.jpg)
Petit guide d’interprétation des «likes» sur Facebook
Imaginez le topo: petite fin de soirée à la maison, un peu enivré au lit, téléphone à la main, vous parcourez le Facebook de quelqu’un pour analyser son profil et ses photos parce qu’on est tous un peu scèneux avec un verre dans le nez.
Catastrophe – vous accrochez le bouton «like» en regardant une vieille photo de profil de 2015.
Qu’est-ce que la personne va penser? Sait-elle seulement qui je suis? Est-ce qu’elle va croire qu’elle un admirateur secret? Est-ce que c’est comme un «booty call» moderne? Va-t-elle remarquer ma bévue à cette heure tardive?
Facebook est un royaume de nuances et d’interprétations.
Croyez-moi, vous n’êtes pas les seuls avec ces questions et ces angoisses. Ça fait partie de l’expérience Facebook – analyser les likes des gens sur notre profil et tenter d’envoyer des messages plus ou moins clairs avec nos likes sur le profil des autres.
C’est une science inexacte, très subjective et sans règles claires.
Ce n’est pas comme Tinder, par exemple, qui est construit sur une dichotomie claire: tu me plais ou tu ne me plais pas. Non, Facebook est un royaume de nuances, d’interprétations et d’utilisations personnalisées.
À chacun son Facebook.
Certains y sont pour le travail et le réseautage. D’autres pour se divertir, rencontrer de nouvelles personnes, entretenir leurs relations existantes. Il y a aussi la possibilité réelle de rencontrer l’amour, ou une partie de jambes en l’air, sur la plateforme. C’est aussi, souvent, le mélange d’un peu tout ça.
Un like sans conversation ne sera jamais un message limpide.
Une même fonction, liker un statut ou une photo, peut à la fois vouloir dire «j’ai envie de te voir nu près de moi» que «beau travail, ne lâche pas».
Alors – on s’y retrouve comment?
Je n’ai pas la prétention d’avoir des réponses adéquates pour tout le monde, mais j’ai les poches pleines de questions et je vais les partager avec vous, histoire de mieux s’y retrouver ensemble.
– Au sujet de l’intérêt émotif ou sexuel envers une personne sur Facebook, soyons clairs, un like sans conversation ne sera jamais un message limpide. Disons qu’une logique s’impose: dialoguer pour développer une relation, sinon c’est un peu étrange. Et si vous pensez que c’est romantique les nombreux likes consécutifs, vous avez peut-être trop regardé de comédies romantiques mal avisées.
– Quand quelqu’un poste une mauvaise nouvelle, est-ce qu’on like pour exprimer de la solidarité ou est-ce qu’on se retient pour ne pas avoir l’air de se réjouir de son malheur? Dans la même veine, doit-on utiliser le petit bonhomme triste ou celui qui est fâché? La ligne est mince entre la compassion et l’indignation.
Est-ce qu’il y a un maximum que l’on peut liker d’une même personne sans passer pour un dérangé?
– Liker les photos d’enfants semble un automatisme, c’est normal, on aime ça les enfants. Mais est-ce que c’est mal interprété quand on est sélectif avec nos likes, comme un désaveu de certains enfants ou de certaines actions d’un même enfant?
– En couple, est-ce qu’on like les photos d’une fille que l’on trouve jolie ou est-ce qu’on se garde un filtre de peur d’envoyer le mauvais message? Et célibataire, possible de liker une photo sans avoir l’air de se magasiner une soirée coquine?
– Parlant de photos qui nous allument plus, est-ce qu’il y a un maximum que l’on peut liker d’une même personne sans passer pour un dérangé qui espionne ses moindres faits et gestes?
– Est-ce que la fonction like devrait être verrouillée entre minuit et 5h00 du matin?
– Un collègue fait une blague de mauvais goût, on gère ça comment pour ne pas faire exploser la fragile diplomatie sur le lieu de travail?
– Liker un article avec un titre conçu pour récolter des clics (click-bait), est-ce que ça mériterait une suspension de quelques heures de votre compte Facebook?
Liker un commentaire, suis-je le seul à faire ça?
– On gère ça comment le Facebook d’une ex-fréquentation? On efface, on masque, on suit à distance ou on like à l’occasion des trucs anodins du genre «youpie, première terrasse de l’année»?
– Toujours au département des ex, est-ce qu’on filtre les anciens collègues qui nous tapaient un peu sur les rognons?
– L’ami d’un ami d’un ami, comment interprètera-t-il nos likes?
– Liker un commentaire, suis-je le seul à faire ça pour dire que dans le fond j’ai fait le tour de la conversation pis j’ai hâte que ça se termine?
Tellement de questions, un seul et même Facebook.
Le pire dans tout ça, c’est qu’on prête surement trop d’intentions à une action très éphémère et spontanée. Un like n’est pas l’aboutissement d’un plan réfléchi, c’est l’expression d’un instant précis, genre un battement d’aile de papillons qui peut (ou pas) altérer le déroulement de votre vie.
#Yolo pis toute.
Pour lire un autre texte de Stéphane Morneau: «Entretenir l’autofiction sur le web, c’est épuisant».