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Petit guide d’autodéfense du métalleux

Soyez fiers d'être le cousin louche aux partys de famille.

Par
Benoît Lelièvre
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URBANIA et Unibroue avec leur bière métal, la «À tout le monde» s’associent pour vous aider à comprendre le métalleux dans votre vie.

Vous avez tous un métalleux dans votre vie.

Quelqu’un qui met des t-shirts noirs avec des logos illisibles dessus, porte les cheveux longs et écoute de la musique qui pourrait décaper les murs de votre maison si jouée à haut volume.

Le métalleux dans la vie de mes proches, c’est moi. Disons que je ne viens pas d’une famille métal et que la famille de ma blonde, malgré toutes ses magnifiques qualités, ne comprend pas vraiment mes intérêts musicaux. Fait que les calls plates, je les ai tous entendus. Je les ai même tellement entendus, que je leur réponds maintenant.

À quelques jours de la grand-messe d’Heavy MTL, je vous ai préparé un petit guide d’autodéfense contre les commentaires de marde afin que vous puissiez vivre votre passion pour la violence auditive.

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«Toi, là…est-ce que tu vénères le diable?»

Non.

Certains métalleux ont des croyances plus intenses que d’autres, mais c’est comme partout: y’a des gens qui sont membres d’une secte, des gens qui trippent nouvel âge, d’autres qui sont abonnés à maison Columbia, etc. C’est pas parce qu’on se réunit tous pour voir Slayer au centre Bell qu’on aime les messes noires et les sacrifices d’animaux de compagnie.

Satan, c’est le symbole universel de rébellion. C’est le premier à avoir dit «fuck you» au grand boss pour partir sa propre gang. C’est le Steve Jobs de la Bible. C’est ce symbolisme-là qui est important pour les métalleux. Quand vous en voyez un faire les cornes du diable avec ses doigts et hurler le refrain de Master of Puppets, n’appelez pas la police. Ne cachez pas vos nouveaux nés. Le métalleux veut juste vous dire qu’il vous haït, il haït tout ce que vous représentez et qu’il refuse d’être comme vous.

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«C’est juste du maudit grognage. On n’entend même pas les paroles.»

Le «death growl» ou le maudit grognage de sauvage, comme dirait mon père, c’est comme le whiskey avec un scorpion mort dedans. C’est pas pour tout le monde.

On aime passionnément ou ça nous donne des saignements internes, mais…

C’est pas juste du maudit grognage. Les initiés (et le monde qui se donnent la peine d’essayer) peuvent même différencier trois types de technique vocales: le death growl classique, le black metal shriek et le pitschshifted growl. Les trois on leur spécificités particulières qui font leur charme.

Le death growl classique

C’est grave, gras et fâché noir. C’est pour les groupes de death métal fâchés, mais qui ont quelque chose à dire.

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Le black metal shriek

Perçant, aigu. Une technique qui communique d’abord l’angoisse et la souffrance. La preuve qu’on est pas juste en criss, les métalleux.

Le pitschshifted growl

C’est pour les groupes qui se crissent des paroles et/ou qui veulent pas qu’on les comprennent. Le 2e chanteur de Last Days of Humanity Bart Bouwmans a déjà affirmé en entrevue qu’en spectacle, il oubliait rapidement les paroles et qu’il chantait «pee pee» et «poo poo» sans que personne ne s’en rende compte. Celui-là, ça ne prends pas nécessairement de talent pour le chanter, juste le bon équipement pour modifier sa voix.

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Et pourquoi on trippe sur ces techniques vocales, au juste? Je sais pas trop. Parce que ça fait démoniaque, je suppose. Le métal est un style de musique très théâtral grâce auquel il fait bon s’extérioriser. Essayez de pousser un p’tit death growl tout seul, chez vous. Vous allez peut-être sonner comme un sphincter de chameau, mais vous verrez. Ça fait du bien.

«C’est juste une phase.»

Ce call-là, c’est le pire.

Parce qu’il vient souvent de parents condescendants qui pensent que s’ils ignorent les goûts musicaux de leur progéniture, ça va passer. Ça nous fait sentir comme si on était anormal et rendu à un certain âge, on doute aussi. Quand je suis arrivé à l’âge adulte, je me suis mis à tripper sur plein de styles de musique différent: le lounge, le trip-hop, les chanteurs à voix à la Leonard Cohen. Là, j’me suis mis à penser que mes parents avaient peut-être raison.

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Et puis, un jour en préparant le souper, ma playlist Spotify a joué Bloodline de Slayer et avant même que je comprenne ce qui m’arrive, j’ai pris une cuillère en bois et j’ai regardé mon chien dans les yeux en hurlant:

I SMELL OF DEATH

I REEK OF HATE

I WILL LIVE FOREEEVEEEEEEER

Nonobstant le manque de réaction de mon pitou, c’est là que je me suis rendu compte que le métal. C’est pas une phase. Comme disait Rob Zombie: «Personne ne vous dira, j’ai trippé fort sur Slayer pendant un été.» Peu importe l’âge, c’est quelque chose qui vous accroche aux trippes et qui provoque des réactions viscérales et passionnées. C’est de la musique pour le monde qui ne fit pas dans un moule prédéfini. Si vous êtes métalleux, vous n’allez probablement jamais fitter, mais pourrez compter sur cet exutoire émotif jusqu’au centre de jour.

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«T’es tellement doux, on croirait jamais ça de toi.»

Ah, fuck off.

Non seulement, la personne qui vous dit ça ne vous connaît pas, mais elle se fait une idée de vous qui n’est clairement pas la bonne. Le propre d’un métalleux, c’est de laisse libre cours à sa violence avec des étrangers qui partagent la même passion, dans l’environnement contrôlé du mosh pit, cet endroit maudit de Dieu qui terrifie tous les parents et les fans de Twenty-One Pilots.

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Normalement, je vous dirais de mettre votre poing dans la face de quiconque vous fait ce call-là, mais ça pourrait renforcer d’autres stéréotypes nocifs sur les métalleux. Un bon doigt d’honneur fera l’affaire. Quelqu’un qui vous dit ça, sachant très bien que vous écoutez obsessivement The Somberlain de Dissection depuis trois ans, ne mérite pas sa place dans votre vie. Cette personne-là se crisse de vous et de comment vous vous sentez.

«Five Finger Death Punch, j’trouve ça pas pire.»

* mic drop *

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Non, sérieux. Y’a deux genre de personnes qui aiment Five Finger Death Punch: les douchebags qui passent trop de temps au gym et ceux qui aimeraient être des douchebags qui passent trop de temps au gym, mais qui sont trop paresseux pour le faire. Arrêtez de leur donner de l’argent, pour l’amour.
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