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Nous voilà à cette période de l’année où tout est plus magique. Celle où notre sérotonine décuple à la simple vue de flocons qui tournicotent à la lumière des lampadaires, celle où une simple lichée de chocolat chaud donne envie de sauver les enfants pauvres.
Mais cette période de l’année, c’est aussi celle où les mots « scuse », « je » pis « choke » sont les plus employés. Même quand la session est terminée et que les novices adultes québécois s’affranchissent de leurs responsabilités, y’en a toujours un ou deux ou trois qui réussissent à choker une coupe de partys de Noël.
100% des gens ont une plus grande propension à choker l’hiver.
Étant donné cette fâcheuse observation, je me suis penchée sur le phénomène en sondant quelques amis disparates représentant la populace québécoise. L’étude (hautement empirique) a relevé que 75% des québécois et québécoises se font choker au moins une fois par semaine. Et que 100% des gens ont une plus grande propension à choker l’hiver.
Que vous soyez un chokeur abonné ou un choké désabusé, voici le petit guide démystificateur du chokage, qui vous aidera à mieux comprendre les mois floconneux à venir.
À travers les années, on a tous assimilé ce que « choker » veut dire. Reculer, se désister, abandonner. Mais quand on regarde la définition anglophone, ça veut plutôt dire étrangler, étouffer, prendre à la gorge. Conséquemment, j’me dis que le premier gars qui a appliqué le mot ainsi et qui l’a même conjugué, il devait pas ben feeler.
La légende dit que ça s’est passé le 27 décembre 2008, où le gars en question devait se rendre à un souper-de-noël-potluck-échange-de-cadeaux-à-Longueuil-retrouvailles-avec-sa-cohorte-de-cégep-de-sciences-humaines. Mais il s’est jamais rendu. Il a téléphoné à l’organisatrice qui préparait l’événement (depuis octobre) et lui a explicitement lancé: « je viens pas, je choke ».
Deux hypothèses se sont déployées à la suite de son emploi du verbe choker :
1) Il voulait dire : « je feel choké, genre au sens figuré », parce qu’il se sentait étouffé d’avoir à se déplacer jusqu’à Longueuil (quand même) pour faire du small talk insipide (il avait de moins en moins d’affinités avec ses camarades).
2) Il voulait dire : « je vous choke en métaphore » sachant que son désistement allait contrarier ses camarades, au point tel qu’ils allaient se sentir serrés à la gorge, saisis et strangulés, d’avoir à passer leur traditionnel échange de cadeaux sans lui.
Que vous soyez un chokeur abonné ou un choké désabusé, voici le petit guide démystificateur du chokage.
Laquelle des deux hypothèses est la bonne? La légende ne l’a jamais dit. La légende ne nous a jamais informés non plus des raisons du chokage de Chuck (J’ai assumé qu’il s’appelait Chuck).
Chose certaine, son chokage a dû choquer (choker?) bien des gens de sa cohorte de science humaine. Si bien qu’ils se sont tous mis à proliférer l’expression à travers la province, jusqu’à ce qu’elle devienne coutume dans notre vocabulaire hebdomadaire. Et que les principaux concernés soient de plus en plus stigmatisés.
Mais qui sont ces chokeurs? Comment les reconnaître? Qu’est-ce qui les pousse à choker et surtout, comment s’y prennent-ils? Ces questions méritent d’être posées.
Voici donc l’aboutissement qualitatif de mon étude, à travers 5 types de chokeurs.
LES TYPES DE CHOKEURS : LE PARESSEUX
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C’est le type de chokeur le plus commun. Il ne ressent aucune culpabilité à te choker. Pire : si tu le chokes, il ressent plutôt du soulagement. Même si ses excuses sont souvent irrationnelles, il est toutefois honnête dans sa paresse et ça doit être pour ça que tu le relances chaque vendredi.
LE MENTEUR
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Le menteur c’est comme le paresseux, mais avec de la culpabilité. Il ne ressent aucun intérêt à assister à ton show expérimental, mais il a trop peur d’avoir l’air égoïste et élémentaire, alors il utilise le subterfuge. Si la tendance se maintient, tu vas bientôt arrêter de lui parler.
LA PERSONNE EN COUPLE
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On peut le confondre avec le paresseux qui s’est infatué du confort, ou avec le menteur qui romance ses excuses, mais la différence c’est que quand il est célibataire, c’est drôle, il est toujours présent!
L’ANXIEUX
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C’est le type de chokeur qu’on oublie, mais qui mérite d’être démystifié au grand jour. Il n’est pas paresseux et rarement en couple. Il aimerait te dire que ton événement l’angoisse, mais il a trop peur que tu le trouves lâche. Plus le nombre de personnes qu’il ne connaît pas est élevé, plus son risque de chokage sera important. Il a peur de se sentir esseulé parmi la foule, alors rassure-le.
L’OCCUPÉ
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Il est rare, mais il existe. Il est tout sauf paresseux. S’il ne vient pas, c’est réellement parce qu’il ne peut pas. S’il est malade, c’est réellement parce qu’il a trop donné ailleurs. Tu le relanceras après l’équinoxe.
SOLUTIONS POUR LES CHOKEURS
1- Évaluez l’importance de l’événement. Votre présence vous fera-t-elle plus souffrir que votre absence pour votre ami?
2- Avertissez à l’avance le conditionnel de votre présence. Moins il y a d’attentes, moins il y a de déceptions.
3- Soyez honnête. Une apparition furtive dans un story snapchat d’un ami commun est si vite arrivée…
4- Si vous êtes du type anxieux ou occupé, épluchez l’armature de vos réelles intentions de chokage au choké. Tentez de faire reconnaître vos états d’âme.
Quant aux chokés, ne vous tourmentez pas trop, vous aurez tout oublié une fois les premiers bourgeons éclos.
Pour lire un autre texte sur l’hiver et les possibles chokages: « Une date, l’hiver ».
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