Parce que dans la vie comme dans la musique, y’a pas juste deux genres, on a décidé de faire sortir de l’ombre certains genres musicaux plus obscurs ou regrettables, pour le meilleur ou pour le pire. Aujourd’hui, on revisite un genre musical à part entière devenu en peu de temps un simple adjectif flou : le nightcore!
Toute personne ayant déjà toughé dans un after jusqu’à 5h du matin sur la speed ce sera passé la réflexion suivante : « me semble que la musique est pas assez rapide ici! » Et non, vous n’êtes pas seuls, fans de partys et de mauvaises habitudes de vie! C’est pourquoi certaines personnes à l’âme charitable et potentiellement plus artistique que vous ont inventé un genre musical vous permettant enfin de danser comme un déchaîné sans vous soucier d’un meilleur lendemain.
Une invention de mauvais goût
Et ce genre, on le doit à deux adolescents norvégiens. En 2002, DJ TNT et DJ SOS, de leurs vrais noms Thomas S. Nilse et Ojala Søderholm, composent une pièce de musique électronique inspirée de l’eurodance, qui sévissait encore à l’époque, dans le cadre d’un projet scolaire. Si la composition, aujourd’hui introuvable, ne leur vaudra qu ’un C, le reste passera à l’histoire. C’est que loin de se décourager de cette note somme toute correcte, le duo enregistrera la même année son premier album complet, Energized, avec comme nom d’artistes Nightcore. Voici la pochette du CD, qui témoigne d’un mauvais goût extrême.
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Donnant leur musique partout dans le monde, notamment grâce à la défunte plateforme de téléchargement LimeWire, le duo fait vite des petits. C’est que la musique plutôt dance et techno des Norvégiens commence à être utilisée dans divers vidéos d’anime sur YouTube, vu sa rapidité et son pitch élevé rappelant à certains la musique originale japonaise généralement associée à ce genre télévisuel. Peu à peu, d’autres producteurs commencent à reproduire le son original, mais dénaturant peu à peu les caractéristiques originales du genre, qui aura alors pris le nom de ses créateurs avec le temps.
Les détails techniques
Mais quelles sont-elles, ces caractéristiques? Le nightcore est un genre issu des musiques électroniques qui comptent généralement sur un tempo avoisinant les 160 à 180 battements par minute. Pour vous donner une idée, la musique house plus conventionnelle tourne plutôt autour du 100-120 bpm et le trap tend vers le 140. Ce qui en fait une musique extrêmement rapide. Et qui dit augmentation de tempo dit presque nécessairement augmentation du pitch, ou de la hauteur du son pour faire simple. De la vraie musique de boîte de nuit sketch donc.
Puisque n’importe qui peut facilement arriver à reproduire ce phénomène sans même avoir à créer de composition originale, la musique inventée par Nightcore ne tardera pas à perdre de son originalité. En 2006, des premiers « remixes » de musique eurodance surviennent sur le web. On a alors simplement accéléré des chansons déjà existantes. Vers 2011, le processus ne s’applique plus qu’aux musiques électroniques : on plaque la formule à n’importe quoi! Si certains puristes sont alors dégoûtés et crient à l’hérésie, d’autres se font un malin plaisir à travestir des chansons de tout horizon. Je suis d’ailleurs de ceux-là, alors que j’ai moi-même sorti plusieurs savoureux remixes nightcores dans les dernières années avec mon projet DJMA. Voici mon meilleur, à mon humble avis.
Un adjectif bien actuel
Aujourd’hui, une quinzaine d’années après sa première manifestation, le nightcore n’est plus réellement un style musical à proprement parler, mais plutôt un processus de création en soit. Toute chanson accélérée de 20 à 30%, en moyenne, peut se revendiquer du qualificatif. Les créateurs de musique nightcore sont aussi de plus en plus ciblés par les problèmes de droit d’auteur qu’ils soulèvent, n’utilisant que très rarement du matériel original. Pour cette raison, on ne trouve que très peu des pièces qui auront fondé le mouvement. Mais il reste encore des créateurs originaux se rapprochant du style original : notamment l’équipe derrière la pop star holographique Hatsune Miku, qui fait des ravages partout dans le monde.
Si le genre fait néanmoins face à une certaine perte de vitesse depuis 2016, il aura tout de même su inspirer le daycore entre temps. On fait ici tout simplement appel à un ralentissement plutôt qu’à une accélération. Voici d’ailleurs un remix daycore du groupe anglais Nero, qui aura toujours flirté avec la limite du brostep et du nightcore, pour vous donner une idée.
Pour poursuivre l’écoute… Non, en fait, faites pas ça, s’il vous plaît, pour votre bien-être mental! Anyway, comme il existe très peu d’albums complets ou de parutions qui durent longtemps sur les plateformes de streaming, je vous encourage tout simplement à chercher vos chansons préférées suivies du terme nightcore et vous allez probablement les trouver. Sinon, le site Nightcoremaker.com fait des miracles!