennent pas mal de musique se rattachant de près ou de loin au vaporwave. Sinon, Bandcamp recense encore des sorties presque quotidiennes, alors que la J-Pop fait un retour en force dans le paysage musical numérique grâce à des artistes comme Yung Bae.

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Citons également la brève existence d’un sous sous-genre un peu random apparu et mort en 2016-2017 : la Simpsonwave, inspirée de l’oeuvre de Matt Groening. Et parce qu’on ne l’avait pas encore nommée assez souvent, Ramona Andra Xavier faisait encore pas mal de musique comme Vektroid jusqu’à la fin de 2017. Elle semble par contre sur le point de lancer un nouvel album, si l’on en croit cette fiable plateforme qu’est Facebook.

https://www.youtube.com/watch?v=G2WbB-Hd4EI

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Pour poursuivre la lecture, je vous recommande chaudement la lecture des trois articles suivants, paru chez nos collègues de Vice, Slate et Esquire, pour ceux qui sont à l’aise avec l’anglais. Sinon, la plupart des infos ici relatées proviennent du site Knowyourmeme, source inépuisable d’information pour tout ce qui concerne la culture web!

Le vaporwave en 5 albums

Finalement, voici les cinq parutions que tout amateur de vaporwave devrait avoir dans sa bibliothèque!

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Surfs Pure Heart, Girlhood, 2011

Floral Shoppe, Macintosh Plus, 2011

Hit Vibes, Saint Pepsi, 2013

新しい日の誕生, 2814, 2015